Publié par Michel Garroté le 11 janvier 2014

 

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Ariel Sharon dans son ranch du Néguev : hébreu, soldat et paysan.

Michel Garroté, réd en chef  –-  A l’occasion du décès d’Ariel Sharon, survenu il y a quelques minutes, je publie ci-dessous une série d’analyses que nos lecteurs ne trouveront sans doute jamais dans la presse classique. Si je ne partage pas forcément à cent pour cent chaque mot de chacune de ces analyses, je leur attribue au moins le mérite de sortir des sentiers battus. Et pour ce qui me concerne plus personnellement, Ariel Sharon n’était certainement pas l’homme tel qu’en Europe les médias, la gauche et une partie de la droite l’ont ignominieusement dépeint. Je reste convaincu qu’Ariel Sharon était au contraire un homme droit qui songeait avant tout à son peuple.

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Ariel Sharon et l’Etat palestinien

Uri Elitsur, dans « Ariel Sharon et l’Etat palestinien », publié par Makor Rishon en hébreu et par upjf en français (lien en bas de page) écrivait, le 5 janvier 2014 : Ce n’est pas seulement la destruction des localités (du Goush Katif) qu’Ariel Sharon a offert à ses adversaires de gauche sur un plateau d’argent. Le sacrifice le plus grand qu’il leur a offert, et qui est largement oublié aujourd’hui, est d’avoir été le premier dirigeant à prononcer les mots « Etat palestinien ». Aussi étrange que cela puisse sembler aujourd’hui, ni Rabin, ni Pérès, ni Barak ni Netanyahou ne l’avaient fait avant lui. Ils n’avaient pas osé. Les présidents des Etats-Unis et les dirigeants des pays européens, avant l’ère Sharon, ne parlaient pas expressément d’Etat palestinien, car le monde entier savait qu’Israël y était opposé.

Lorsque les accords d’Oslo furent présentés devant la Knesset, Benny Begin s’adressa ainsi à Shimon Pérès : « Vous êtes en fait en train de créer un Etat palestinien… ». Pérès s’offusqua et monta sur ses grands chevaux. Il tapa du poing sur la table et s’écria, à trois reprises : « Il n’y aura pas d’Etat palestinien, il n’y aura pas d’Etat palestinien, il n’y aura pas d’Etat palestinien ! ». C’est Sharon qui a brisé ce tabou, et c’est seulement après qu’il eut prononcé les mots « Etat palestinien » que le président des Etats-Unis, Georges Bush, devint le premier président américain à parler à son tour d’un Etat palestinien.

C’est le moment de dire : assez ! Nous en avons assez d’entendre parler d’un Etat palestinien. Assez d’entendre dire qu’il verra certainement le jour, car il n’y a aucune autre alternative, et surtout assez d’entendre qu’il sauvera Israël, le peuple Juif et le sionisme, car la création d’un Etat Hamas-Al Qaïda à Ramallah serait un intérêt israélien… La 12e visite de John Kerry est l’occasion de dire enfin, haut et fort : assez de ces idioties !

Je sais bien que c’est aujourd’hui l’avis répandu chez tous les hommes politiques et faiseurs d’opinion, pourtant c’est une idée farfelue et artificielle. Car les habits neufs du roi eux aussi étaient acceptés de tous, pourtant le roi était nu… Un Etat palestinien ne nous sauvera pas, il nous détruira ! La plupart des hommes politiques qui le défendent aujourd’hui se sont jadis exprimés avec virulence contre un Etat palestinien. Cela n’inclut pas seulement Binyamin Netanyahou, mais aussi Shimon Pérès, et pratiquement tous les autres.

Le fait qu’ils aient été aujourd’hui entraînés à soutenir l’idée qu’ils jugeaient auparavant mauvaise, ne signifie pas qu’ils soient devenus plus intelligents ! Au contraire, leurs explications d’autrefois étaient plus logiques que celles d’aujourd’hui, qui sont tirées par les cheveux et déconnectées de la réalité.

Un Etat palestinien amènera une pluie de missiles Katioucha sur Petah-Tikva et de Grad sur Tel-Aviv. Il immobilisera régulièrement l’aéroport Ben Gourion et étranglera l’économie israélienne. Des généraux à la voix rauque vous expliqueront que Tsahal a la réponse à ces menaces. Mais c’est faux. Il y a un an à peine, les terroristes de Gaza ont fait entrer tous les habitants du Sud d’Israël dans les abris et ils feront la même chose avec les habitants du Goush Dan (N.d.T. la plaine côtière) et ils étrangleront tout le pays ! Au lieu d’écouter les voix apaisantes des généraux qui se leurrent eux-mêmes, écoutez plutôt votre propre bon sens…

L’Etat palestinien ne sera pas démilitarisé. Cela n’existe pas ! S’il veut acheter des tanks et des canons, il les obtiendra, et personne ne pourra le contraindre à respecter les accords signés. Arafat avait fait entrer les premiers terroristes armés dans sa propre voiture, qui se rendait à Gaza sous protection israélienne… L’idée selon laquelle on pourrait séparer les Juifs des Arabes au moyen d’une barrière de sécurité est puérile. Il y a à peine la place pour un Etat entre la mer et le Jourdain. Nous ne sommes pas venus ici pour construire un shtetl juif dont la sécurité serait garantie par des armées étrangères… Nous sommes capables d’affronter le doublement du nombre de citoyens arabes en Israël. Cela ne fera pas s’effondrer le projet sioniste. Deux Etats amèneront une catastrophe pour Israël. Un seul Etat permettra de prospérer et garantira la paix, conclut Uri Elitsur (lien en bas de page).

