Voici l’histoire d’un citoyen britannique, Nicholas Winton, qui cinquante ans après avoir sauvé des centaines de petits enfants juifs de la folie meurtrière des nazis à Prague, s’est retrouvé sur un plateau de télévision, entouré de 80 de ses protégés, devenus des adultes.
Nous sommes en décembre 1938, à la veille de la seconde guerre mondiale. Un jeune courtier britannique, Nicholas Winton, s’apprête à partir en vacances en Suisse, quand il est contacté par son ami Martin Blake.
“Je suis à Prague. J’ai une tâche des plus importantes à accomplir et j’ai besoin de ton aide. Pas besoin d’apporter tes skis.»
Sans l’ombre d’une hésitation, Nicholas répond à l’appel de son ami et se rend à Prague.
Une fois sur place, il découvre qu’il a échangé ses vacances de neige contre une invitation à visiter et à travailler dans un camp de réfugiés… En effet, après l’annexion par les Allemands de la partie occidentale de la Tchécoslovaquie, les nazis déportèrent des milliers de Juifs et des opposants politiques originaires de la région des Sudètes et les enfermèrent dans des camps à Prague et ses environs.
Nicholas Winton se sent concerné par la situation de ces réfugiés dans les camps, et en particulier par celle des enfants. Autour de lui, tout le monde répétait : «mais, quelle guerre ?» … «Vous verrez, il n’y aura pas de guerre… !». Nicholas, toutefois, avait un mauvais pressentiment, il était persuadé que bientôt l’occupation allemande allait s’étendre sur toute la Tchécoslovaquie et qu’il fallait agir très, très vite pour sauver ces enfants.
Des récits effrayants circulaient sur la terrible Nuit de Cristal, la nuit des vitres brisées, au cours de laquelle les nazis allemand lancèrent une série d’attaques violentes contre les Juifs allemands et autrichiens. Ils étaient encore tout frais dans sa mémoire. Non, il ne pouvait tout simplement pas accepter que cela se reproduise, non pas dans ce camp, non pas avec ces enfants !
Commença alors l’opération “Czech Kinderstransport”. Durant les neuf mois qui suivirent sa visite de ce camp, et en collaboration avec d’autres volontaires, il se dépensa sans compter pour lever des fonds, organiser des convois, faire sortir les enfants de Prague, et trouver des familles d’accueil pour ces «669 petits enfants».
Au fil des mois, sachant que le temps pressait, Nicholas devint de plus en plus inquiet et énervé par la lenteur des procédures d’accueil, et il se mit a fabriquer de faux papiers. Il le justifia en déclarant : «Nous n’avons fait venir personne illégalement. Nous avons juste accéléré la procédure.»
Finalement, l’évacuation des enfants put commencer. Ils embarquèrent dans huit trains. Le voyage les conduisit à travers l’Allemagne et la Hollande, puis en bateau jusqu’en Angleterre et à nouveau en train jusqu’à Londres, où ils rejoignirent leurs nouvelles familles.
Hélas, le dernier train, prévu pour l’évacuation des 251 derniers enfants du camp, devait quitter Prague le 1er septembre 1939, date fatidique, car ce fut le jour où l’Allemagne envahit la Pologne. Toutes les frontières contrôlées par les nazis furent fermées. Après deux heures d’attente, la Gestapo donna l’ordre aux machinistes de partir vers une destination inconnue. Plus personne ne revit jamais ces enfants. La vision, qui hanta Nicholas tout au long de sa vie, depuis ce jour, fut l’image des ces 251 enfants joyeux, qui trépignaient d’impatience dans cette gare de Prague, dans l’attente d’embarquer sur ce train de la liberté, qui s’avéra malheureusement être celui, qui les conduisit vers un camp de la mort.
Deux cent cinquante familles attendirent en vain leurs petits protégés à la gare de Liverpool Street à Londres. Si seulement le train avait pu quitter Prague juste un jour plus tôt, ces 251 enfants auraient été sauvés.
«Nous n’avons jamais plus entendu parler d’un seul de ces enfants» déclara un jour Nicholas Winton que ce terrible sentiment d’échec ne quitta plus.
Cet homme courageux mais d’une grande modestie fit le choix de se taire et ne parla jamais à personne de son rôle dans l’opération « Czech Kindertransport ». Jusqu’au jour où, cinquante ans plus tard, sa femme trouva, dans une valise au grenier, son album-souvenir, une liste de noms d’enfants et des journaux.
