Publié par Gilles William Goldnadel le 13 janvier 2014

Goldnadel

J’avoue, je suis jaloux. C’est vrai quoi, qu’est-ce qu’ils ont de plus que moi, ces Zemmour et Finkielkraut, pour figurer dans le Nouvel Observateur aux côtés de Dieudonné, comme vecteurs de haine ?

Pourquoi n’aurais-je pas le droit, moi aussi, à ma place au soleil radieux de l’incurable bêtise ?

Moi aussi j’ai la haine, spécialement celle du relativisme indigent. Qui veut que tout se vaut. Un mort, mille morts. Le racisme et la critique licite des religions. La xénophobie et le désir de réguler les flux migratoires.Hitler et Sarkozy. Dieudonné et Finkielkraut.

Moi aussi, j’ai écrit que la quenelle m’avait gonflé et que les racistes et les antiracistes professionnels avaient surenchéri dans la provocation publicitaire irresponsable.

Moi aussi, j’ai mis en garde contre cette sacralisation laïque impie de la Shoah qui fait qu’on l’a mise à toutes les sauces, de l’expulsion d’une sans-papier au massacre des bébés phoques pour la retourner in fine contre ses victimes.

Moi aussi, j’ai écrit que l’arbre Dieudonné cachait la forêt antisioniste et qu’on ne pouvait à la fois encenser Stéphane Hessel et brûler M’bala Mbala, tous deux ayant joyeusement nazifié Israël.

Moi aussi, je ne supporte pas qu’on puisse hurler contre les dérapages antisémites d’un triste pitre et regarder en l’air quand les sinistres Femen miment un avortement en pleine église de la Madeleine.

Moi aussi je défends sans honte ni complexe l’identité française en France et l’identité juive en Judée.

Moi aussi, j’ai bien le droit d’être traité de crétin par des sots et de salaud par le papa gauchiste et la maman islamiste du monstre abominé.

Moi aussi, à présent, ça me fait doucement rire.

À peine décédé, voilà le portrait d’Ariel Sharon peint de manière autrement plus nuancée que de son vivant, badigeonné en rouge et noir. Le voici montré en dirigeant pragmatique, ouvert au compromis, lui, hier, le monstre deSabra et Chatila.

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Ceux qui ont la mémoire longue, se souviendront peut-être que durant l’intifada des années 2000, le France Inter de Dominique Bromberger le qualifiait de criminel de guerre, tout en restant très obséquieux envers le si pacifique Arafat.

Il n’y a qu’à Gaza où l’on reste cohérent dans la détestation nonobstant les années. En oubliant simplement, dans leur ingratitude, que ce fut Ariel Sharon qui leur a permis de pouvoir envoyer des bordées de missiles sur les villes israéliennes à partir du territoire évacué sans contrepartie.

Le commencement de justice posthume rendue à Ariel Sharon rappelle le sort cruel d’Isaac Rabin.

Lui aussi, a été enterré sous les hommages vibrants et les gerbes étincelantes.

Ceux qui ont la mémoire encore plus longue, se souviendront peut-être que l’homme d’Oslo était couvert d’opprobre en Europe lorsqu’il prétendait vouloir réprimer les attentats du Hamas comme s’il n’y avait pas de négociations, tout en négociant avec Arafat, comme s’il n’y avait pas de Hamas.

L’auteur de ces lignes avait été contraint d’écrire dans le Figaro un « SOSRabin » dans lequel il suppliait l’opinion publique française de mieux comprendre la situation dans laquelle se trouvait l’homme aujourd’hui encensé -mais à l’époque abominé- sous le seul prétexte qu’il utilisait la force armée contre des terroristes massacrant les civils de son pays.

Quelques mois après, ce général là était assassiné par un juif qui refusait Oslo.

C’était il y a un siècle.

Que malgré tout, Benjamin Netanyahou, lui aussi ferme mais pragmatique, ne soit pas pressé de quitter ce triste monde oublieux et futile.

Même pour avoir meilleure presse.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation de Valeurs actuelles.

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