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Ariel Sharon ou l’aventure israélienne

Shraga Blum écrivait, le 4 janvier 2014, dans « Ariel Sharon ou l’aventure israélienne » (lien en bas de page) : L’ancien Premier ministre israélien n’aura laissé personne indifférent et aucun homme politique israélien n’aura suscité autant de sentiments contradictoires, à la limite de l’irrationnel, tant dans son pays qu’à l’étranger. Plus que tout autre personnalité israélienne, Ariel Sharon aura symbolisé la victoire de la révolution sioniste et le passage du juif de diaspora, soumis au bon vouloir de ses pays d’accueil au juif debout, redevenu paysan et soldat sur sa terre, et tenant tête aux armées ennemies autant qu’aux donneurs de conseils en tous genres. L’Histoire de ce héros militaire se confond avec celle de l’Etat d’Israël, avec ses moments de gloire comme ses périodes de doute. Il serait trop long de faire la biographie de l’ancien Premier ministre, mais il convient de prime abord de lui rendre justice sur la manière ignoble dont il a été perçu à l’étranger et l’image caricaturale dont il a été victime.

L’Histoire aime les raccourcis et les résumés, et ceux qui ont écrit l’Histoire du conflit du Proche-Orient dans les années 1980 ont précipité Sharon dans la mémoire collective comme étant un criminel sanguinaire, le « boucher de Sabra et Chatila ». Or ceux qui auront l’honnêteté de prendre un peu de recul et se pencher sur les faits exacts se rendront soudain compte que cet homme a été injustement accusé de l’assassinat d’Arabes palestiniens par des Phalanges chrétiennes aidées d’autres nervis musulmans. Tout comme la « mort » de Mohamed Al-Dura, le massacre de Sabra et Chatila est entré dans le martyrologue palestinien comme l’une des preuves de la « barbarie israélienne » dont Sharon aurait été l’acteur principal. La responsabilité d’Israël et de Sharon dans ce règlement de compte interne – comme il y en a eu beaucoup lors de la Guerre civile au Liban – restera une question discutée et non élucidée.

Mais c’est l’aspect irrationnel qui ressort de ce drame qui interpelle : comment expliquer que de la tragédie libanaise, qui a fait des dizaines de milliers de morts, seul le massacre de Sabra et Chatila est resté dans les mémoires avec comme « héros » un juif, Ariel Sharon qui n’a pas mis les pieds dans ces camps pas plus que le moindre soldat de Tsahal ? Force est de constater par ailleurs que la mort d’Arabes et d’Arabes palestiniens en particulier n’émeut pas outre mesure les bonnes consciences dès lors qu’il n’y a pas de soldats de Tsahal face à eux ou même dans les alentours, comme ce fut le cas à Sabra et Chatila. L’exemple syrien est là pour nous le rappeler. L’attitude de la gauche israélienne n’a pas été pour rien non plus dans la transformation de Sharon en icône du Mal, et les manifestations qui ont suivi le massacre de Sabra et Chatila et qui ont abouti à la création de la Commission « Kahane » ont convaincu l’opinion publique internationale, comme à l’accoutumée « que si les Israéliens eux-mêmes le disent, c’est forcément vrai ».

Les normes éthiques qu’Israël s’est fixé pour lui-même se sont souvent retournées contre l’Etat hébreu. Sur le plan militaire, Sharon aura été un électron libre durant toute sa longue carrière, adulé ou détesté, mais toujours craint. Officier courageux et stratège hors pair, ce baroudeur aura su donner ses lettres de noblesse à Tsahal, même s’il a parfois agi en solitaire ou en désobéissant aux ordres de ses supérieurs. Pour la plupart des juifs à travers le monde, le bouillant général était devenu un héros digne des Maccabées d’il y a 22 siècles en Judée, et qui a rendu sa fierté au peuple juif quelques années à peine après Auschwitz. Il aura aussi été l’un des rares hommes politiques – sinon le seul – à avoir généré une inversion totale de l’opinion publique vers la fin de sa carrière. Celui qui fut qualifié de « bulldozer » tant par ses partisans que par ses détracteurs, aura été perçu de deux manières radicalement opposées dans sa vie politique : avant le désengagement de Gaza et après.

Jusqu’en 2005, Sharon fut la bête noire de la gauche et des médias tout comme il fut l’enfant chéri de la droite et surtout des habitants juifs de la Judée et la Samarie. Mais en 2004, pour des raisons qui restent encore obscures, il a pris la décision de tourner le dos à ses amis, à ses partisans, à ses principes et à son parti en ordonnant le démantèlement de plus de 20 villages juifs de la Bande de Gaza, l’expulsion de milliers de familles juives, en n’hésitant pas pour cela à piétiner les principes démocratiques. Toute l’énergie qu’il avait mise pour construire, il l’employait soudain pour détruire, avec la même détermination et la même conviction. Très rapidement, il s’assura naturellement le soutien et l’admiration de la gauche, les faveurs des médias israéliens comme étrangers, les félicitations des chancelleries et même la clémence du Conseiller juridique du gouvernement concernant des affaires judiciaires dans lesquelles il était présumé avoir trempé.