En 1988, Nicholas Winton fut encouragé par ses amis et sa famille à assister à un show télévisé de la BBC, intitulé « That’s life » pour y raconter l’histoire de l’opération « Czech Kindertransport ».
A son insu, assis dans le public, quatre-vingt de ses « petits enfants » comme il les appelait encore, devenus des adultes d’un certain âge, l’entouraient, pour lui rendre hommage, les yeux humides d’émotion.
Il apprit ainsi que certains des enfants, sauvés grâce à son courage et à son dévouement, qui se définissaient eux-mêmes comme «les enfants de Winton», étaient devenus des personnages célèbres, notamment aux USA et en Grande Bretagne :
- Karel Reisz, le célèbre réalisateur britannique (La femme du lieutenant français, Isadora, Doux Rêves)
- Joe Schlesinger, journaliste canadien et correspondant de CBC
- Lord Alfred Dubs, (ex ministre de Blair)
- Lady Milena Grenfell-Baines (mécène des Arts, dont le père Rudolf Fleischmann sauva Thomas Mann des griffes nazies)
- Dagmar Simova (une cousine de l’ex Secrétaire d’Etat Madeleine Albright)
- Tom Schrecker (un Directeur du Reader’s Digest)
- Hugo Marom ( un réputé consultant en aéronautique et l’un des fondateurs de la Force aérienne israélienne (Israeli Air Force)
- Vera Gissing (auteur du livre « Pearls of Childhood » (les perles de l’enfance) et co-auteur du livre « Nicholas Winton and the Rescued Generation » (Nicholas Winton et la Génération sauvée)
Un documentaire sur l’opération « Cezch Kindertranspor » fut tourné en 2002 par une réalisateur de Prague. Il mit en lumière le rôle héroïque de Winton, surnommé depuis le Schindler de Prague, dans le sauvetage des enfants. Ce film intitulé «La Puissance du Bien» (The Power of Good) reçut un Emmy Award. Le narrateur du film était l’un des «enfants» de Winton, Joe Schlesinger.
Nicholas Winton reçut une lettre de remerciement de feu Ezer Weizman, ancien président d’Israël. Il fut nommé Citoyen d’Honneur de Prague.
En 1993, il fut décoré de l’Ordre de l’Empire britannique par la Reine d’Angleterre, et le 31 décembre 2002, Elizabeth II lui conféra le titre de Chevalier pour services rendus à l’Humanité.
Sir Nicholas Winton, aujourd’hui âgé de 104 ans, vit dans sa maison à Maidenhead.
Il porte toujours la bague, qui lui fut offerte par certains de «ses petits enfants».
A l’intérieur de cette bague se trouve gravée une phrase du Talmud :
«Celui qui sauve une seule vie, sauve le monde entier»
C’est l’histoire d’un homme ordinaire, un Homme de Bien, qui, un soir de décembre 1938, répondit, tout simplement, à l’appel d’un ami … et se mit au service d’une cause, parmi les plus justes, d’une cause, parmi les plus nobles : sauver la vie d’enfants en danger.
Nicholas Winton fait partie de ces êtres exceptionnels, qui redonnent foi en l’humanité illuminent et réchauffent ainsi nos cœurs sans cesse glacés par la sinistre farandole de l’horreur, de la cruauté, de l’injustice, et de la méchanceté.
Merci à vous Sir Nicholas Winton !
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Rosaly pour Dreuz.info.
http://restoring-sanity.org/2013/11/man-rescued-jewish-kids-nazis-doesnt-know-yet-hes-sitting/ par Tiffany Willis (librement traduit et adapté par Rosaly)
magnifique ! :heart:
Un Grand Merci Sir WINTON !
Nicholas Winton n’a pas été fait Juste parmi les nations par le mémorial Yad Vashem car il a lui-même une ascendance juive.
Winton was born in Hampstead, London to parents of German Jewish origin who had moved there in 1907.[4] The family name was Wertheim, but they subsequently changed it to Winton in an effort at integration.[5]
The family eventually converted to Christianity,
Merci Caroline pour ces informations complémentaires.
j’allais poser la question !
mais ascendance, ne veut pas dire grand-chose.
il l’est ou pas?
regarde sur WKI en anglais , plus d’infos qu’en français .
c’est très moche, mais c’est beau
je ne connaissais pas cette histoire : merci.
tant qu’il y aura des Hommes comme cela ..
