Publié par Guy Millière le 28 février 2014

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J’offre ici aux lecteurs de Dreuz un extrait d’un livre à paraître dans quelques semaines. Le livre s’appellera « Voici revenu le temps des imposteurs »).

Comprenez que la décision d’entreprendre en France, quand bien même elle existe encore, est en train de faner et de rejoindre le crépuscule.

Et observez depuis là l’économie française.

Ne soyez pas surpris qu’elle tourne au ralenti. Etonnez-vous plutôt qu’elle tourne encore.

Dites-vous qu’il y a une forme d’héroïsme et d’abnégation un peu masochiste chez ceux qui la font tourner.

Notez le taux de croissance qui, depuis des années, se situe alentour de zéro et indique une évolution très nette vers la stagnation.

Notez les chiffres du chômage, qui pourraient être plus alarmants encore s’ils ne faisaient pas l’objet de toilettages dissimulateurs, et si se trouvaient comptés tous ceux qui sont sans emploi et qui incluent ceux qui n’ont jamais travaillé, ceux qui n’ont pas travaillé depuis si longtemps qu’ils ne figurent plus sur les listes, ceux qui vivent d’infimes allocations de subsistance et qui ne songent même plus à trouver un emploi, ceux qui se terrent ici et là dans des taudis et des masures insalubres.

Notez les chiffres de la pauvreté, qui se rapprochent des dix millions. Sur soixante cinq millions d’habitants en ce pays.

Notez les usines qui ferment une à une, et qui ne laissent la place à aucune autre usine et à aucun atelier, à aucune autre activité productive, et simplement à la rouille et à la ruine.

Notez que s’il existe toujours des innovateurs et des inventeurs français, ils exercent de moins en moins leurs activités en France, et notez que la France est absente de quasiment tous les secteurs d’avenir, et particulièrement de tous les secteurs de haute et de très haute technologie où tout repose sur l’innovation et l’aptitude à se projeter dans le futur en considérant que celui-ci est ouvert. Notez que les seuls secteurs d’avenir dans lesquels la France est bien implantée, tels le nucléaire ou l’aéronautique, sont étroitement adossés au gouvernement.

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Notez que les idées d’économie post-industrielle et post-capitaliste ont, à ce jour, très peu pénétré en France où on parle encore de « ré-industrialisation », sur un mode qui a des accents pathétiques venus du dix-neuvième siècle.

Notez que s’il y a de grandes entreprises en France, parfois tournées vers des activités post-industrielles et post-capitalistes, ces grandes entreprises, en général, sont planétaires, et réalisent une part cruciale de leur chiffre d’affaire et de leurs accomplissements en d’autres contrées.

Notez que s’il reste de grands entrepreneurs français, car il en reste, ceux-ci, pour la plupart, exercent eux-mêmes leurs activités à l’échelle planétaire, et n’ont plus qu’un pied dans ce pays.

Notez que, à de rares exceptions près, ceux qui envisagent d’entreprendre et qui sont nés en France réalisent leurs projets ailleurs en tout ou partie, et, pour sauver ce qui peut l’être, situent les parts les plus profitables de ce qu’ils font hors du territoire français.

Notez la hauteur écrasante des dépenses publiques, cinquante sept pour cent du produit intérieur brut (PIB), ce qui est un record du monde parmi les pays développés.

Notez la hauteur tout aussi écrasante des prélèvements obligatoires, quarante six pour cent du PIB. Et notez l’écart entre dépenses publiques et prélèvements obligatoires : car cet écart représente des sommes qu’il faut emprunter et qui s’ajoutent aux emprunts existants.

Notez l’endettement du pays, de plus en plus abyssal, de plus en plus intense, de plus en plus insensé : bientôt quatre vingt quinze pour cent du PIB. Cent pour cent, sans doute, dans quelques années. Beaucoup plus dans une ou deux décennies.

Observez derrière cet endettement qui ne cesse d’exploser des mécanismes à l’oeuvre qui ne pouvaient que conduire à des effets pervers et fonctionner comme ces étranges et monstrueuses machines cannibales conçues pour se dévorer elles-mêmes à mesure qu’elles fonctionnent.

Notez les dispositifs de redistribution.

Notez que le but, officiellement, était de prendre aux plus actifs, aux plus créatifs, aux plus dynamiques, pour donner (sans attendre d’eux la moindre contrepartie) aux moins actifs, aux moins dynamiques, aux moins créatifs, et qu’il s’agissait aussi, officiellement toujours, de tendre une main « compatissante » à ceux qui trébuchent et tombent.

Notez que, comme partout où des dispositifs du même genre ont été mis en place, cela a peu à peu conduit les plus actifs, les plus créatifs, les plus dynamiques à être moins actifs, moins créatifs, moins dynamiques, à mesure que le fardeau qu’ils devaient porter s’est alourdi, ou à, très simplement, partir vers d’autres lieux, physiquement ou financièrement.

Notez que cela a conduit en parallèle, à une augmentation du nombre des moins actifs, des moins créatifs, des moins dynamiques qui a mené elle-même à alourdir encore le fardeau porté par les plus actifs, les plus créatifs, les plus dynamiques résiduels, ce qui les incite eux-mêmes à partir à leur tour.

Notez que se sont mis en branle ainsi des phénomènes migratoires qui se poursuivent, et qui font qu’à mesure que des gens plus actifs, plus créatifs et plus dynamiques s’en sont allés ou s’en vont, des gens moins actifs, moins créatifs, moins dynamiques sont arrivés et arrivent.

Notez la déperdition de capital humain et intellectuel qui résulte, en une ère où le capital humain et intellectuel est d’une importance fondamentale, et la déperdition de capital tout court.

Et observez que la stagnation économique dissimule en fait bien davantage qu’une stagnation.

Une régression déjà en cours. L’enclenchement d’une spirale qui conduit peu à peu vers la déchéance.

Observez que le pays ponctionne et conduit vers l’euthanasie ceux qui ont encore de l’argent et des idées et qui n’ont pas fui, ou ceux qui ne peuvent pas fuir parce qu’ils n’ont pas des sommes importantes devant eux.

Et observez que le pays attire des indigents par milliers, et leur distribue un argent qu’il n’a plus, tout en dépensant en parallèle un argent qu’il n’a pas et aura de moins en moins.

Observez que le pays entretient déjà des indigents par millions et dépense déjà sans compter.

Observez que s’approche le moment où le pays n’aura même plus la possibilité de trouver l’argent qu’il n’a plus ou qu’il n’a pas auprès de prêteurs, et où il n’y aura plus rien à redistribuer, et plus rien à dépenser.

Demandez vous ce qui surviendra alors. Demandez-vous si ce n’est pas déjà en train de survenir.

Observez la société française.

Ne soyez pas surpris qu’elle se porte mal.

Soyez surpris qu’elle existe encore.

Et voyez qu’une implosion gigantesque est d’ores et déjà enclenchée.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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