Le Premier ministre n’échappait donc pas à la règle générale qui veut que tout homme politique israélien qui est prêt à faire des concessions jouisse d’un régime de faveur aux yeux de la gauche, des médias et des gouvernements étrangers. L’inverse étant vrai également. Parallèlement, la droite israélienne plongeait dans le désarroi le plus total face à ce qu’elle considérait comme la trahison de celui qui fut son soutien le plus solide durant des décennies. A cause de la maladie qui l’a frappé juste après la mise en œuvre du désengagement, personne ne saura jamais comment il aurait jugé son revirement, surtout au vu de ses conséquences désastreuses, lui qui l’avait justifié en affirmant avec conviction « qu’il apporterait plus de sécurité aux habitants d’Israël ».

Comme d’autres grands hommes de cette nation, tels que Shimon Pérès ou Itzhak Rabin, Sharon aura été un grand bâtisseur durant les premières décennies de sa carrière avant de se fourvoyer sans des décisions hasardeuses aux conséquences si préjudiciables pour le pays. Sharon, comme d’autres de ces valeureux officiers de Tsahal, aura-t-il réussi sur le plan militaire et échoué dans sa carrière politique ? En tout cas, il sera désormais impossible de penser au héros de la Guerre de Kippour et au bâtisseur de la Judée-Samarie sans avoir devant les yeux les synagogues et villages juifs détruits de la Bande de Gaza. Mais l’inverse reste tout aussi vrai. Sharon aura été l’un des héros tragiques de la pièce jouée par Israël depuis son retour sur la scène de l’Histoire. Petit pays dont l’existence est sans cesse menacée, souvent incompris, observé à la loupe, jugé avec une sévérité unique au monde, et dont les dirigeants sous pression doivent parfois prendre des décisions cruciales sans savoir si elles s’avèreront bénéfiques ou catastrophiques, conclut Shraga Blum (lien en bas de page).

Comment Sharon a planifié la première guerre du Liban

Le premier juin 2012, Daniel Haïk, dans « Comment Sharon a planifié la première guerre du Liban », paru dans Hamodia et repris sur Europe-Israël, écrivait (lien en bas de page) : En 1982, Ariel Sharon, Tsahal et l’État d’Israël s’engageaient dans une guerre pas comme les autres : Une guerre au curieux nom de « Paix en Galilée », une guerre qui devait se terminer en 48 heures, mais qui dura 18 ans. Une guerre qui ne devait pas dépasser les 40 kilomètres au-delà de la frontière, mais qui s’est prolongée jusqu’aux portes de Beyrouth, une guerre qui devait installer les Chrétiens libanais au pouvoir, mais qui a finalement favorisé le développement des chiites du Hezbollah.

1981. À cette époque, l’OLP de Yasser Arafat contrôle un véritable état dans l’État au Sud Liban. Sa branche armée, le Fatah forme une petite armée très structurée et disposant d’importantes quantités d’armes emmagasinées dans d’immenses bunkers souterrains. Cette présence palestinienne dans le sud du pays du Cèdre est intolérable pour le ministre de la Défense Ariel Sharon, car elle place quelque 150’000 habitants du nord d’Israël sous la menace permanente des Katiouchas. Sharon parvient, sans difficulté, à convaincre le Premier ministre d’alors, Menahem Begin de mettre un terme à la présence palestinienne au Sud Liban.

C’est ainsi que durant l’automne 81, Sharon donne l’ordre à Tsahal de préparer un plan, intitulé « Oranim » qui avait deux versions : Le « petit » et le « grand Oranim ». C’était ce dernier plan, complexe et ambitieux, que Sharon entend privilégier même s’il n’en a soufflé mot à personne. C’est dans cet esprit que Sharon se rend très secrètement à Beyrouth, le 12 janvier 1982 pour une rencontre « historique » avec le leader des phalanges chrétiennes, Bachir Gemayel : « L’heure de vérité a sonné », affirme-t-il.

Nous devons agir ensemble, Israéliens et Libanais, sinon les Syriens détruiront toute présence chrétienne au Liban ». Sharon lève alors pour la première fois, le voile sur sa « doctrine libanaise » : « Israël aurait préféré des solutions politiques aux problèmes auxquels lui et les Chrétiens sont confrontés au Liban, et ce avec le concours des Américains. Cependant, la poursuite des actions terroristes palestiniennes, risque de rendre probable une opération militaire israélienne destinée à détruire les infrastructures terroristes d’ici l’été prochain ».

Sharon explique également qu’Israël n’a pas la moindre intention d’agir contre les Syriens et il prononce ensuite une phrase capitale : « Il est important pour moi de savoir comment vous comptez agir et ce que vous pourrez faire lorsque Tsahal sera contraint d’entrer au Liban et atteindra la proximité de Beyrouth ». En ce 12 janvier 1982, six mois avant le début de la guerre du Liban, Sharon sait donc déjà que la guerre du Liban conduira l’armée israélienne aux abords de Beyrouth. De retour en Israël, Ariel Sharon visiblement satisfait déclara à l’un de ses proches : « J’ai bouclé le plan avec les Chrétiens. Nous pouvons le mettre en application ! ».

