Publié par Dreuz Info le 30 septembre 2014

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Michel Garroté, réd. Chef  —  Alors que le Qatar affirme combattre l’extrémisme et a rejoint la coalition contre l’Etat islamique, différents rapports sur le terrorisme du département d’Etat américain montrent que des Qataris financent, avec l’aval de l’émirat, le mouvement djihadiste en Irak et en Syrie. Ci-dessous, je reproduis la version française d’une analyse d’Andrew Gilligan parue dans The Daily Telegraph. Les sources anglaise et française figurent en bas de page.

Les preuves de l’action du Qatar

La vérité est que, sans les financements importants que l’EI a reçus de certains individus au Qatar, il n’y aurait pas eu de guerre au départ. Au Royaume-Uni, Djihad John, l’homme avec un fort accent britannique présent sur les trois vidéos où sont assassinés les otages, incarne désormais aux yeux de l’opinion publique britannique la menace de l’EI. La semaine dernière, alors même que l’émir du Qatar jurait ses grands dieux que le pays n’avait jamais financé l’EI, le Trésor américain a apporté la première preuve que l’argent du Qatar avait bien permis à Djihad John et à d’autres Britanniques de rejoindre la Syrie.

Dans ce document est ainsi révélé l’identité d’un terroriste du nom de Tariq Al-Harzi, se décrivant comme “l’émir pour la région frontalière entre la Syrie et la Turquie, chargé par l’EI d’accueillir les nouveaux combattants étrangers et de les équiper d’armes légères avant de les envoyer en Syrie”. Il était d’ailleurs “responsable des combattants étrangers venus du Royaume-Uni”.

La « vigilance » du Qatar est inexistante

En septembre, selon le Trésor américain, Tariq  Al-Harzi “a permis à l’EI de recevoir 2 millions de dollars d’un intermédiaire financier de l’EI basé au Qatar, à condition que cet argent soit affecté uniquement à des opérations militaires. L’intermédiaire financier basé au Qatar avait également recruté Al-Harzi pour lever des fonds au Qatar.” Doha rétorquera qu’il s’agit d’individus privés et non du gouvernement. Mais tout Etat, et encore plus une autocratie du Golfe, a les moyens d’empêcher ce genre de chose, à condition de le vouloir.

Or, à en croire les derniers rapports sur le terrorisme du département d’Etat américain, la vigilance du Qatar à ce sujet est “inexistante”. Certes, il existe des lois réprimant le blanchiment d’argent et le financement des organisations terroristes mais leur mise en application est “aléatoire” et marquée par de “graves carences”. Par ailleurs, les preuves des liens du gouvernement qatari avec les extrémistes (dont certains ont réussi à lever des fonds alloués par la suite à l’EI) sont irréfutables. “Entre huit et douze personnalités éminentes au Qatar ont récolté des millions de dollars pour les djihadistes, a déclaré un diplomate occidental local. Et ils ne s’en cachaient guère”.

Des juteuses fusions

La plupart de ces personnalités récoltaient au départ de l’argent pour le Front Al-Nosra, une filiale d’Al-Qaida en Syrie. L’argent a coulé à flots l’année dernière quand Al-Nosra et l’EI ont officiellement fusionné et mis en commun leurs combattants et leur matériel. Mais ce partenariat fut de courte durée et a pris fin en début d’année. Une partie du financement et des armes envoyés par le Qatar à Al-Nosra entre avril 2013 et févier 2014 a alors échu à l’EI.

En décembre 2013, le gouvernement américain a ajouté un homme du nom de Abd Al-Rahman ben Umayr Al-Nuaymi à sa liste de terroristes officiellement recherchés par ses services. Selon des sources officielles, Nuaymi aurait “ordonné le transfert de près de 600 000 dollars à Al-Qaida par l’intermédiaire des représentants du groupe terroriste en Syrie”. Nuaymi était encore récemment conseiller pour le gouvernement du Qatar et membre fondateur d’une grande organisation caritative liée à la famille royale, la Fondation caritative du cheik Eid ben Mohammed Al-Thani.

Depuis 2012, un homme répondant au nom de Hajjaj Al-Ajmi, qui vit au Koweit, vient également régulièrement au Qatar. Sur des vidéos en ligne, on peut voir Ajmi en train de déclarer devant un public qatari que l’aide humanitaire en Syrie est “importante” mais que la priorité est de soutenir les djihadistes et de les armer… Donnez votre argent à ceux qui vont le dépenser pour la guerre sainte plutôt que dans l’humanitaire”.

Le jeu dangereux des alliances

Il y a aussi Mohammed Al-Arifi, imam aujourd’hui interdit de séjour au Royaume-Uni pour avoir préparé deux jeunes Gallois au djihad. Cet homme a été invité deux fois par le gouvernement qatari : en mars 2012 et en janvier de cette année. Arifi est encore revenu au Qatar cet été, après son expulsion du Royaume-Uni, lors d’une fête du ramadan où étaient présents un grand nombre d’extrémistes. L’un des intervenants de cette fête était un autre homme interdit de séjour au Royaume-Uni, Wagdy Ghoneim, qui considère Oussama Ben Laden comme un “héros” et un “martyr” et a été enregistré en train de faire chanter à un public des chansons antisémites ayant comme refrain : “Non aux Juifs, descendants du singe”.

L’engagement du Qatar auprès des extrémistes est sans doute un moyen d’assurer ses arrières en Syrie. Le Qatar est un pays qui a toujours cherché à multiplier les alliances. Le Qatar accueille le Hamas, les milices islamistes libyennes et les Frères musulmans de toute la région.

Reproduction autorisée avec la mention suivante :

Michel Garroté, réd. Chef www.dreuz.info

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/qatar/11125897/The-Club-Med-for-terrorists.html

http://www.courrierinternational.com/article/2014/09/30/le-club-med-des-terroristes?page=all

 

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