Publié par Michel Garroté le 17 juin 2014

Gbagbo-livre

Michel Garroté, réd en chef –- D’une part, Laurent Gbagbo, ancien chef d’Etat ivoirien poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité », et d’autre part, le journaliste français François Mattei, ont co-signé le livre « Côte d’Ivoire : révélations sur un scandale français », à paraître le 26 juin prochain. A cette occasion, une question revient : la Cour pénale internationale (CPI) serait-elle, d’un côté, islamophile, et, de l’autre, israélophobe et christianophobe ?

Le livre de 320 pages, écrit d’une part, par Laurent Gbagbo, ancien professeur d’université, ancien président ivoirien, et d’autre part, par le journaliste François Mattei, grand reporter, ancien directeur de la rédaction de France-Soir, spécialiste de la Françafrique, est édité aux Editions du Moment.

L’ancien président ivoirien est accusé d’avoir couvert, ordonné ou facilité l’assassinat planifié de 160 personnes. Le 12 juin 2014, la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé, à la majorité, quatre charges de crimes contre l’humanité à son encontre.

A supposer que Gbagbo, un chrétien, ait couvert, ordonné ou facilité l’assassinat planifié de 160 personnes, le nombre de victimes présumées reste minuscule en comparaison du nombre de victimes de meurtres de masse et de génocides perpétrés, notamment par des dirigeants et chefs de guerre musulmans, en Afrique.

Dans le conflit qui a opposé l’ex-président Gbagbo au président élu Alassane Ouattara, les journalistes, par autocensure, ne nous ont pas montré le fanatisme islamique des combattants soutenant Ouattara. A noter que la victoire de Ouattara contre Gbagbo a été contestée preuves à l’appui ; et que les fraudes perpétrées ont été démontrées, également preuves à l’appui (voir premier lien en bas de page).

De plus, la légitimité de Ouattara, actuel président ivoirien, repose sur une base fragile due aux Baoulés et aux ethnies nordistes, tandis que les ethnies du sud, les Krus, pro-Gbagbo, font l’objet de représailles de la part du pouvoir actuel et attendent les présidentielles de 2015 qui promettent déjà d’être épiques.

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch n’a aucun doute sur le fait que les forces de Ouattara ont commis des exactions durant la crise postélectorale, surtout dans la phase finale de la crise. Les preuves fournies par Human Rights Watch dans son rapport sont accablantes (voir deuxième lien en bas de page).

De son côté, l’historien Bernard Lugan écrit que le pouvoir Ouattara est effectivement engagé dans une politique de répression qui frappe à la fois les militants et les électeurs du FPI, le Front populaire ivoirien, parti de Laurent Gbagbo, avec des centaines d’arrestations arbitraires.

Il faut ici rappeler l’épilogue de la guerre de la France, par procuration, contre Laurent Gbagbo, depuis son élection en l’an 2000, il y a maintenant quatorze ans. Ainsi, le 11 avril 2011, au terme de dix jours d’intenses bombardements de sa résidence officielle, Gbagbo est capturé par l’armée française et remis à ses supplétifs locaux. Il sera détenu à Korhogo, avant d’être transféré à la Cour pénale internationale en novembre 2011.

Incarcéré à la prison de Scheveningen à La Haye, après le litige qui marqua le second tour de l’élection présidentielle de novembre 2010 et la guerre qui s’en est suivie, le président Gbagbo a mené avec ses avocats le combat judiciaire pour démontrer son innocence.

Gbagbo a entretenu – au fil de ces années de crise – un dialogue continu avec François Mattei, qui restitue, dans « Côte d’Ivoire : révélations sur un scandale français », pour la première fois, l’exceptionnel témoignage de Gbagbo. Un récit riche en révélations sur les responsabilités françaises dans cette affaire, récit rythmé par les confidences inédites de Gbagbo.

« Faire bouger les choses, s’opposer au diktat, ce n’est pas facile, ce qui m’arrive en est l’illustration. Nous ne sommes libres qu’en apparence, à l’intérieur de la cage où l’on nous a mis, nos finances et notre économie sous tutelle, sans poids réel au niveau international, menacés d’être mis à l’amende si nous n’obéissons pas », dénonce Gbagbo dans « Côte d’Ivoire : révélations sur un scandale français ».

Selon Gbagbo, la Côte d’Ivoire avait les moyens de rompre sa dépendance vis-à-vis de la France et elle s’apprêtait à le faire, quand Sarkozy (ndmg – avec la bénédiction de Barack Hussein Obama) a pris un gourdin pour l’empêcher de poursuivre sa route. Ce livre constitue, sans aucun doute, un élément, un de plus, pour comprendre la longue et lamentable histoire de la Françafrique.