Peu après, le gouvernement israélien se réunit pour débattre de la nature de l’opération israélienne. Les deux plans « le grand Oranim » et le « petit Oranim » sont soumis à l’étude du gouvernement. Le « grand Oranim » dans sa version initiale est d’emblée repoussé. Finalement, le gouvernement adoptera le « petit Oranim » dans l’espoir que Sharon saura s’en contenter.

Au cours des mois qui suivent, la tension grimpe continuellement le long de la frontière israélo-libanaise. Chaque attentat, comme, l’assassinat à Paris en avril du diplomate israélien Yaacov Bar Siman Tov, fait automatiquement grimper le baromètre militaire israélien. En février, mars, et avril 1982, les habitants de Kiryat Chmona assistent à d’imposants déplacements de blindés et de troupes israéliennes qui vont se positionner devant la frontière internationale. Les dirigeants israéliens, Begin en tête, multiplient les déclarations belliqueuses contre les Palestiniens. Les Américains parviennent à la conclusion que plus rien ne pouvait empêcher Begin et Sharon de se lancer dans un conflit ouvert au Liban. Fin avril, un officier de Tsahal est tué en sautant sur une mine au Sud Liban. En riposte, les chasseurs israéliens bombardent des positions palestiniennes au Liban. Pour la première fois, les Mig syriens interviennent et, à l’issue d’un combat aérien, deux avions syriens sont abattus par la chasse israélienne.

En mai, la guerre manque de peu d’être déclenchée. Le 16 mai, le gouvernement Begin décide qu’en cas de nouvelle agression terroriste en Israël ou à l’étranger, Tsahal réagira en lançant une vaste opération militaire au Liban sans toutefois aller au-delà des 40 kilomètres de la future zone de sécurité. Le 19, Sharon se rend aux États-Unis pour expliquer aux Américains la teneur de la décision du gouvernement. Il évite de leur montrer son plan du « grand Oranim ». Il annonce aux Américains : « À la prochaine action terroriste, nous lancerons une attaque mortelle contre l’OLP ». Plusieurs semaines avant la guerre, le gouvernement israélien et l’armée perçoivent l’imminence d’une opération. Mais alors que le gouvernement pense que l’opération sera limitée, de plus en plus de généraux comprennent que lorsque le conflit sera déclenché, il ira bien au-delà des 40 kilomètres.

Le 2 juin 1982, Ariel Sharon s’envole vers Budapest en compagnie de son épouse Lily et de ses enfants Omri et Guilad. Le lendemain, les Sharon visitent la maison natale de Lily. Et c’est en rentrant à leur hôtel, en soirée, qu’ils apprennent que l’ambassadeur d’Israël en Grande-Bretagne, Shlomo Argov a été victime d’une tentative d’assassinat, à sa sortie d’un cocktail à Londres. L’attentat a été revendiqué par le groupe palestinien d’Abou Nidal.

Le vendredi 4 juin au matin, le gouvernement se réunit sans Ariel Sharon. Menahem Begin est furieux. Il affirme qu’aucun gouvernement au monde ne pourrait tolérer un tel attentat : « Il est temps de mettre fin aux attaques des nids de terroristes » déclare-t-il. Le chef d’état-major de Tsahal, Rafaël Eytan suggère de bombarder une quinzaine de positions dans Beyrouth, et au Sud Liban. Finalement, le gouvernement opte pour le bombardement de deux positions dans Beyrouth et de trois positions au Sud-Liban. Les ministres savent en prenant cette décision qu’elle provoquera une riposte des Palestiniens, ce qui leur permettrait alors d’officialiser le lancement d’une vaste opération militaire terrestre au Liban. C’est effectivement ce qui se produit : Durant le Chabbat, les organisations terroristes violent le cessez-le-feu et tirent à partir du Liban des centaines de roquettes de Katioucha qui touchent le Nord de la Galilée. C’est le samedi soir 5 juin que Sharon, rentré de Budapest, et Begin donnent leur feu vert au déclenchement des hostilités.

Sharon sent qu’il touche au but, qu’il va enfin conduire « sa » guerre et atteindre « ses » objectifs ambitieux. Au cours de la réunion du Conseil des ministres qui se tient à la fin du Chabbat, Menahem Begin déclare : « Vous savez que nous avons tout fait pour éviter un conflit, mais notre destin en Eretz Israël est que nous n’avons pas d’autres choix que celui de combattre, car l’alternative est Auschwitz. Et nous avons décidé qu’il n’y aurait pas d’autre Auschwitz.

Le gouvernement vote à une très large majorité en faveur d’une opération contre les forces palestiniennes au Sud Liban. Au cours de cette réunion du gouvernement, Ariel Sharon répète à quatre reprises que l’objectif principal de cette opération sera de repousser les Palestiniens au-delà d’une ligne de protection située à environ 40 kilomètres de la frontière internationale. Il indique aux ministres qu’il n’est pas question de s’en prendre aux Syriens, « s’ils n’attaquaient pas Israël de leur propre initiative ». Après l’exposé de Sharon, tous les ministres sont persuadés que l’opération durera entre 36 et 48 heures. Mais certains ont des doutes : « Il va nous conduire plus loin que ces 40 kilomètres » déclare, en aparté, le leader des sionistes généraux Sim’ha Ehrlich. Begin décide que l’opération ne s’appellerait pas Oranim comme l’avait suggéré l’armée, mais « Paix en Galilée ». La première guerre du Liban pouvait commencer, concluait Daniel Haïk (lien en bas de page).

