Publié par Michel Garroté le 13 décembre 2013

 

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Michel Garroté, réd en chef  –-  Le Front National vient d’obtenir de la justice l’interdiction d’un ouvrage, “Le Front National des villes et le Front National des champs”, qui portait atteinte à la vie privée de deux de ses dirigeants (extraits adaptés ; source en bas de page). Une décision rarissime. Assigné en référé par deux dirigeants du Front National, l’éditeur Jacob Duvernet va devoir retirer de la vente l’ouvrage “Le Front National des villes et le Front National des champs”.

Une plainte pour atteinte à la vie privée avait été déposée hier soir contre l’ouvrage d’Octave Nitkowski, paru ce jeudi 12 décembre, aux Editions Jacob-Duvernet. Statuant en référé ce même jour, le tribunal de grande instance de Paris a interdit la publication du livre, sous astreinte de 10.000 euros par exemplaire, tant qu’il n’aura pas été expurgé de quatre passages litigieux.

Le Front National reprochait à cet ouvrage de dévoiler la vie privée de deux de ses hauts dirigeants et demandait l’interdiction de la publication. Ecrit par un jeune auteur de 17 ans, ce pamphlet de deux cent pages est le premier tome d’une trilogie sur la vie politique française intitulée “la France perd le Nord”. 

Octave Nitkowski y décrypte, notamment, comment Hénin Beaumont constitue le laboratoire du parti de Marine Le Pen. Résidant à Hénin-Beaumont, l’auteur avait tenu un blog pendant les législatives de 2012. ” Mon but, c’est de comprendre pourquoi le Front National progresse “. “La censure revient. Nous estimons que tout ce qui est dans ce livre relève de l’intérêt général”, estime Luc Jacob-Duvernet qui compte faire appel (fin des extraits adaptés ; source en bas de page).

“S’ils m’attaquent pour atteinte à la vie privée, on en parlera encore plus…” (extraits adaptés ; source en bas de page). A 17 ans, Octave Nitkowski connaît déjà bien les rouages des médias. A peine son livre sorti, Le Front National des villes et le Front National des Champs, deux membres du parti dont il révèle l’homosexualité l’ont trainé devant les tribunaux. Et, fait rarissime, ont obtenu gain de cause. DSK, dont la liaison avait été exposée de manière très crue dans Belle et Bête de Marcella Iacub, n’avait pas réussi à obtenir l’interdiction du livre.

Mais l’adolescent se défend d’avoir simplement voulu faire parler de son ouvrage: révéler ces détails de la vie privée permettait d’éclairer la gêne de Marine Le Pen lors du débat sur le mariage pour tous. C’est d’ailleurs parce que ces révélations font sens politiquement, selon lui, qu’il compte faire appel de cette décision.

Les médias et la politique, Octave est tombé dedans à l’âge où ses camarades de classe lisaient Harry Potter. A 10 ans, il demande à ses parents de l’abonner au Canard Enchaîné. Puis, la même année, d’observer le dépouillement des bulletins de vote pour la présidentielle de 2007, confie son père à Libération. Lorsqu’il visite Paris à 11 ans, ce natif d’Hénin-Beaumont assiste à une séance des questions au gouvernement. Dès lors, ouvrir un blog politique à 15 ans, plutôt qu’un compte Facebook – il n’y voit aucun intérêt – est tout ce qu’il y a de plus logique.

Son premier billet, il l’écrit après la chute du maire socialiste d’Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville, accusé de corruption. Mais ce sont ses posts sur le Front National qui le font connaître, pendant la campagne présidentielle d’abord, puis lors des législatives et de l’affrontement Le Pen-Mélenchon. Il fait ses interviews à la sortie du lycée, est invité à livrer son analyse pendant les débats et se paye même le luxe de sortir le scoop sur les faux tracts du FN. Son blog est rapidement hébergé par Libération.

Rien ne le prédisposait à devenir ce que la presse appelle “un blogueur influent”. Au moment des législatives, il est en première dans un lycée classé en ZEP à Hénin-Beaumont. Sa culture politique, il se la forge seul: ses parents ne n’y intéressent pas. Sa mère est orthophoniste; son père, fils de mineur immigré polonais, est traiteur. Octave écrit son livre l’été dernier, avant d’intégrer un double cursus, histoire à la Sorbonne et première année à Sciences Po.

Il jouit désormais d’un statut d’expert de la vie politique à Hénin-Beaumont, un laboratoire pour le Front National. A tel point que son éditeur, Jacob-Duvernet, a décidé de le faire poser devant un terril – couleur locale oblige – sur la couverture de son livre. Le jeune homme est une “gueule”, rasé à blanc à cause d’une maladie auto-immune qui lui a fait perdre ses cheveux par plaques entières, yeux noirs perçants et peau laiteuse.

