Publié par Gilles William Goldnadel le 28 janvier 2014

 Goldnadel

Les commentateurs de la semaine écoulée auront beaucoup glosé sur le grand malaise des catholiques de France qu’un voyage à Rome n’aura pas apaisé. Les soutiens de François Hollande n’ont pas manqué de faire remarquer que celui-ci n’était pas responsable des initiatives sociétales prises par une partie de ses amis agitant un chiffon rouge. Qu’ainsi, celui-ci n’aurait pas été un chaud partisan du mariage homosexuel. Autrement dit : c’est pas moi, c’est les autres… Ainsi va François Hollande, en ondulant : Zig Valls Zag Taubira. Zig social-démocrate Zag allié au PCF. Zig famille traditionnelle Zag banalisation de l’avortement et théorie du genre.

Pour relativiser l’ampleur des dégâts, la gauche médiatique déclinante qui a troqué pour la circonstance l’antique diabolisation pour la condescendance apitoyée, décrit les catholiques malfaisants comme une infime minorité de conservateurs nostalgiques, apeurés par l’inexorable modernité.

Une fois encore, elle se trompe. Ainsi, l’auteur de ces lignes ne se considère pas comme le porte-parole le plus indiscutable du catholicisme français. Il n’en est pas moins révolté par l’indifférence avec laquelle les chrétiens de France sont moqués impunément. Quand ils ne sont pas agressés dans leurs églises. La modernité à venir, et qui vient, sera celle d’une French Pride qui verra des citoyens de toute origine -et même des hétérosexuels blancs- crier joyeusement : « Nous sommes tous des catholiques français ! »

La même semaine, Libération et Le Monde publient des opinions convergentes sur Dieudonné. Le premier, sous la plume de Marcella Iakub, le second sous celle de Thierry Lévy. Les deux auteurs considèrent que ce fut une faute d’interdire le spectacle antisémite. Sur ce point là, je ne leur chercherai pas mauvaise querelle, balançant que je suis, entre la nécessité de faire respecter la loi existante et la certitude, qu’aujourd’hui, la loi est contre-productive. A fortiori, s’agissant des tribunaux français qui, en parfaite harmonie avec la justice médiatique, dispensent depuis des lustres une jurisprudence sélective dans laquelle la liberté d’expression profite davantage à l’extrême gauche qu’à la droite extrême. De guerre lasse, je suis personnellement arrivé à la conclusion que mieux vaudrait un premier amendement à l’américaine ou l’excès serait autorisé dès lors qu’aucun particulier n’en serait affecté.

C’est en revanche le second point commun aux deux articles qui m’a fait tordre un peu le nez. Selon en effet Iakub et Lévy, il ne serait pas nécessaire d’embêter Dieudonné l’antisémite, au motif que l’antisémitisme serait désormais passé de mode en France et serait en tout état de cause inoffensif, contrairement à d’autres racismes…

Ainsi, quelques mois après qu’un individu, pensant comme Dieudonné exactement la même chose sur les juifs et Israël, se soit introduit dans une école de France pour attraper une petite fille par les cheveux et lui tirer une balle dans la tête. Ainsi, dans un pays, dont les banlieues abritent une minorité non négligeable de jeunes à qui l’on a inculqué le venin de la judéophobie. Ainsi, dans un pays où des djihadistes en herbe, fanatisés par des télévisions qataries assez peu philosémites mais très respectées, sont en train de se faire la main en Syrie avant de rentrer s’occuper autrement.

Ainsi, dans un pays où ce dimanche encore, ultra droite et rouges bruns ont crié « A bas les juifs » dans les rues de Paris, il se sera trouvé deux intellectuels de gauche -dont un avocat estimable- pour proférer une ineptie idéologique en infraction totale avec la réalité aujourd’hui constatée par tous. Que ce soient Libération et Le Monde, chantres trentenaires de l’antiracisme sélectif en faillite, qui en soient les vecteurs, m’étonne évidemment moins.

Bien entendu, il y a peu de risque qu’un point de vue déplorant toute condamnation contre la sortie inopinée du maire de Cholet contre les Roms ait été toléré dans les mêmes colonnes, au nom de la sainte et sacrée liberté d’expression. Vous avez dit sélectif ?

Si je ne le dis pas, alors qui va le dire ?

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Les responsables de France 2, sans rire, contestent le fait qu’il y aurait un rapport entre l’invitation récente faite à Marc Édouard Nabe de se trouver sur le plateau de M. Taddeï et le projet de reléguer son émission au fin fond de la soirée. On se souvient que M. Patrick Cohen de France Inter avait déjà lourdement mis en cause le sens de l’hospitalité de son collègue du service public.

Mon lecteur averti -pardon pour le pléonasme- se doute que je nourris pour M. Nabe la même estime limitée que pour M. Mbala Mbala. Il n’en demeure pas moins, que si je dois choisir, au sein du service public de l’audiovisuel dont on connaît le grand esprit d’ouverture, le système le moins attentatoire au pluralisme, je préfère celui de M. Taddeï et ses excès à celui cadenassé de M. Cohen qui, au sein du même mainstream va opposer gauche soft et gauche extrême.

À tout prendre, je préfère, comme cela m’est arrivé à plusieurs reprises, que Frédéric Taddeï nous oppose avec mon cher Guy Millière à quelques affreux vociférant, plutôt que d’être enregistré par France Inter à propos du mur des cons du Syndicat de la Magistrature… pour ne jamais être diffusé.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation de Valeurs actuelles.

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