Il faut ici rappeler l’épilogue de la guerre de la France, par procuration, contre Laurent Gbagbo, depuis son élection en l’an 2000, il y a maintenant quatorze ans, et, jusqu’en 2011. Ainsi, le 11 avril 2011, au terme de dix jours d’intenses bombardements de sa résidence officielle, Gbagbo est capturé par l’armée française et remis à ses supplétifs locaux. Il sera détenu à Korhogo, avant d’être transféré à la Cour pénale internationale en novembre 2011.

A cet égard, en novembre 2011 déjà, Théophile Kouamouo, dans Le Nouveau Courrier, écrivait : « La Cour pénale internationale (CPI) voudrait- elle nous faire croire que Gbagbo, Gbagbo seul, est responsable du déclenchement de la rébellion armée qui a fait 300 morts seulement le 19 septembre 2002, de la tuerie des gendarmes et de leurs familles à Bouaké, des massacres innommables de Guitrozon et de Petit-Duékoué en 2005, des incendies de dizaines de villages à l’Ouest, du pire massacre de l’histoire de la Côte d’Ivoire – celui du quartier Carrefour à Duékoué [le 29 mars 2011] ? ».

« Voudrait-elle le faire admettre à travers un habile storytelling médiatique pour réussir à convaincre le monde entier peut-être, mais pas la majorité des Ivoiriens. Il ne faut pas s’y tromper. En exfiltrant Laurent Gbagbo pour le profit politique direct d’Alassane Ouattara, la justice internationale est fidèle à ses pratiques(les tribunaux spéciaux pour le Rwanda, pour la Yougoslavie ou pour la Sierra Leone).

« Depuis que la CPI a été créée visiblement pour gérer l’indocilité africaine, il n’y a que sur le cas kenyan qu’elle a poursuivi des acteurs des deux camps en présence – tous des seconds couteaux de toute façon. Et sur ce dossier, elle patauge ! Partout ailleurs, ses poursuites ont été unilatérales, et répondaient toujours aux jeux d’alliance et à la stratégie des puissances occidentales ».

« L’on remarquera l’hallali provoqué par la rébellion d’un certain nombre de chefs d’Etat africains, qui refusent de livrer le président soudanais Omar El Béchir, et l’indécente compréhension à l’égard du Conseil national de transition (CNT) libyen qui se soustrait, sur le même mode, à l’obligation d’obtempérer au mandat d’arrêt contre Saif Al Islam Kadhafi. Un fait est intéressant à noter : la justice internationale, depuis qu’elle s’est déployée en Afrique, a été impuissante à juguler l’impunité et à imposer un respect de la vie humaine et des libertés démocratiques ».

« Elle a aidé le président rwandais Paul Kagamé à traquer les génocidaires réels ou supposés, mais également à asseoir une dictature développementaliste qui n’a rien à envier à celle de Ben Ali. Sans vouloir comparer les itinéraires des hommes politiques en présence, absolument différents, il est piquant de remarquer que la CPI – donc le conglomérat des grandes puissances occidentales – a débarrassé Joseph Kabila, élu [en 2006] dans des conditions plus que troubles, de son rival Jean-Pierre Bemba ».

« La crise de légitimité qui traverse la République démocratique du Congo n’en reste pas moins aiguë. Les violences qui émaillent la présidentielle dans ce pays en témoignent. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, la CPI se comporte très clairement comme un auxiliaire d’une dictature naissante sûre d’une impunité garantie par le fait qu’elle soit sponsorisée par les grandes puissances ».

« Les réunions secrètes entre le procureur de la CPI Louis Moreno-Ocampo et Alassane Ouattara décrédibilisent à la fois le procureur et l’institution. Les forces de Ouattara sont citées nommément par de nombreux témoignages parvenus à la CPI. Le président actuel devrait être traité avec la même circonspection que Laurent Gbagbo. La coïncidence entre le départ de Laurent Gbagbo à La Haye et le transfert de trois journalistes de Notre Voie à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) est très troublante, et montre bien qu’à l’acharnement unilatéral de la communauté internationale, répond une radicalisation en interne d’un pouvoir qui se sait protégé ».

« Si les milliers de morts et les centaines de milliers de déplacés dont il est coupable n’émeuvent guère les Occidentaux, pourquoi l’embastillement absurde de journalistes aurait-il des conséquences ? Bailleurs de fonds, médias internationaux et diplomaties cornaquées par la France ont décidé de fermer les yeux sur la descente aux enfers de la Côte d’Ivoire. Passez votre chemin, il n’y a rien à voir ! », concluait, en 2011, Théophile Kouamouo, dans Le Nouveau Courrier.

Reproduction autorisée avec mention :

M. Garroté réd chef www.dreuz.info

Sources :

http://jssnews.com/2011/04/21/senateur-americain-il-y-a-eu-des-fraudes-massives-en-cote-divoire/

http://www.hrw.org/fr/news/2011/04/09/c-te-d-ivoire-les-forces-de-ouattara-ont-tu-et-viol-des-civils-pendant-leur-offensiv

   

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