Publié par Guy Millière le 21 décembre 2013

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Cela ne se dit pas en France, je sais, ou cela se dit fort peu. Mais nous sommes en train d’assister à un changement planétaire d’une importance majeure. Comme je l’anticipais depuis l’élection de Barack Obama en 2008, et comme je l’anticipais davantage encore depuis la réélection de celui-ci, qui m’est apparue comme bien davantage qu’un cataclysme, les Etats Unis se retirent de la surface du monde.

Non seulement les coupes dans les budgets militaires décidées année après année par l’administration Obama fait que la supériorité stratégique de l’armée américaine, qui lui conférait une puissance hégémonique s’érode, mais l’endettement du pays, qui le mène vers une situation préoccupante, et qui est un endettement délibéré, mené aux fins de faire glisser les Etats-Unis dans la direction d’un socialisme à l’européenne, rend celui-ci dépendant de ceux qui lui font crédit, et lui interdit de mener des opérations extérieures coûteuses.

S’ajoute à cela la politique étrangère menée par l’administration Obama : les capacités américaines d’endiguement de la Chine montrent nettement des faiblesses, et il est clair que la Chine va tout faire pour s’emparer d’îles au large du Japon ou des Philippines pour accroître ses eaux territoriales et prendre le contrôle de routes maritimes et aériennes cruciales pour les autres économies asiatiques. Le « nouveau départ » promis par Obama grâce à l’action d’intermédiaire de Hillary Clinton se traduit cinq ans après par une réaffirmation de la puissance russe sur l’Europe centrale et sur l’Ukraine, ainsi que par des avancées russes majeures au Proche-Orient. L’Europe occidentale elle-même, l’Allemagne tout particulièrement, se rapproche de la Russie et en dépend pour ses fournitures énergétiques.

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Ce qui se trame avec l’Iran depuis la lamentable comédie de Genève il y a quelques semaines n’est que la continuation de ce que je viens d’écrire. Barack Obama, je l’ai déjà noté, voulait un monde musulman sunnite aux mains des Frères musulmans. Il voulait un rapprochement avec la république islamique d’Iran. Après avoir semblé opter pour la prise du pouvoir par les Frères musulmans en Syrie, il s’est heurté au veto de la Russie et des mollahs, et il a reculé. L’Arabie Saoudite, qui n’est pas du tout amie des Frères musulmans a lancé une contre offensive en finançant la prise du pouvoir par le général Sissi. Obama a compris que le monde musulman sunnite ne tomberait pas aux mains des Frères Musulmans, mais il lui restait le rapprochement avec la République islamique d’Iran. Et celui-ci est chose faite. Aucun « accord » n’a été signé à Genève. Obama, et les Européens à sa remorque, ont décidé de fermer les yeux sur la nucléarisation de l’Iran, qui va conduire celui-ci vers l’arme nucléaire. Ils ont accepté de fermer les yeux en échange de l’espoir de vendre ce qu’ils peuvent vendre à l’Iran. L’Iran étant dès lors la puissance qui monte au Proche-Orient, et l’Iran étant déjà sous la protection de la Russie, c’est toute la région qui se tourne vers la Russie, car l’Arabie Saoudite et l’Egypte n’ont plus confiance en les Etats-Unis. Israël discerne que l’allié américain n’est plus ce qu’il était, vacille et peut trahir. La Turquie elle-même se rapproche de l’Iran et sait que la Russie est juste au Nord.

Obama a quasiment éliminé les Etats Unis de l’équation proche-orientale, et comme je l’ai écrit plus haut, ce n’est pas pour autant qu’il se tourne stratégiquement vers l’Asie, non. La planète qui vient sera « multipolaire », comme le souhaitait Obama, et comme le souhaitent certains Européens : elle sera dominée par un cartel de régimes autoritaires. Les capitales seront Pékin, Moscou, et sans doute Téhéran. L’Europe est en déclin. Les Etats-Unis avec Obama ont choisi le déclin et le repli.

Si l’on regarde les données des économies chinoises ou russes, on voit que ce ne sont pas des pays développés au sens où l’Europe et l’Amérique du Nord sont constituées de pays développées, et on voit que ce sont des pays où, à la différence de ce que font les Etats Unis sous Obama, on compense les difficultés économiques par l’intimidation armée.

La planète qui se dessine sera moins libre, moins stable. La pax americana dont le monde a pu jouir pendant six décennies prend fin. Un successeur d’Obama tentera-t-il de la recréer ? Rien n’est moins sûr, et le cas échéant, ce ne sera pas facile.

© Guy Milliere publie dans Les4verites.com

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