Publié par Jean-Patrick Grumberg le 13 mars 2014

France Cabinet Meeting

Les documents que brandissait Christiane Taubira, et destinés à prouver qu’elle ne mentait pas lorsqu’elle disait ignorer que Nicolas Sarkozy était sur écoute, sont précisément ceux qui l’accusent.

Acte manqué ? A-t-elle fait cela pour mettre fin à un mensonge au dessus de sa capacité à mentir ? Si c’était le cas, le lapsus la réhabiliterait, enfin… presque.

Christiane Taubira, en tous cas, vient de se suicider politiquement. Qu’elle démissionne ou pas, elle a signé son arrêt de mort politique – et avec lui ce qui restait de dignité à la gauche.

Taubira, en panique, se compromettant avec les documents qu’il ne fallait surtout pas montrer, a été foudroyée par la dure réalité : on ne passe pas de militante indépendantiste à la petite semaine, à ministre du pays dont on dénonçait le colonialisme et demandait la rupture.

Faux pas fatal. Taubira a perdu les pédales.

4381703_3_7a58_christiane-taubira-montre-le-courrier-par_de5b05dbb5ea4ed9e9c6a7a7be526c0e

Voici le texte des lettres exhibées par la ministre et que les téléobjectifs des journalistes ont identifiés :

[message_box title=”Lettre de Eliane Houlette, procureur financier, adressée le 26 février au procureur général près de la Cour d’appel de Paris” color=”blue”]

Objet : Ouverture d’une information pour des faits susceptibles d’être qualifiés de violation du secret de l’instruction, trafic d’influence passif par une personne exercant une (…) publique, trafic d’influence passif par un particulier sur une personne chargée d’une (…) de service public, complicité et recel.

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants (…)

Dans le cadre de l’information citée en référence, relative au financement de la campagne présidentielle de 2007, MM. Tournaire et Grouman, juges d’instruction, m’ont (…) par ordonnance de soit-communiqué du 17 février 2014, de faits incidents susceptibles de caractériser les infractions de violation du secret de l’instruction, trafic d’influence passif et actif, complicité et recel de ces infractions, à la suite des investigations menées par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions fiscales agissant sur commission rogatoire délivrée le 23 avril 2013.

Les policiers ont intercepté entre le 28 janvier et le 11 février 2014, des conversations téléphoniques entre Monsieur Nicolas Sarkozy utilisant une ligne téléphonique souscrite sous un nom d’emprunt (Paul Bismuth) et M. Thierry Herzog, avocat se servant d’une ligne téléphonique souscrite le même jour et au même endroit que la première. (…) révélé, d’une part, que Monsieur Thierry Herzog aurait pu être renseigné de (…) tant sur la surveillance des téléphones de Nicolas Sarkozy que sur la (…) d’une perquisition dans le cadre de l’information en cours et, d’autre part, (…) est entré en relation, à de nombreuses reprises, avec un magistrat du parquet général de la Cour de cassation, dont le nom figure dans la procédure, lequel aurait (…) avant une audience relative à l’examen d’un pourvoi concernant une ouverture d’information suivie à Bordeaux, les documents internes à la Cour de cassation (…) conseiller rapporteur et avis de l’avocat général) et rencontré un par un (…) lui expliquer”, avant qu’ils ne délibèrent, deux ou trois des conseillers (…) appartenant à la formation appelée à statuer sur ce pourvoi.

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Ces communications mettent également en évidence que ce magistrat aurait fait part à Thierry Herzog de son souhait d’être nommé conseiller au tour extérieur au Conseil d’Etat de Monaco et que Nicolas Sarkozy aurait assuré qu’il l’aiderait dans ce projet « avec ce que tu fais » (selon Thierry Herzog).

Certes les conversations interceptées sont celles d’un avocat avec son client, ce qui pourrait constituer un obstacle à l’ouverture d’une information. Mais elles ont eu lieu à travers une ligne téléphonique ouverte sous un faux nom et au surplus sont de nature à faire présumer la participation de l’avocat concerné à une infraction.

Au vu de ces élements, j’ai requis ce jour l’ouverture d’une information contre X pour ces faits.

Je vous tiendrai informé des développements de cette procédure.

Le procureur de la République financier

Eliane Houlette[/message_box]

[message_box title=”Lettre de Philippe Lagauche, avocat général près la Cour d’appel de Paris adressée à Christiane Taubira, datée du 26 février” color=”blue”]
Objet : Ouverture d’une information contre X des chefs de violation du secret de l’instruction, trafic d’influence actif et passif, complicité et recel, relatif à des faits nouveaux mis en évidence dans le cadre de la transcription d’écoutes téléphoniques ordonnées dans le dossier dit « des financements libyens » de la campagne présidentielle de 2007.

