Publié par Albert Bertold le 30 janvier 2014

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« Liens trop étroits entre la sphère économique et la politique », « argent public pas dépensé de façon transparente », le rapport sur la corruption dans les professions politique et juridique de la France publié le 27 janvier par le GRECO, le Groupe d’Etats contre la corruption du Conseil de l’Europe n’est pas tendre.

Il tombe au moment où le placement du rejeton d’Yves Le Drian dans le groupe SNI, premier bailleur social français, fait désordre chez ceux qui se sont empressés de vilipender Nicolas Sarkozy pour avoir voulu placer son rejeton à lui à la présidence de l’Epad en novembre 2009. Au point que le 27 janvier, Libération affirme que le poste dépasse le “curriculum vitae du jeune homme, par ailleurs directeur du contrôle interne et du contrôle de gestion d’Efidis”, et que Le Monde, dans un typique style politiquement correct (qui laissera peu de doute sur l’esprit des auteurs Catherine Rollot et Nathalie Guibert), affirme que “sa jeunesse tranche avec les cheveux blancs et la maturité des autres collaborateurs”.

Il tombe également quand la répudiation par le Président de sa copine Trierweiler fait dire aux commentaires qu’une entrée de Ségolène Royal au gouvernement devient possible, et pose une question tragique de gouvernance : si la France a un impérieux besoin, pour bien fonctionner, du savoir-faire de Royal, c’est scandale d’Etat que la jalousie d’une seule femme en ait privé le pays, et si la jalousie n’a rien à faire là dedans, il est anormal que Ségolène comme par magie arrive maintenant au gouvernement.

Il tombe enfin quand Le Conseil Supérieur de la Magistrature décide de refuser de prononcer une sanction disciplinaire à l’encontre de l’ancien procureur de Nanterre, Philippe Courroye, en affirmant que “l’intéressé (…) ne disposait pas des qualités requises pour diriger un parquet” !

Et donc, en France, dit le rapport, “les acteurs politiques aux niveaux national et local sont perçus … comme les plus touchés par les diverses formes de corruption ou de financement illicite” en raison de « liens trop étroits entre la sphère économique et la politique », et parce que «l’argent public n’est pas dépensé de façon transparente …le parlement étant un maillon particulièrement faible de la sphère politique.”

Le GRECO ajoute que “les affaires politico-financières (impliquant des partis politiques et élus au niveau national ou local) ont continué ces dernières années à être une source importante de polémiques publiques, mais que “ces mêmes polémiques ont touché parallèlement le fonctionnement de la justice, particulièrement au sujet de sa politisation et de la non-indépendance du parquet (avec en parallèle des blocages du travail des juges d’instruction)”.

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Car une bonne justice ajoute le rapport, doit être indépendante. Mais en France, le manque “d’autonomie des magistrats professionnels apparaissent préoccupants” et “il existe des risques d’interventions problématiques du pouvoir exécutif dans le processus disciplinaire et celui des nominations/promotions des juges et plus encore des procureurs.”

On tremble tout particulièrement, en songeant aux milliers de sociétés et contribuables broyés par des décisions d’une justice douteuse ou approximative, en lisant que “Le GRECO recommande qu’une réforme soit conduite au niveau des tribunaux de commerce et des conseils des prudhommes afin de renforcer l’indépendance, l’impartialité et l’intégrité des juges non professionnels.”

Quand au dossier brûlant (à l’aube d’exploser) Anticor (association de lutte contre la corruption) dans lequel la Garde des Sceaux, garant de l’impartialité de la justice, prend parti en faveur d’une partie civile contre un justiciable, il est heureux que la cour d’appel ait reconnu recevable la plainte de Patrick Buisson contre Christiane Taubira.

L’avocat Gilles-William Goldnadel évoque à juste raison une « affaire d’État », et une « grave violation » d’une position « intenable » pour la ministre, et l’on n’oublie pas la recommandation du même GRECO en 2001 et de l’OCDE qui dénonçaient “le manque d’indépendance du parquet” qui “contribuait à décrédibiliser le parquet et la justice française, qui souffrent d’une mauvaise perception dans le public.”

L’on pourra disserter à l’infini sur les raisons qui font qu’un pays aux vieilles traditions, qui se sent habité du droit de remontrance envers le reste du monde, ne se classe pas mieux que 22ème sur l’index des pays les moins corrompus de Transparency International et ait un criant besoin, selon l’ONG et le Conseil de l’Europe d’un “code de conduite”.

L’on pourra longtemps disserter de savoir s’il est raisonnable, si l’on doit, avoir confiance en une justice qui se classe si bas dans cet index.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Albert Bertold pour Dreuz.info.

Source : lepoint.fr valeursactuelles.com

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