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Israël – Bilan de deux retraits

Michel Gurfinkiel, le 21 juillet 2010, dans l’analyse « Israël – Bilan de deux retraits », (ndmg – le retrait israélien du Sud-Liban et celui de la bande de Gaza), analyse reprise par upjf (lien en bas de page) écrivait : Le 24 mai 2000, Tsahal évacuait unilatéralement – et précipitamment – la « zone de sécurité » qu’il détenait au Liban du Sud depuis 1978. Dix ans après, le débat va bon train en Israël : ce retrait a-t-il été l’une des plus graves erreurs stratégiques de l’histoire du pays ? Le ministre de la Défense Ehud Barak, qui était alors premier ministre, assure qu’il reste « fier » de sa décision. « La vraie question », selon lui, « c’est plutôt de savoir pourquoi on ne l’a pas prise au moins dix ans plus tôt ». Mais de nombreux analystes estiment au contraire que ce retrait a considérablement affaibli l’Etat juif. En projetant, à tort ou à raison, une image de faiblesse. Et surtout en créant un vide géostratégique qui n’a pas tardé à être empli par le Hezbollah pro-iranien.

Chose étrange, un chef d’Etat arabe avait tout fait, début 2000, pour dissuader Israël de quitter Liban-Sud : le Syrien Hafez el-Assad, qui allait être emporté par une crise cardiaque quinze jours seulement après le retrait, le 10 juin 2000. Dictateur implacable, mais stratège sagace, Assad avait répété  que cette initiative constituait une « provocation », et allait provoquer « une catastrophe ». A l’époque, ni les Israéliens, ni les Américains, qui tentaient de patronner un processus de paix accéléré dans la région, n’avaient compris son attitude. Sans doute par excès de logique linéaire, à l’occidentale : le président syrien étant un ennemi d’Israël, il ne pouvait, selon eux, que se réjouir d’un tel recul. Mais Assad suivait une autre logique, circulaire, orientale, où l’ennemi peut être, dans certaines circonstances, une sorte d’ami, et son affaiblissement, à certains moments, une mauvaise affaire.

Un débat analogue entoure une autre évacuation unilatérale, celle de la bande de Gaza ou plus précisément des zones stratégiques qui, dans ce territoire, relevaient toujours de l’autorité israélienne : localités civiles juives, telles que le Goush-Katif, et points d’appui militaires. Exécutée en août 2005, au prix d’une crise humaine sans précédent – cinquante mille soldats mobilisés pour contraindre près de huit mille habitants juifs au départ -, elle a apporté un prestige international considérable, mais éphémère, au premier ministre qui l’avait décidée et mise en œuvre, Ariel Sharon. Mais sur le terrain, elle a été interprétée, elle aussi,  comme un signe de faiblesse, et fait l’affaire du Hamas, qui devait prendre le contrôle du territoire moins de deux ans plus tard.

Avant de devenir premier ministre, Ehud Barak a été un général de premier plan, et a exercé le commandement en chef de Tsahal. Sharon fut probablement l’un des plus grands chefs de guerre du XXe siècle. Ni l’un, ni l’autre n’ont pris à la légère la décision d’évacuer un territoire considéré jusque-là comme essentiel à la sécurité de leur pays. Leur raisonnement était à peu près celui-ci : au Liban-Sud comme à Gaza, Tsahal était condamné à faire une guerre de position et qui plus est au contact ou au milieu de populations hostiles. Ce type de guerre était démoralisant à divers titres. Et coûteux en vies humaines.

Tant que Tsahal s’en tenait à la défense statique de certaines positions ou de certaines lignes, l’ennemi pouvait en effet monter contre lui des opérations limitées, sans utilité tactique réelle mais dépourvues, en même temps, de risque stratégique ou tactique : des « coup d’épingle » où finissaient par périr ou être blessés des dizaines de jeunes Israéliens, sans parler de quelques enlèvements. L’alternative consistait, selon eux, à revenir à une guerre de mouvement : un retrait spectaculaire autorisait Israël, moralement et politiquement, à lancer ultérieurement des offensives non moins spectaculaires,  « totales », annihilatrices, contre des adversaires qui n’auraient pas accepté les compromis qui lui étaient offerts.

A travers l’opération Rempart de 2001-2002 – la réoccupation militaire de la Judée-Samarie et la destruction du potentiel militaire du Fatah -, Sharon avait montré qu’il savait procéder à des contre-attaques de ce type. En aurait-il été à nouveau capable contre le Hezbollah et le Hamas, si sa santé lui avait permis de rester au pouvoir en 2006 ? Force est de reconnaître que ses successeurs n’y sont pas parvenus. La guerre punitive de l’été 2006 contre le Hezbollah, gérée par un trio que Sharon avait mis en selle – Ehud Olmert et Tsipi Livni au gouvernement, le général Dan Halutz à l’armée – a été un échec militaire et politique. Celle de l’hiver 2008-2009 contre le Hamas, gérée par un bon général, Gaby Ashkenazy, a été plus concluante sur le plan militaire, mais beaucoup moins sur le plan politique. Dans les deux cas, l’adversaire n’a pu être éliminé ni même suffisamment affaibli.