Extraordinaire, fabuleux !
Je ne peux que m’incliner.
les mots me manque quel grand homme
“dépenser sans compter” …. Le judaïsme valorise l’argent et la richesse (quand bien sûr leur utilisation est bonne) !
Sans moyens financiers comme le prônent certains adaptes de la pauvreté, aucune opération de ce genre ne pourrait jamais être montée …
ceux qui prétendent ne pas aimer les riches ne vivent pas sous les ponts
ils vivent sous les or de la république :deadrose:
Des circonstances terribles , mais une belle histoire de vertu et de courage .
j’ai vu le reportage diffusé sur la BBC, N.Winton n’a pas l’impression d’avoir fait une action exceptionnelle , il dit avoir fait son devoir sauver des enfants .
Merci Rosaly pour cet article.
J’ai vu cette émission à la télévision il y a déjà quelques années, et j’ai été très émue par la modestie de cet homme, par son courage.
elle est passée sur la BBC , on a enregistré pendant mon abscence , je vais la regarder
c’est bouleversant et cela permet de garder confiance dans l’humanité.
104 ans ! Heureusement, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui partent les premiers ! Sir Winton, I wish you many, many happy golden yearsl
Pardon, I meant: Sir Nicholas.
PS: Dreuz, votre annulation de commentaire ne fonctionne décidément pas.
je l’ai déjà signalé.
ppffftttttt….. 🙁
alright Rosaly, you’ve done it now. I am in tears.
Thank you for sharing.
I am sorry Annika, if it made you cry but you are not alone, my eyes were also full of tears , when I first read this story. My thoughts went to those children , who never arrived in Great Britain, only because of one day delay … only because some “men” decided so, instead of listening to their heart, (if any) and show a little bit of humanity in allowing the train, full of innocent children, to leave towards freedom,
towards life.
I guess I will never understand, how some human beings can be so deeply evil minded.
Best greetings!
Merci à lui et merci pour l’article.
superbe ! c’est un saint homme Mr Winton.. :heart:
le vie des enfants et des adultes est précieuse .. merci de les avoir sauver des griffes des nazis … :heart:
merci Rosaly pour cet article émouvant ..
un tres grand homme
Merci à vous tous qui avez été touchés par l’histoire de cet Homme de Bien, si belle et si triste à la fois. :heart:
Dans la fange du Mal, surgit parfois une Source d’eau cristalline, qui étincelle au soleil. Sir Winton est l’une de ses sources, si précieuses pour l’Humanité.
Rosaly
Quel bienheureux on doit être quand on a pris de tels risques pour sauver des enfants !
Qu’il soit béni, ce héros, et qu’il devienne une inspiration pour nous tous.
“béni ce héro” , ce sont vos propos que je ne comprends pas , ceux qui ont agient l’on fait pour pouvoir se regarder dans le miroire sans avoir honte .
Sa famille se convertie au christianisme et lui sauve des centaines de Juifs! Wow, c beau le destin…
hier soir je suis tombée sur un reportage : “le miracle du silence”
j’ai trouvé aussi ce lien : http://lesamitiesdelaresistance.fr/lien16-chambon.php
3500 enfants juifs ont été sauvés grace à l’acharnement et à la déterminations des habitants des villageois du plateau du Chambonnais qui mené par leur pasteur ont décidé de resister à l’abomination des lois de Vichy . Pour ces protestants descendants des huguenots les juifs sont le peuple du livre . Quand la préfecture envoie des gendarmes dans le villages, les enfants ont été éloignés , ils ne trouvent personnes à raffler . Outre les enfants juifs, les villageois ont caché des réfractaires au travail obligatoire, des résistants français et etrangers (espagnols) .
seuls sont sacrés les êtres qui vous aident et qui vous guerissent
et non pas ceux qui prient et qui vous bennissent
(Confusius)
Sans aller jusqu’au sauvetage de Juifs, je vous conseille de lire le livre intitulé “Amis des Juifs : Les résistants aux étoiles, de Cédric Gruat et Cécile Leblanc “, livre poignant également.
Il raconte le parcours de ces Français de tous les jours, qui lors de la Loi imposant aux Juifs de porter l’étoile Jaune, ont décidé eux aussi d porter l’Etoile bien que n’étant pas Juifs.