Publié par Michel Garroté le 12 mars 2014

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Michel Garroté, réd en chef  —  Christiane Taubira peut-elle rester à son poste ? (extraits adaptés et commentés ; voir source en bas de page). La question est posée mercredi 12 mars 2014 alors que la ministre de la Justice est prise dans les tourments de l’affaire de mise sur écoute de Sarkozy. Elle y assurait n’avoir pas eu d’information sur ces écoutes avant la parution du Monde, le 7 mars.

« Il s’agit d’une information judiciaire traitée par des magistrats du siège. Il s’agit de juges du siège indépendants sans relation avec la Chancellerie et par conséquent la réponse est très claire, je n’avais pas l’information avant », a-t-elle affirmé. Un peu plus tôt sur France Info, elle assurait aussi ne pas disposer d’éléments de la procédure.

Des déclarations contredites par Jean-Marc Ayrault lui-même. Sur le plateau de France 2, le Premier ministre a expliqué mardi soir que l’exécutif « n’a pas appris le contenu des écoutes » judiciaires visant Nicolas Sarkozy mais connaît leur existence depuis le 26 février, date de l’ouverture d’une information judiciaire.

« La garde des Sceaux a reçu une information, que j’ai eue moi-même ensuite, qu’il y avait une nouvelle information judiciaire qui avait été ouverte sur des faits extrêmement graves. C’est à cette occasion qu’on l’a appris ».

La version de la ministre de la Justice est également contredite par Le Canard Enchaîné, selon qui elle disposait bien d’informations sur l’affaire depuis le 26 février. Selon l’hebdomadaire satirique, la ministre aurait même reçu « régulièrement un résumé du déroulé de l’enquête, comprenant une synthèse des écoutes téléphoniques ».

Ces informations lui auraient été transmises par le procureur général de Paris après, explique Le Canard enchaîné, que le juge Serge Tournaire a officiellement versé au dossier les écoutes qu’il avait jusqu’alors « prudemment classées dans une cote secrète: actes en cours» pour éviter les fuites vers «le procureur et surtout les avocats ».

Devant ce qui ressemble de plus en plus à un couac gouvernemental, la droite a vivement protesté : mercredi 12 mars, Jean-François Copé et l’ensemble des ténors de l’UMP ont demandé la démission de la ministre, qu’ils accusent d’avoir menti.

L’ancien ministre et député de la 11ème circonscription des Français de l’étranger, Thierry Mariani, lance dans un tweet que Christiane Taubira « doit aujourd’hui s’expliquer sur son mensonge. Sinon, elle sera définitivement disqualifiée pour rester au Gouvernement », assure-t-il sur le réseau social.

Harlem Désir a pris sa défense ce mercredi matin pour dénoncer « une opération d’enfumage de la droite », qualifiant la garde des Sceaux de « garante du bon fonctionnement de l’institution judiciaire ». L’affaire pourrait ne pas s’arrêter là.

Christiane Taubira a déclaré mercredi 12 mars qu’elle ne démissionnera pas de son poste de ministre de la Justice. « Non je n’ai pas menti », a-t-elle dit mercredi en prenant la parole lors du compte rendu du conseil des ministres habituellement orchestré par la porte-parole du gouvernement. « Non je ne démissionnerai pas », a-t-elle ajouté. « Je n’ai pas (eu) et je n’ai toujours pas d’information concernant la date, la durée, le contenu des interceptions judiciaires », a affirmé Madame Taubira.

Selon le Canard Enchaîné, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, était lui aussi au courant du contenu du dossier des écoutes de Nicolas Sarkozy, et ce avant même Christiane Taubira. Mercredi 12 mars, le ministre de l’Intérieur s’est défendu sur RTL, affirmant qu’il avait été mis au courant par la presse ? (fin des extraits adaptés et commentés ; voir source en bas de page).

Quoi qu’il en soit, même le quotidien de gauche Le Monde se montre intraitable avec le pouvoir socialiste lorsqu’il écrit (extraits ; voir source en bas de page) : « La ministre de la justice est disqualifiée. Le 10 mars encore, Christiane Taubira assurait qu’elle n’était pas au courant de cette procédure d’écoute de M. Sarkozy. Il s’avère qu’elle a menti. Le procureur général de Paris, François Falletti, vient de confirmer qu’il avait prévenu la chancellerie le 26 février, le jour même où les juges ont été saisis des présomptions à l’encontre de l’ancien président. Il ne pouvait en être autrement ».

Le Monde : « La garde des sceaux avait elle-même réclamé, par une circulaire du 31 janvier, d’être informée par les procureurs généraux, « régulièrement, de façon complète et en temps utile », de toutes les affaires sensibles. On peut faire crédit à la ministre de ne pas intervenir dans les affaires individuelles. Mais elle a évidemment été informée. L’image d’intégrité patiemment construite par Mme Taubira s’effondre donc. Le premier ministre est entraîné dans cette chute. Jean-Marc Ayrault avait repris à son compte les arguments de sa ministre ».

Le Monde : « Il a été contraint d’admettre, le 11 mars, qu’il était lui-même au courant. Et le reste de son plaidoyer – il ignorait le contenu desdites écoutes… – est inaudible. Quant au ministre de l’intérieur, Manuel Valls, il maintient avoir appris tout cela dans les journaux, et choisit donc le ridicule d’apparaître comme l’homme le moins bien informé de France ! Désormais, enfin, le chef de l’Etat lui-même est interpellé, inévitablement. Qui peut croire qu’il ne savait pas ? », ajoute Le Monde (fin des extraits ; voir source en bas de page).

Taubira dégagera ou ne dégagera pas ?

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info

Sources :

http://www.leparisien.fr/politique/sarkozy-sur-ecoute-taubira-prise-en-flagrant-delit-de-contradiction-12-03-2014-3665809.php

http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/03/12/la-faute-de-christiane-taubira_4381615_823448.html

 

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