Les erreurs et les échecs ont cependant un intérêt : ils aident l’opinion publique à mieux cerner les problèmes. De même que l’échec des pourparlers de Camp David, en 2000, a révélé à la plus grande partie des Israéliens – notamment de gauche ou du centre-gauche –  que le « processus de paix d’Oslo » était un leurre, de même le bilan des évacuations du Liban et de Goush-Katif rappelle-t-il aux Israéliens que si le contrôle de certaines positions géographiques a un coût, leur abandon en a aussi, concluait Michel Gurfinkiel (lien en bas de page). Michel Gurfinkiel est également l’auteur de : le Testament d’Ariel Sharon (lien en bas de page).

Sabra et Chatila

Avec le décès d’Ariel Sharon, certains médias prétendent – une fois encore – interpréter, à leur façon, le massacre de Sabra et Chatila, survenu au Liban en 1982. L’interprétation de cet événement, par certains médias, m’indiffère totalement, tellement je suis habitué à leur vision unilatérale et simpliste de tout ce qui se déroule au Proche et au Moyen Orient. Le présent texte se subdivise en deux parties. Dans la première partie, je cite une analyse de L’Arche (lien en bas de page) sur le massacre de Sabra et Chatila. Pour ceux qui connaissent déjà ce thème, et qui par conséquent, ne souhaitent pas forcément lire cette première partie, j’ai ajouté, dans la deuxième partie du présent texte, ma propre analyse, avec des informations et des révélations, sur ce sujet très délicat. Je recommande, toutefois, la lecture, des deux parties, celle de L’Arche et la mienne.

Le lundi 21 janvier 2008, les prétendues « responsabilités israéliennes », dans le massacre de Sabra et Chatila, au Liban, en 1982, avaient été analysées, par la rédaction de L’Arche (lien en bas de page). Trente ans après les faits, la légende de Sabra et Chatila persiste. L’Arche avait tenté en 2008 de mettre en pièces cette légende en morceaux de Playmobile, qui a servi et qui sert encore, la propagande palestinienne, le Pallywood et les trémolos de la gôche palestinïaque. Que s’est-il réellement passé en 1982 ?

(Début de l’analyse de l’Arche¸ lien en bas de page) « Entre le jeudi 16 septembre 1982 et le samedi 18 septembre 1982 », écrit l’Arche, « des membres des Phalanges chrétiennes libanaises massacrèrent des Palestiniens et des Libanais musulmans dans les quartiers de Sabra et Chatila, à Beyrouth. Les Phalangistes entendaient se venger ainsi de l’assassinat de leur chef, Bachir Gemayel, qui venait d’être élu président du Liban. Le massacre de Sabra et Chatila (les estimations du nombre des victimes varient, selon les sources, entre 700 et 1500 morts) s’inscrivait dans le cadre d’une guerre civile libanaise qui, en quinze années de combats, fit environ 150 000 morts, des atrocités étant commises par toutes les parties ».

« Très vite, toutes les informations – de source israélienne, libanaise ou palestinienne – indiquèrent que le responsable du massacre était l’officier phalangiste Élie Hobeïka. Mais ce dernier ne fut jamais inquiété. Au contraire: entré en politique dans la mouvance pro-syrienne, Élie Hobeïka fut par la suite élu au Parlement libanais, et devint ministre dans un gouvernement dirigé par Rafic Hariri. Si les auteurs du massacre étaient clairement identifiés, une question se posait quant au comportement de l’armée israélienne. En effet, l’armée israélienne, qui était entrée au Liban trois mois auparavant, contrôlait Beyrouth-Ouest au moment du massacre ».

« L’affaire suscita donc une vive émotion en Israël. Le gouvernement israélien dut créer une commission d’enquête publique dont les membres étaient, conformément à la loi, nommés par le président de la Cour suprême. La commission Kahane remit le 8 février 1983 un rapport, long et détaillé, qui décrivait les événements de septembre 1982. Sur le massacre lui-même, le rapport est sans ambiguïté: il a été commis par les Phalangistes, et eux seuls : ‘Nous n’avons aucun doute sur le fait qu’il n’y a pas eu de complot ni de conspiration entre qui que ce soit de la direction civile d’Israël, ou de la direction de Tsahal, et les Phalangistes’ ».

« Cependant, la commission Kahane ne s’en tient pas là. Elle introduit dans le débat un concept de ‘responsabilité indirecte’, qui est plus moral que juridique. Et elle met en cause des dirigeants israéliens (parmi lesquels le ministre de la défense Ariel Sharon, qui devra quitter ses fonctions) dont la faute est de n’avoir pas prévu ce qui résulterait de l’entrée des Phalangistes dans Sabra et Chatila ou de n’avoir pas eu suffisamment de présence d’esprit, lorsque les premières rumeurs sur le massacre commencèrent à circuler, pour ordonner à Tsahal d’intervenir à Sabra et Chatila et d’en faire sortir les Phalangistes ».

