Publié par Guy Millière le 13 avril 2014

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Il y a quelques semaines, Moshe Ya’alon, Ministre de la défense d’Israël, après avoir dénoncé le côté obsessionnel de John Kerry, cachait à peine sa hâte de voir celui-ci prendre un avion en aller simple pour Washington, ou pour la Scandinavie, si le comité Nobel se décidait à récompenser ses efforts, même infructueux, par un prix. Et je comprenais Moshe Ya’alon. Comme je l’ai écrit dans un article publié par la Metula News Agency, Moshe Ya’alon dit souvent tout haut ce que, sans doute, Binyamin Netanyahou qui, lui, doit recevoir John Kerry et l’écouter parler (je compatis) pense tout bas.

Pour l’heure, John Kerry n’a pas encore quitté ses obsessions, et n’a pas vraiment quitté le Proche Orient. Binyamin Netanyahou ne lui dira pas qu’il radote, et ne lui conseillera pas de ne plus reprendre le chemin de Jérusalem, car le gouvernement israélien n’entend pas se trouver installé dans le position de la partie fautive à cause de laquelle la « paix » ne verra pas le jour. Mahmoud Abbas, lui non plus ne dira pas à John Kerry qu’il radote et ne lui donnera pas congé : il discerne qu’il peut s’essuyer les pieds sur le costume de John Kerry et violer impunément tous les engagements qu’il a donné l’impression de prendre, et il ne voit pas pourquoi il ne continuerait pas. John Kerry, de son côté, laisse Mahmoud Abbas s’essuyer les pieds et lorsqu’il manifeste une irritation, la dirige contre Israël, pas contre Mahmoud Abbas.

John Kerry ne quittera pas ses obsessions de sitôt, et il ne quittera pas aisément le Proche-Orient. Il le quittera néanmoins : car il a échoué.

En fait, le scénario de l’administration Obama et de John Kerry prévoyait que les pourparlers de « paix » échoueraient. Mais il prévoyait aussi que Binyamin Netanyahou se laisserait mettre dans son tort, céderait davantage, ou serait bien plus déstabilisé intérieurement qu’il ne l’est, et prévoyait aussi qu’Israël se trouverait affaibli. Or, rien ne s’est passé comme prévu. Les pourparlers de « paix » ont échoué. Mais Binyamin Netanyahou est parvenu à ne pas apparaître comme ayant tort (ou pas au degré souhaité par l’administration Obama). Binyamin Netanyahou a beaucoup cédé, mais ne cédera pas davantage. Et malgré les efforts d’une gauche israélienne sourde, aveugle, mais pas muette (et même très volubile), il n’est pas déstabilisé. Israël n’est pas affaibli.

Le scénario de l’administration Obama et de John Kerry prévoyait que les dirigeants « palestiniens » se rendraient aux Nations Unies. Mais il prévoyait que le passage par les Nations Unies se ferait après l’échec des pourparlers, après que Binyamin Netanyahou ait été placé dans son tort, ait cédé beaucoup et ait été déstabilisé, après qu’Israël ait été affaibli : dans un contexte où les Etats Unis pourraient consentir, céder, reconnaître peut-être un Etat palestinien dans les « frontières de 1967 ». Or, rien là encore ne s’est passé comme prévu. Les dirigeants « palestiniens » ont décidé de se tourner vers les Nations Unies. Mais ils l’ont fait sans attendre que l’échec des pourparlers soit acté, et sans que Binyamin Netanyahou apparaisse en tort, aie cédé beaucoup, soit déstabilisé, et sans qu’Israël soit affaibli ; sans, donc, que les Etats Unis puissent consentir.

John Kerry et l’administration Obama sont dans une impasse

Et John Kerry, bien qu’abruti par des décennies d’adhésion aux dogmes de la gauche politiquement correcte, discerne qu’il a l’air de ce qu’il est, et n’apprécie pas d’être vu comme ce qu’il est.

Il ne quittera pas ses obsessions de sitôt, et il ne quittera pas aisément le Proche-Orient. Il le quittera néanmoins, disais-je : il le quittera sans doute, vu le contexte, dans la colère et l’amertume.

Israël doit-il craindre sa colère et son amertume ?

Ma réponse est : non. Binyamin Netanyahou peut rester poli. Inutile de brusquer quoi que ce soit. Moshe Ya’alon, pour l’heure, n’a rien à ajouter.

John Kerry a vraiment l’air de ce qu’il est, et aucune description, forçant le trait ne s’impose.

Il est en colère et amer, mais largement impuissant. Il peut diffamer Israël, mais sans aller trop loin. Il ne peut demander que les Etats Unis reconnaissent un Etat palestinien dans les « frontières de 1967 » à l’ONU. Ce serait inconcevable.

John Kerry et l’administration Obama n’ont d’ores et déjà plus qu’une crédibilité agonisante dans ce dossier, comme, d’ailleurs, dans tous les autres.

Les démocrates vont très vraisemblablement perdre les élections de novembre prochain, ce qui ôtera à John Kerry et à l’administration Obama le peu de crédibilité qui leur reste.

Le temps sera venu alors pour Israël de songer à qui pourrait succéder à Obama en 2016. Je suis certain qu’on y songe déjà autour de Binyamin Netanyahou, et que Binyamin Netanyahou y songe lui-même.

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Quel que soit le successeur d’Obama, il lui sera très difficile de faire pire qu’Obama.

Quel que soit le successeur de John Kerry, il lui sera très difficile de faire pire que John Kerry.

Je dresserai en temps voulu le bilan des années Obama. Je pense qu’il faudra chercher très loin, dans les tréfonds du dix-neuvième siècle pour trouver un Président aussi délétère qu’Obama, et encore : au dix-neuvième siècle, les Etats Unis n’avaient ni la puissance ni les responsabilités qu’ils ont acquis depuis.

J’accorderai, au moment du bilan des années Obama, quelques lignes à John Kerry. Il mérite tout juste quelques lignes avant de tourner la page.

Israël doit-il craindre ce que fait Mahmoud Abbas en ce moment ?

Ma réponse est non, là encore. Non seulement Israël n’est pas affaibli, mais Israël est puissant et stable.

Israël doit être vigilant et ferme.

Israël est vigilant et ferme.

Mahmoud Abbas va taper du poing sur la table, mais il a de petits poings asthéniques et une petite table bancale. Il est dans la dixième année de son mandat de quatre ans. Il n’est plus très jeune. Il est à la merci du Hamas et n’a pas intérêt à trop tirer sur la corde.

S’il veut collectionner les adhésions à des comités de l’ONU et à d’autres instances internationales, il peut les collectionner. Certains vieillards ont des collections de timbres. Il peut, lui, collectionner ce qu’il veut : cela ne lui donnera pas davantage de pouvoir dans un monde arabe qui se décompose et dans un Occident qui s’affaiblit.

Des dossiers plus urgents attendent Israël : la situation en Syrie, les projets de l’Iran, la diversification des alliances du pays.

La « cause palestinienne » ? Elle durera encore un peu, jusqu’à ce qu’Israël se tourne vers la solution à un Etat : Israël, de la Méditerranée au Jourdain, avec, éventuellement, vraiment éventuellement, un territoire très circonscrit occupé par l’Autorité palestinienne, et un placard où Mahmoud Abbas et ceux qui l’entourent pourront ranger ce qu’ils collectionnent. Et encore : faudra-t-il vraiment accepter longtemps qu’un territoire reste occupé par l’Autorité palestinienne ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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