Publié par Hervé Roubaix le 18 avril 2014
Abdelslam Bahiad, un de ses fils et leur avocat
Abdelslam Bahiad, un de ses fils et leur avocat

Abdelslam Bahiad, 58 ans, imam de la mosquée d’Orange et honorable président de l’association “Lumière de Dieu”, ses trois fils et une femme, comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Carpentras pour proxénétisme aggravé, non justification de ressources, blanchiment d’argent et aide au séjour irrégulier.

Ses trois fils, Abdel­ga­four, 28 ans, Omar, 35 ans, Niky, 37 ans, et Drissia El Bouchti, 47 ans, la rabatteuse et mère maquerelle qui avait elle-même commencé comme prostituée, étaient également poursuivis pour proxénétisme, non justification de ressources et aide au séjour irrégulier.

L'imam proxénète
L’imam proxénète

Abdeslam Bahiad profitait depuis 20 ans de la détresse et de la crédulité de jeunes marocaines mineures et de jeunes femmes, et avait organisé un vaste réseau de prostitution, les plus jeunes ayant à peine 14 ans.

Ce qui ne l’empêchait pas de diriger sa mosquée et de présider les prières.

Le système était bien rôdé : les filles se voyaient promettre l’obtention de papiers français en échange de plusieurs milliers d’euros, et une fois en France, elles devaient se prostituer pour rembourser les sommes. Parfois, leurs familles payaient -cher- pour voir partir “leurs filles à qui étaient promis papiers en règle, travail, avenir brillant”.

Drissia El Bouchtri, la rabatteuse, transportait les filles depuis le Maroc dans le coffre de sa voiture ou avec des faux passeports.

Une fois arrivées en France, les jeunes Marocaines étaient installées dans les nombreux appartements, souvent insalubres, que possédait Bahiad et étaient contraintes sous les coups et les menaces des fils et de l’imam de se livrer à la prostitution. “Quand on n’obéit pas, on cogne», a ainsi résumé la procureur pour expliquer le fonctionnement de l’entreprise d’esclavage sexuel.

Selon un enquê­teur, “cer­taines pros­ti­tuées audi­tion­nées ont affirmé avoir été vio­lées et frappées par les trois fils. L’une d’elles qui était tom­bée enceinte, déclare même que l’un d’eux lui a donné de gros coups de poing dans le ventre jusqu’à ce qu’elle perde l’enfant”.

Le commerce était lucratif : en vingt ans, Abdeslam Bahiad était devenu propriétaire d’un bar, Le France, qui servait de lieu d’appât, d’une dizaine d’appartements à Orange où les prostituées rencontraient leurs clients, de commerces, dont des salons de coiffure, et de sa maison de 300 m2 où il vit avec sa famille.

Café « le France » pour aborder les clients

“Ce système fonctionnait de manière efficace, rémunératrice et ancienne”, a expliqué le président du tribunal Michel Célarès au début de l’instruction.

Le tribunal a condamné le père à six ans de prison, assorties d’une interdiction de séjour pendant cinq ans dans le Vaucluse, le Gard et les Bouches-du-Rhône.

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Ses trois fils Omar, Niki et Abdelghafour, pour lesquels la même peine avait été réclamée, ont été condamnés à deux ans de prison pour le premier, et trois ans pour les deux autres, avec confiscation de leurs avoirs bancaires.

«Le cerveau, c’est le père, la tête pensante, la mise en place de l’organisation, c’est Abdelghafour et les bras armés, c’est les deux derrière”.

Drissia El Bouchtri écope de quatre ans de prison, dont deux avec sursis.

«Un proxénète ne travaille pas, ma cliente, à 4H du matin, elle est dans les vignes», a plaidé son avocat, Me Jean-Louis Rivière, soulignant qu’elle «ne (possédait) rien» et «ne (s’était) pas enrichie».

Ce dossier est entouré de «beaucoup de pressions, de violences, de menaces de représailles et d’intimidations» illustrées par les revirements de nombreux témoins, a constaté le président du tribunal, Michel Célarès.

L’enquête de la police judiciaire avait démarré en 2007 par la convergence de signalements des services sociaux, de renseignements sur un réseau de prostitution portés à la connaissance des policiers et des informations sur les activités douteuses de l’imam de la mosquée.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hervé Roubaix pour Dreuz.info.

http://www.h24info.ma/maroc/un-imam-marocain-accuse-de-proxenetisme-en-france/22125

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