« Vingt ans après les faits, en septembre 2002, le mensuel Le Monde diplomatique publie un article signé Pierre Péan, intitulé ‘Sabra et Chatila, retour sur un massacre’. Cet article, qui se présente comme une ‘enquête’ sur les circonstances du massacre et ses instigateurs, défend explicitement la thèse selon laquelle le massacre a été ordonné par les Israéliens, qui auraient même pris part à son exécution. On y lit notamment : ‘Amir Oren, à partir de documents officiels, a, dans Davar du 1er juillet 1994, affirmé que les massacres faisaient partie d’un plan décidé entre M. Ariel Sharon et Bachir Gemayel, qui utilisèrent les services secrets israéliens, dirigés alors par Abraham Shalom, qui avait reçu l’ordre d’exterminer tous les terroristes. Les milices libanaises n’étaient rien moins que des agents dans la ligne de commandement qui conduisait, via les services, aux autorités israéliennes’. Alain Gresh, qui est à l’époque de la parution de l’article de Pierre Péan le rédacteur en chef du Monde diplomatique, et Dominique Vidal, qui est alors rédacteur en chef adjoint, reprendront à leur compte les affirmations de M. Péan dans un livre, ‘Les 100 clés du Proche-Orient’, qui sera ensuite traduit et réédité ».

« La légende d’une machination israélienne visant à organiser un massacre de civils a été ainsi largement diffusée, y compris en France où elle fait partie d’un discours diabolisant qui vise les Israéliens et les Juifs en général. Or nous avons consulté l’original de l’article de Davar qui a été ‘cité’ par Pierre Péan et, après lui, par Alain Gresh et Dominique Vidal. À la lecture, aucun doute n’est possible: non seulement cet article ne dit pas ce que les trois journalistes français lui font dire, mais il dit exactement le contraire. Interrogé à ce sujet par L’Arche, Amir Oren déclare: ‘La citation de moi faite par Péan est fausse. Et s’il a fait cela délibérément, c’est un menteur. Je n’ai jamais écrit les mots que Péan m’attribue’. Cette falsification n’est pas la seule. L’article contient d’autres éléments qui, ainsi qu’il ressort de l’enquête de L’Arche, sont matériellement faux et contribuent à induire le public en erreur ».

« Cependant, l’article de septembre 2002 est toujours en ligne sur le site Internet du Monde diplomatique. Le Monde diplomatique a également décidé de mettre en permanence à la disposition du public, dans le cadre des ‘Documents’ présentés gratuitement sur son site Internet, le chapitre du livre ‘Les 100 clés du Proche-Orient’ intitulé ‘Sabra et Chatila (massacres de)’, contenant la longue citation de Pierre Péan, avec en complément un ‘lien’ dirigeant le lecteur vers l’article de Pierre Péan. Cette insistance sur la légende d’une machination israélienne ayant directement causé le massacre de Sabra et Chatila appelle plusieurs questions. D’où Pierre Péan tenait-il ses (fausses) ‘informations’ sur le contenu de l’article d’Amir Oren? Qui lui avait communiqué ces données, et dans quelle intention? Pourquoi Pierre Péan n’a-t-il pas vérifié la véracité de ces données? Pourquoi la rédaction du Monde diplomatique a-t-elle publié cet article, sans rien vérifier elle-même? Et pourquoi MM. Gresh et Vidal se sont-ils obstinés, des années plus tard, à reproduire ces accusations infondées qu’ils avaient diffusées dans leur journal ? » (Fin de l’analyse de l’Arche ; lien en bas de page).

Mon analyse – Commençons par revenir à 1982 (lien en bas de page). Elie Hobeïka, en ce temps-là, était le chef du « Deuxième bureau » (service de renseignement) des Forces libanaises chrétiennes, dirigées par Bachir Gemayel, qui lui, venait d’être élu président du Liban et aussitôt assassiné. Dès le début des événements de Sabra et Chatila, toutes les informations indiquaient que le responsable du massacre était Élie Hobeïka, à l’époque, pro-israélien. Hobeïka ne fut pas inquiété. En 1990, il retourna sa veste et entra, sans remords ni scrupules, dans le camp pro-syrien, qu’il avait, autrefois, combattu. Comme le « chrétien » Michel Aoun aujourd’hui. Hobeïka fut élu député pro-syrien au Parlement libanais. Enfin, Hobeïka devint ministre dans le gouvernement de Rafic Hariri, libanais sunnite d’origine saoudienne.

En juillet 2001, Hobeïka, sorti de politique et reconverti dans les affaires, avait déclaré à la presse qu’il s’apprêtait, soi-disant, à fournir des preuves sur ce qui s’était, selon lui, réellement passé dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila. Sorti de politique et devenu homme d’affaires, Hobeïka est alors une énigme, puisqu’il fut simultanément pro-israélien puis pro-syrien. En sa nouvelle qualité de businessman, pourquoi Hobeïka prétend-il, vouloir fournir des preuves, sur ce qui s’était, selon lui, réellement passé dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila ? En quoi un homme issu des services du renseignement en temps de guerre, devenu successivement pro-israélien, pro-syrien puis businessman pro-argent, les trois fois par pur opportunisme, en quoi les révélations d’un tel homme, auraient-elles eu une quelconque valeur ?

Le 24 janvier 2002, à 09h40, la carrière en dents de scie d’Hobeïka, se termine, avec fracas. Sa voiture est pulvérisée, par une bombe télécommandée, placée dans une Mercedes, stationnée dans une rue du quartier de Hazmiéh, à Beyrouth. La bombe explose au moment où Hobeïka, et ses trois assistants, Fares Suweïdan, Mitri Ajram et Walid Zein passent, à bord de leur Range Rover, au niveau de la Mercedes. Les quatre passagers de la Range Rover meurent sur le coup. Bons baisers de Damas.

