Publié par Gilles William Goldnadel le 25 février 2014

WILLIAM GOLDNADEL (CONSEIL REPRESENTATIF DES INSTITUTIONS JUIVES DE FRANCE), INTERVIEW

Le beauf imaginaire, dans la littérature gauchisante ou cabusienne, est ordinairement gratifié d’une moustache, d’un béret et d’un litron. Dans la réalité, j’aurais tendance à le peindre aujourd’hui en jean et baskets Adidas. Quant aux moustaches, je l’affublerais volontiers des baccantes de José Bové. Entendu longuement celui-ci cette semaine sur les radios d’un service que l’on dit public : les OGM et le gaz de schiste c’est poison interdit. Un point c’est tout. Pas de discussion. Pas de recherches scientifiques contradictoires. Ça tombait bien, personne ne le contredisait. Si la définition du beauf est le bas goût pour la péroraison au café du commerce de la politique, au besoin en poussant une gueulante, alors ma caricature ressemble à son portrait.

Ces députés Vert –alliés aux socialistes– qui prétendaient moraliser la politique, sont devenus les plus politicards des politiciens roublards. Nos marabouts néo poujadistes ne dédaignent pas le bout de ficelle. Ils hurlent contre un ectoplasmique lobby du nucléaire mais incarnent objectivement le lobby le plus efficace pour le maintien de l’emprise pétrolière.

Il m’étonnerait que les fossoyeurs arriérés de l’écologisme réel trompent encore longtemps un monde qui ouvre les yeux. Voilà les beaufs mode devenus démodés.

Parlons franc, cette semaine, je trouvais l’actualité française un peu creuse. Pas de bonnes grosses bourdes, boursouflures ou autres impostures, à se mettre sous une dent mauvaise. Les socialistes étaient en vacances…
Heureusement, les intermittents du spectacle n’ont pas chômé. Outrés par le fait que le Medef ne soit pas convaincu que leur régime chômage soit d’une grande justesse, les voilà qui, cornaqués par la CGT-spectacle, ont envahi les locaux de l’organisation patronale d’Île-de-France. Ces chantres de la libre culture ont cru devoir retenir démocratiquement mais contre son gré le délégué général Jérôme Dubus. Celui-ci a eu le front quasi national de refuser la publication sous la contrainte d’un communiqué du Medef désavouant les chiffres publiés sur le régime des intermittents. Mais il y a plus farce encore : la publication d’une pétition à l’initiative de l’ancien ministre communiste Jack Ralite demandant à François Hollande « de maintenir et de développer la politique culturelle » autrement dit, de conserver le régime ruineux pour privilégiés dénoncé par la Cour des Comptes. Ce serait, selon ses généreux et intelligents signataires, (Robert Guédiguian, Agnès Jaoui, Olivier Py…)« Le meilleur antidote à tous les racisme, antisémitisme, communautarisme et autres pensées régressives sur l’homme » (Le Monde 21 février). Rien de moins. Les intermittents du spectacle, la CGT et leurs soutiens étaient des résistants à temps plein et je ne le savais pas. C’est beau la culture.

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Dans un ordre d’idées résistantes et antiracistes assez voisin, retour sur les récentes prestations télévisées de Bedos le jeune. La première pour régler son compte d’assez belle manière à M. M’Bala M’Bala, la suivante, grimé vaguement en juif orthodoxe, pour régler le leur à tous les autres, à commencer par le petit landerneau judaïque, fana de sa première performance.

Pour le dire franchement, je ne suis emballé ni par l’une, ni par l’autre. Tirer sur une ambulance même frappée de la Croix-Rouge gammée, ne me paraît pas, au stade de coma moral dépassé de son conducteur, constitutif d’un acte de rébellion héroïque exceptionnel. S’agissant de la seconde, dans laquelle le mot « goy » (qui n’a, il est vrai rien de péjoratif) est utilisé sans complexe, je dirais, qu’en ce qui me concerne, le judéo-centrisme goy obsessionnel, même à prétention antiraciste, largement utilisé par la gauche philosémite, forcément philosémite, me pompe l’air. Suis-je assez clair ?

Et pour rester chez les humoristes, lue, dans Paris-Match, cette phrase si juste du célèbre et talentueux Inconnu Didier Bourdon : « trois comiques qui ne crachent pas à la figure des gens, par les temps qui courent, c’est appréciable ». Je reconnais, toute honte bue, regretter un Fernand Raynaud, qui ne crachait non plus sur qui que ce soit, n’avait pas honte d’être gentil, et n’avait pas l’obsession de la différence. Les Inconnus sont les fils de personnes, Fernand Raynaud n’est pas le fils de Paul. Nicolas, ne lui déplaise, est bien le fils de Guy. C’est de l’humour.

Le Monde de cette semaine s’indigne dans un éditorial du 14 février de « l’atroce indifférence » de l’opinion publique à propos de la Syrie. Le quotidien du soir ne sait peut-être pas à quel point il a raison. Depuis que la tuerie a commencé, depuis que plus de 140 000 personnes humaines ont été massacrées, depuis que deux millions de Syriens ont pris le chemin de l’exil, les associations autoproclamées pour défendre les droits des hommes, les prétendus défenseurs de la cause arabe coiffés de leurs keffiehs, les belles âmes au cœur pur qui ne dédaignaient pas user leurs escarpins sur le pavé parisien pour bien moins que cela, n’auront pas organisé une seule manifestation pour dire leur écœurement. Ah si seulement, c’étaient des Américains, des Français, des Israéliens, bref des occidentaux, des blancs quoi, les salauds à maudire, vous auriez vu les godillots de Gaillot et Besancenot. C’est à vous dégoûter d’avoir des principes intangibles.

Si je ne le dis pas, alors qui va le dire ?

Et pour demeurer sur la même thématique proche-orientale, Arte se sera encore distinguée cette semaine.
Alors que la presse française aura salué quasi-unanimement le film « Bethléem » co-réalisé par un israélien et un palestinien pour traiter de la complexité du conflit à travers les relations entre un agent du Shin Bet et son informateur, la télévision de service public, samedi soir, aura trouvé au hasard deux militants pour dénoncer le caractère trop pro-Israélien du film.

En ce qui me concerne, je rappelle n’être astreint à aucune obligation de neutralité et de responsabilité qui m’interdirait l’engagement partisan. Je ne suis pas non plus appointé par le service public allemand ou français.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation de Valeurs actuelles.

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