Je m’appelle Mickaël. Le 18 juin 2014, j’ai passé mon Bac Français. Petit détail :je suis juif.
J’avais révisé tous les personnages de roman au programme cette année: Rastignac (Balzac), Julien Sorel (Stendhal), Octave Mouret (Zola), Bel Ami (Maupassant), etc.
Quand j’ai lu la description du personnage sujet du Commentaire de texte (14/20 points), j’ai eu un choc: “qu’est ce qu’une caricature de Juif vient faire à mon Bac Français ?”
Bac français 2014, séries technologiques – Commentaire
Objet d’étude : Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours.
Vous ferez le commentaire du texte C (texte de Cohen) en vous aidant du parcours de lecture suivant :
Vous étudierez tout d’abord le portrait d’un personnage à la fois comique et repoussant.
Vous montrerez ensuite comment ce personnage hors norme prend une dimension mythique et légendaire.
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Le premier qui arriva fut Pinhas Solal, dit Mangeclous. C’était un ardent, maigre et long phtisique à la barbe fourchue, au visage décharné et tourmenté, aux pommettes rouges, aux immenses pieds nus, tannés, fort sales, osseux, poilus et veineux, et dont les orteils étaient effrayamment écartés. Il ne portait jamais de chaussures, prétendant que ses extrémités étaient « de grande délicatesse ». Par contre, il était, comme d’habitude, coiffé d’un haut-de-forme et revêtu d’une redingote crasseuse — et ce, pour honorer sa profession de faux avocat qu’il appelait « mon apostolat ».
Mangeclous était surnommé aussi Capitaine des Vents à cause d’une particularité physiologique dont il était vain. Un de ses autres surnoms était Parole d’Honneur — expression dont il émaillait ses discours peu véridiques. Tuberculeux depuis un quart de siècle mais fort gaillard, il était doté d’une toux si vibrante qu’elle avait fait tomber un soir le lampadaire de la synagogue. Son appétit était célèbre dans tout l’Orient non moins que son éloquence et son amour immodéré de l’argent. Presque toujours il se promenait en traînant une voiturette qui contenait des boissons glacées et des victuailles à lui seul destinées.On l’appelait Mangeclous parce que, prétendait-il avec le sourire sardonique qui lui était coutumier, il avait en son enfance dévoré une douzaine de vis pour calmer son inexorable faim. Une profonde rigole médiane traversait son crâne hâlé et chauve auquel elle donnait l’aspect d’une selle. Il déposait en cette dépression divers objets tels que cigarettes ou crayons.
Albert Cohen, Mangeclous, chapitre I, 1938.
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Ce Mangeclous n’était pas au programme ! Qui c’est ce Cohen qui écrit un texte antisémite en 1938 ?? Il se tire une balle dans le pied (je n’aurais peut-être pas dû écrire ça dans mon devoir).
Comment s’appelait cette auteur juive française qui écrivait des textes antisémites et qui a fini à Auschwitz? *
Impossible de m’en souvenir…
La consigne…lire la consigne, pas paniquer : “un personnage à la fois comique et repoussant” : ça doit être le grand 1: l’embêtant, c’est que je n’arrive pas à voir le côté comique de la chose. Les Juifs aiment l’argent, les Juifs sont riches, c’est ce qui a tué Ilan Halimi. Qui choisit les sujets du Bac?
Et je dois montrer en quoi ce Juif est repoussant : je vais écrire qu’il est …sale :un an de révision de Français pour ça…
Bon, c’est clairement une caricature antisémite, donc en grand 2, je vais relever que le personnage est juif (évident, ça parle de synagogue) et relever tous les clichés antisémites.
En quoi est-il “mythique et légendaire”, ce Juif crasseux, menteur et avare? j’en sais absolument rien.
Les antisémites doivent s’amuser plus que moi : “les Juifs, aimer l’argent? mais est-ce vraiment un mythe?”
En rentrant, j’ai regardé un corrigé du sujet : surprise, le mot “juif” n’est même pas cité, le correcteur ne s’est pas mouillé.
Voila comment j’ai foiré mon écrit du Bac Français, heureusement que j’ai eu 16 à l’oral.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mickaël, avec l’aide de Joëlle, de Paris pour Dreuz.info.
* elle s’appelait Irène Nemirovsky
Mon cher Mickaël, vous écrivez visiblement plutôt pas mal.
Vous avez correctement, me semble t’il, compris le sujet et étiez donc en mesure d’obtenir une excellente note…. Seulement vous avez complètement oublié que l’éducation nationale, administration pléthorique gorgée de gauchistes attardés avait proposé ledit sujet.