Le fait est que certains vont développer, à partir de 2005, toutes sortes de thèses, plus fumeuses les unes que les autres, sur ce qui se serait, soi-disant, réellement passé à Sabra et Chatila en 1982. Et sur ce que Hobeïka avait, soi-disant à révéler. En 2005, dans certaines mouvances américaines pro-arabes du renseignement et de la presse, quelques fêlés font circuler la légende, selon laquelle Israël aurait, soi-disant, acheminé, par avion, des membres de l’Armée du Sud Liban, l’ASL (une milice chrétienne sous le commandement du major Saad Haddad) ; des membres de l’ASL déposés à l’aéroport de Beyrouth, à bord d’un avion de transport de l’armée de l’air israélienne ; des membres de l’ASL qui auraient alors investit, selon cette nouvelle légende, Sabra et Chatila. Exit la responsabilité des Forces libanaises et d’Elie Hobeïka.

Toujours en 2005, dans certaines mouvances américaines pro-arabes, du renseignement et de la presse, quelques fêlés font circuler la légende, selon laquelle une unité secrète de l’armée israélienne serait soi-disant entré la première dans Sabra et Chatila, donc avant les membres de l’Armée du Sud Liban dirigée par le major Saad Haddad.

L’avantage de toutes ces légendes, créées, autour d’Hobeïka et autour de Sabra et Chatila, c’est qu’elles blanchissent Hobeïka (dans le massacre de Sabra et Chatila, à l’époque où Hobeïka se disait pro-israélien) et blanchissent la Syrie (dans l’assassinat de Hobeïka à l’époque où celui-ci roulait pour l’argent et en savait trop sur tout le monde, surtout sur les Syriens). A contrario, ces mêmes légendes permettent d’incriminer Israël. Le problème, c’est que ces légendes se contredisent les unes les autres. En 1983, à Beyrouth, un collaborateur direct d’Hobeïka, collaborateur que je connais depuis 1976, m’a certifié, qu’Hobeïka et les Forces libanaises furent les responsables des événements de Sabra et Chatila.

Le seul reproche à l’égard d’Israël, semblerait être la responsabilité indirecte, plus morale que juridique, qui mettrait en cause des dirigeants israéliens. Qui mettrait en cause des dirigeants israéliens dont l’erreur serait de n’avoir pas prévu ce qui résulterait de l’entrée des Forces libanaises d’Hobeïka dans Sabra et Chatila. Ou de n’avoir pas eu suffisamment la présence d’esprit, lorsque les premières rumeurs sur le massacre commencèrent à circuler, d’ordonner à Tsahal, d’intervenir, à Sabra et Chatila ; et d’en faire sortir les Forces libanaises. Tout ceci reste assez surréaliste.

J’ai visité Sabra et Chatila, lorsque je me trouvais au Liban. Sabra et Chatila n’étaient pas des camps de réfugiés palestiniens. Sabra et Chatila était un quartier de Beyrouth. Plus exactement, Sabra et Chatila était une ville dans la ville ; un Etat dans l’Etat. Dans les sous-sols ou plutôt, les galeries souterraines de Sabra et Chatila, l’OLP avait caché, une quantité inouïe, d’armes lourdes et légères. Un aspect de Sabra et Chatila qui n’a jamais intéressé mes confrères. Je n’oublierai jamais ce que j’ai vu au Liban à l’époque. J’ai parcouru le pays dans presque tous les sens. Au vu du nombre invraisemblable de milices armées de toutes sortes et malgré la tentative de Bachir Gemayel d’unifier les éléments armés chrétiens sous le commandement des Forces libanaises, je ne vois pas comment, l’armée israélienne, aurait pu, dans ce chaos généralisé, maîtriser toutes les situations, y compris celle de Sabra et Chatila.

Et même quant à supposer, qu’Israël serait impliqué dans quelque chose, ici ou là, la seule opération qui me paraîtrait imaginable, serait la saisie, des principaux terroristes cachés.

Il y a eu, au Liban, des massacres, avant et après Sabra et Chatila. En assassinant le président libanais Bachir Gemayel, le camp arabo-musulman a plongé le Liban dans un tunnel sanglant dont il n’est toujours pas sorti puisque le pays du cèdre est sous la coupe des criminels terroristes du Hezbollah et de la théocratie – intégriste et génocidaire – iranienne. Et c’est ça, le seul vrai grand massacre (fin de mon analyse sur Sabra et Chatila ; lien en bas de page).

 

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info

Sources :

http://www.upjf.org/fr/6387.html#sthash.8Wu9R5dz.dpuf

http://www.i24news.tv/app.php/fr/opinions/140104-ariel-sharon-ou-l-aventure-israelienne

http://www.europe-israel.org/2012/06/comment-sharon-a-planifie-la-premiere-guerre-du-liban/

http://www.upjf.org/fr/3153-gufrinkiel_israel_bilan_de_deux_retraits.html

http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2268058611/qid=1142334791/sr=1-1/ref=sr_1_10_1/171-3748817-3557802

http://arche-infos.blogspot.com/2008/01/les-fausses-accusations-du-monde.html#sthash.8ZKK8P0N.dpuf

http://www.dreuz.info/2014/01/il-y-a-32-ans-massacre-de-sabra-et-chatila/#sthash.8ZKK8P0N.dpuf

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