Plus tard, il veut devenir diplomate. En attendant, il multiplie les allers-retours entre Paris et Hénin-Beaumont. “J’ai besoin de revenir une fois par semaine. Sinon, c’est trop dur”, confie-t-il à 20 minutes. D’autant que les municipales approchent à grands pas. Difficile dans ce contexte d’apporter du crédit à la première phrase de son livre, une reprise de la célèbre citation de Rimbaud: “On n’est pas sérieux quand on a 17 ans” (fin des extraits adaptés ; source en bas de page).

C’est sans doute sa voix qui le résume le mieux (extraits adaptés ; source en bas de page). Octave Nitkowski parle à toute vitesse, se permettant même d’avaler quelques mots au passage sans jamais se départir de cette pointe d’accent ch’ti qui le caractérise. Le jeune homme est comme ça. Il va vite. Très vite même. Et il ramène souvent sa pensée à ce qui se passe sur sa terre natale d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).

A 17 ans, ce petit-fils de mineur immigré polonais publie ce jeudi son premier essai politique aux éditions Jacob-Duvernet. Le titre – Le Front national des villes et le Front national des champs – barre la couverture, sur laquelle il pose, fier comme Artaban, devant un terril. Ciel bas et gris, bien sûr. « L’éditeur m’a dit que ma tête commençait à être connue. Il a décidé de mettre ma photo en couverture », rigole-t-il.

Crâne luisant posé sur une grande carcasse, Octave commence à avoir une « gueule célèbre ». La faute à cette maladie auto-immune qui, depuis l’âge de sept ans, lui enlève les cheveux par plaques entières. Pendant longtemps, il s’est abrité derrière un couvre-chef. Finalement, deux semaines avant le bac français, il a tout rasé. Comme une façon de s’affirmer.

Pour ouvrir son livre, il a choisi une citation d’Arthur Rimbaud : « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans ». Il pense forcément l’inverse pour rédiger, en guise de « loisir », en un été, un essai politique à l’heure où les jeunes de son âge discutent plus facilement de Nabilla sur la plage. « Mon idée est de démontrer comment le Nord-Pas-de-Calais sert de laboratoire aux formations politiques », résume-t-il sérieusement. Le premier tome est donc consacré au Front national. Un second, sur le PS, devrait suivre au printemps.

C’est d’ailleurs, d’une certaine manière, grâce aux socialistes qu’il se retrouve aujourd’hui en tête de gondole. Blogueur repéré par Libération lors du duel Le Pen-Mélenchon, il a aussi assisté à la chute de Gérard Dallongeville. Condamné à trois ans de prison ferme pour « détournement de fonds », l’ancien maire (PS) d’Hénin-Beaumont a voulu livrer sa vérité dans un livre intitulé Rose Mafia. C’était aux éditions…Jacob-Duvernet. « Je voulais faire un article là-dessus sur mon blog. J’ai donc appelé la maison d’édition pour savoir combien d’exemplaires avaient été vendus à Hénin-Beaumont ». Surpris par l’intérêt de la question, qu’aucun journaliste n’avait jusqu’alors posée, l’éditeur lui propose alors d’écrire à son tour.

Front national et jeune blogueur de 17 ans : tout ça fleure bon le coup marketing. Il n’en est rien. S’il enfonce quelques portes ouvertes, le livre de ce jeune abonné au Canard enchaîné depuis ses dix ans livre une analyse fine et froide de la greffe Le Pen à Hénin-Beaumont. Indispensable à quelques mois des élections municipales, où l’on prédit la victoire du parti d’extrême droite.

Au passage, Octave Nitkowski se permet même de révéler des détails sur la vie privée de deux membres du parti pour expliquer l’embarras de Marine Le Pen lors du débat sur le mariage pour tous. Là encore, c’est très réfléchi. « Cela a du sens politiquement. Et puis, s’ils m’attaquent pour atteinte à la vie privée, on en parlera encore plus ».

En attendant, Octave ne compte pas changer ses habitudes. Ce week-end, il quittera Paris, où il suit un double cursus histoire à la Sorbonne-première année à Sciences Po, pour se ressourcer dans son cocon héninois. « J’ai besoin de revenir une fois par semaine. Sinon, c’est trop dur », confie-t-il. Un attachement sur lequel il devra travailler, lui qui ambitionne de travailler dans les relations internationales. A moins qu’il ne se lance en politique ? « Je suis trop jeune pour la politique aujourd’hui. Mais un jour peut-être » (fin des extraits adaptés ; source en bas de page).

Reproduction autorisée avec mention :

M. Garroté réd chef www.dreuz.info

Sources :

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/un-livre-pamphlet-sur-le-front-national-interdit-par-la-justice_1307256.html

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/octave-nitkowski-l-ado-qui-fait-trembler-le-fn_1307351.html

http://www.20minutes.fr/societe/1262565-20131212-17-ans-octave-nitkowski-publie-premier-essai-politique-front-national

   

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