Il fallait donc vous abstenir de stigmatiser le personnage décrit et vous contenter d’en faire au mieux un Rabbi Jacob, pour le côté comique et d’en décrire le côté repoussant du fait de ses défauts (congénitaux?).
Mais dire qu’il était juif. Ah mon dieu ! quelle erreur dans ce pays où le vivre ensemble est devenu la doxa de nos bons ministres bisounoursiens.
Vous avez de surcroit du bénéficier d’un correcteur sévère mais injuste qui vous aura appris qu’en Fracistan, on ne stigmatise pas les juifs…. ça ne sert à rien, à ce rythme là, ils vont bientôt disparaître.
C’est d’ailleurs surement ça la dimension mythique et légendaire ……. :heh:
Et pourquoi pas commenter ce texte ?
Le premier qui arriva fut Ossama , dit L’égorgeur. C’était un type grand et maigre à la barbe longue, au regard sombre. Il ne portait que des babouches, Il était coiffé d’un Keffieh et revêtu d’une djellaba sous laquelle on pouvait distinguer une ceinture d’explosifs — et ce, pour honorer sa profession de vrai terroriste qu’il appelait “Mein Kampf”
L’égorgeur était surnommé aussi Paix — expression dont il émaillait ses discours peu véridiques. Son appétit était célèbre dans tout l’Orient non moins que son éloquence et son amour immodéré pour le crime. Presque toujours il se promenait en traînant une voiturette qui contenait des têtes d’infidèles. On l’appelait L’égorgeur parce que, prétendait-il avec le sourire sardonique qui lui était coutumier, il avait en son enfance égorgée une douzaine de femmes pour calmer son inexorable faim de violence.
Très bon !
@kmichele
“Très bon !”
Pas sûr que l’éducation national partage votre avis et en face un sujet du bac.
* En fasse
Je ne m’étonne même plus de ce genre de choses concernant l’éducation nationale. Ceux qui nous traitaient de nazillons étaient eux même de vrais antisémites, à l’époque je n’aurai pas osé l’imaginer mais aujourd’hui on voit tomber les masques. J’ai quand même une pensée pour la jeune génération française de souche sans repères. Bravo pour votre insoumission et pour votre réussite à l’oral.
comment voulez-vous après un sujet pareille pour le Bac , que les jeunes
arabes qui passent le bac et les jeunes antisémites et nazillons
n’est pas la haine des juifs .. c’est purement scandaleux !!
après on s’étonne que les jeunes se permettent d’aller casser du juif comme hier soir rue des Rosiers ou à Sarcelles pour la manif pro-palos !! vu le laxisme de Hollande qui change d’avis comme de chemise les juifs ne sont pas sortie de l’auberge !! c’est une honte pour la France :reallyangry:
Pire : mettre ce sujet au Bac était destiné plutôt aux Français de souche qui ne sont pas antisémites. Ceux dont vous parlez ont déjà quitté l’école depuis longtemps et passent leur temps à dealer de la drogue au lieu d’aller en cours.
Donc si on y voyait la caricature du Juif, comme Mickaël, c’était la mauvaise note assurée, par contre si l’on n’y voyait pas la caricature du Juif, effet subliminal assuré pour les “souchiens” !
Ou comment diffuser en lousdé une idéologie nauséabonde !
@ kmichele
“Donc si on y voyait la caricature du Juif, comme Mickaël, c’était la mauvaise note assurée, par contre si l’on n’y voyait pas la caricature du Juif, effet subliminal assuré pour les « souchiens » !
Ou comment diffuser en lousdé une idéologie nauséabonde !”
Très juste. Voilà le genre de personnes qui rééduquent les jeunes esprits.
Les bras m’en tombent, sidérée, je suis ; quelle honte, ce pays qui m’a vue naître pourtant, quel dégoût profond est le mien.
En France on ne réforme pas. Encore moins à l’Éducation National… Bref en France on aime se guérir de nos tares par le vieille pratique de l’abcès de fixation. On est antisémite alors on en remet une couche, puis pourquoi pas un petit cataplasme antisioniste ou une petite saignée d’un toubib de banlieue. En France on aime les juifs de chez nous et ils doivent tous être socialistes. J’ai apris qu’un juif qui n’était pas de gauche est forcément un fasciste. Celui qui prononçait cette sentence était juif et je suis resté perplexe. C’était il y a environ 40 ans.