J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir trouver sous ce pli un rapport du procureur de la République financier me rendant compte de l’ouverture ce jour d’une information (…) personne non dénommée des chefs de violation du secret de l’instruction, de trafic d’influence actif et passif et de complicité et recel de ces infrations.

Le juge d’instruction saisi du dossier dit « des financements libyens » de la campagne présidentielle de 2007 (dont il vous est régulièrement rendu compte sous la référence AS/13/2352/FIN) a en effet par ordonnance du 17 janvier 2014 transmis au procureur de la République financier des procès-verbaux transcrivant des écoutes téléphoniques et des (…) d’appels téléphoniques dont il résulterait des suspicions de commission de ces infractions.

Il est en effet apparu que Nicolas Sarkozy placé sur écoutes dans le cadre de cette procédure, en aurait été informé, après que le bâtonnier de Paris ait été lui-même averti par le juge d’instruction conformément aux dispositions de l’article 100-7 du code de procédure pénale, la personne écoutée étant un avocat au barreau de Paris.

Il est également apparu que le même Nicolas Sarkozy, utilisateur d’une seconde ligne téléphonique portable – ouverte sous un nom d’emprunt pour semble-t-il déjouer la première écoute judiciaire – seconde ligne également écoutée, était en relations fréquentes avec Thierry Herzog, également avocat au barreau de Paris et qui est son conseil dans l’affaire dite « Bettencourt » en cours à Bordeaux ; à la faveur de ces conversations, il apparaît que les deux hommes évoquent à plusieurs reprises les interventions réelles ou supposées d’un magistrat du parquet général de la Cour de cassation, dans le cadre de l’examen par la chambre criminelle de cette Cour d’un pourvoi formé contre un arrêt de la chambre de l’instruction de Bordeaux.

Après examen de la jurisprudence relative à l’interception et à la retranscription de conversations entre une personne et son avocat, il apparaît que la validité de celles-ci, même si elle peut donner lieu à des contestations, peut se soutenir,le contenu des conversations et l’usage d’une ligne ouverte sous une identité d’emprunt étant de nature à faire présumer la participation de cet avocat à des faits constitutifs d’une infraction au sens de l’arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de cassation du 1er octobre 2003.

La nécessité de faire procéder à des investigations ne pouvant être ordonnées que par un magistrat instructeur – notamment de nouvelles écoutes – a conduit le procureur de la République financier à requérir l’ouverture d’une information distincte des chefs visés en objet, ces faits n’ayant pas de rapport direct avec le dossier initial.

Je ne manquerai pas de vous tenir informé des suites de cette procédure.

Le procureur général

Philippe Lagauche Avocat général

Service France[/message_box]

Alors bien-sûr, un vent de panique a soufflé dans les rangs socialistes lorsqu’ils découvrirent avoir perdu la main – dans un contexte de débâcle totale auprès de l’opinion publique – ne l’oublions pas.

Ainsi, pour Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, l’espionnage politique et le mensonge d’Etat de Taubira seraient des crimes qui demandent la démission du gouvernement s’ils étaient commis par la droite, mais une «maladresse» dans la bouche de Christiane Taubira.

Infantilisation d’une gauche nombriliste et jamais coupable, qui, prise les mains pleines des documents qui l’acculent, déclare : «Il n’y a pas de mensonges, le terme n’est pas approprié. On peut concéder une maladresse. Je préfère une maladresse à des malversations», dit Le Roux. Ce n’est pas un fait nouveau que les prisons n’accueillent que des innocents.

Et Najat Belkacem rit jaune et s’accroche aux branches d’un cactus qui ne pique qu’elle :

Ou Michel Sapin, perdant la fine couche de vernis dont se drapait hier la comedia socialista, traitant Nicolas Sarkozy de «pervers» qui «adorait avoir sur son bureau toutes les écoutes du monde». Personne dans la presse ne songera à lui demander les pièces à conviction – ce serait mesquin.

Et quand Harlem Désir, ne trouvant pas les bons mots pour défendre les mensonges de la ministre, affirme que “la seule attitude républicaine, c’est de laisser la justice travailler en toute indépendance”, il se fait immédiatement remettre à sa place par Michel Sapin qui ne l’entend pas de cet œil là et avoue dans un moment de panique : «On va continuer à s’occuper des enquêtes de Nicolas Sarkozy.” avant de se reprendre et de corriger son lapsus révélateur – mais trop tard.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading