Publié par Rosaly le 7 octobre 2014

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“Mein Kampf” ce torchon nauséabond est un best-seller en Turquie depuis une décennie.

« Treblinka sera bientôt prête. Actuellement, ils préparent les voies de chemin de fer pour le transport des Juifs (à Treblinka).”

« Si j’étais premier ministre, je rassemblerais touts les Israéliens demeurant ici et les enverrais dans un camp de concentration” – Ali Ihsan Goker, chef du département de physique à l’université de Bilecik.

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Il est difficile de lutter contre l’antisémitisme, en Turquie, un pays où il y aurait 400.000 dijhadistes potentiels, et où l’antisémitisme est récompensé. Pourtant, il existe un noyau de braves qui établissent des dossiers sur la montée de l’antisémitisme et demandent aux autorités de diligenter des enquêtes – sans grand espoir d’être entendus.

Cet été, une ancienne branche d’al-Qaïda s’est métamorphosée en une armée régulière et a conquis de vastes régions en Irak et en Syrie.

D’abord auto-proclamée Armée islamique d’Irak et du Levant (ISIL), elle s’est ensuite tout simplement appelée Etat islamique (EI) et a instauré le califat islamique sur tous les territoires capturés. Le califat, qui s’est particulièrement distingué par sa cruauté, a massacré des dizaines de milliers d’infidèles, y compris les Musulmans chiites. Des otages occidentaux ont été décapités, victimes du djihad lancé contre le monde chrétien. Les méthodes du califat pour imposer le salafisme ont été dénoncées comme trop extrêmes, même par al-Qaïda !

Selon un récent sondage réalisé par Metropoll, 84% des Turcs pensent que l’EI n’agit pas pour des motifs religieux. Près d’un tiers des Turcs estime que les Islamistes du califat, avec lequel la Turquie partage actuellement une frontière d’environ 1.450 km, ne posent aucune menace envers la sécurité de leur pays, malgré l’attaque en juin dernier du consulat turc à Mossoul et la prise en otages de 46 Turcs, y compris le consul général, récemment relâchés en échange d’un nombre inconnu de militants de l‘EI emprisonnés en Turquie.

Toujours d’après ce sondage, seule une fraction marginale de la population turque (5%) éprouverait de la sympathie pour l’EI, ce groupe qui massacre au nom d’une interprétation spécifique de l’islam.

Cela devrait rassurer la population turque et l’occident. Après tout, que représente 5% de la population turque ? Pas grand-chose prétendront certains optimistes.

Mais il en est rien.

Bien au contraire, ce résultat est inquiétant, car ces 5% représentent près de 400.000 sympathisants de l’EI, et ce chiffre est alarmant.

Si 10% de ces sympathisants décidaient de rejoindre l’EI pour le djihad, cela signifierait que 40.000 nouveaux djihadistes seraient prêts à traverser la frontière en Irak ou en Syrie pour lutter aux côtés de l’EI ou mener le djihad en Turquie, au cas où Ankara décidait de rejoindre l’occident pour combattre leurs camarades salafistes.

Ce sondage a une nouvelle fois révélé que la Turquie est un terrain fertile pour l’islam radical. En outre, l’attitude du gouvernement turc envers l’EI est des plus ambigües. Il mène un double jeu : si la Turquie a finalement rejoint la coalition internationale, après moultes tergiversations et, sans doute sous la pression de «l’imam» Obama, grand ami du «sultan ottoman Erdogan”, elle assiste néanmoins en spectatrice à l’écrasement des Kurdes syriens, en empêchant les Kurdes de Turquie de venir à leur aide. Erdogan participe ainsi vicieusement à l’avancée des barbares de l’EI à Kobané, et les drapeaux noirs des djihadites de l’EI flottent déjà sur les parties Est et Sud-Est de la ville.

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Et dire que ce pays fait partie de l’OTAN et aspire à devenir membre de l’UE, avec le soutien affiché de certaines nations de cette union européenne, de plus en plus suicidaire.

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Au vu de ce qui précède, la progression en Turquie d’un antisémitisme virulent n’est point une surprise. Une étude menée au début de cette année par la Ligue anti-diffamation a révélé que 69% des Turcs étaient antisémites, contre 56% en Iran.

Plus récemment, « Gonzo Insight », une société d’étude turque, a découvert que 27.309 Turcs ont postés sur Twittter 30.926 messages approuvant explicitement l’Holocauste des Juifs par Hitler.

Ces messages de haine antijuive ne provenaient pas seulement de Turcs ordinaires, mais également de personnes importantes, dont certaines haut-placées.

Un membre du parlement du Parti de la Justice et du Développent (AKP), Samil Tayyar, avait envoyé un tweet écoeurant :

« Juifs, puissiez-vous ne jamais être privés d’un Hitler. »

Et Tayyar ne fut jamais inculpé par l’AKP, au pouvoir en Turquie depuis 2002.

Un autre exemple révélateur de ce climat antijuif fut le message posté par Ali Ihsan Goker, chef du département de physique à l’université de Bilecik :

« Treblinka sera bientôt prête. Actuellement, ils préparent les voies de chemin de fer pour le transport des Juifs (à Treblinka) ».

Treblinka était un camp d’extermination nazi du gouvernement général de Pologne. Le camp, créé en été 42, faisait partie de l’action Reinhard. L’action Reinhard devint le nom de code du plan allemand d’extermination d’environ deux millions de Juifs qui résidaient dans le gouvernement général de Pologne (le nom de la partie du territoire de Pologne occupée par l’Allemagne, mais non annexée directement à l’Allemagne).

Plus tard dans la même journée, Goker posta un autre tweet, tout aussi ignoble :

« Si j’étais Premier Ministre, je rassemblerais tous les Israéliens demeurant ici et les enverrais immédiatement dans un camp de concentration. »

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Le professeur turc proposa de restaurer les camps de la mort, en réponse à un article de Louis Fishman – un professeur-adjoint au collège de Brooklyn, cité universitaire de New York – publié dans Haaretz :

« En raison de l’atmosphère actuelle, empreinte d’un antisémitisme flagrant, il semble prudent d’affirmer que de plus en plus de familles juives comprendront qu’il est temps pour elles de partir, une décision qui fut déjà prise par les Juifs de Turquie, lors de la dernière décennie. S’ils restent, ils choisissent, soit de survivre dans leur propre bulle psychologique et physique, soit de continuer à vivre tout en ignorant la réalité, à savoir que nombreux sont leurs compatriotes qui les voient comme l’Ennemi. » (23 juillet 2014)

Dans un pays normal et respectueux des Droits de l’Homme, que se passerait-il, si en 2014 un professeur d’université proposait de reconstruire des camps de concentration pour tuer tous les juifs ? Il serait sans doute poursuivi pour incitation à la haine, ou verrait son contrat académique immédiatement résilié, ou même les deux sanctions lui seraient appliquées, sur le champ.

Un mois après sa suggestion de reconstruire les camps de la mort, le professeur fut récompensé

Dans la Turquie d’Erdogan, un mois après sa suggestion de reconstruire les camps de la mort, le professeur fut … récompensé et reçut même des fonds pour soutenir ses recherches de la part de l’Institut de Recherches scientifiques de l’état.

Heureusement, dans les ténèbres de toute cette haine antijuive, il surgit parfois une étincelle de lumière.

Et la réaction d’Aykan Erdemir, un membre de l’opposition du Parti Républicain social démocrate en est une : ulcéré par ces messages abjects, il écrivit la semaine dernière : « Le fait que ce comportement antisémite n’ait pas été sanctionné révèle la mentalité de ceux qui nous gouvernent. »

Non seulement, il a raison, ce Brave, mais il a démontré là un grand courage, car il n’est pas facile de lutter contre l’antisémitisme dans un pays où l’antisémitisme semble être une « vertu » à récompenser.

Un autre groupe de Braves, appartenant à la branche stambouliote de l’Association des Droits de l’Homme, présenta le 16 septembre dernier un épais dossier aux ministères de la justice et de l’intérieur, demandant que la montée de l’antisémitisme en Turquie soit soumise à une enquête sérieuse.

Malheureusement, dans la réalité de la Turquie d’Erdogan, la prise de position d’Aykan Erdemir fera certainement perdre des voix à son parti. Quant aux militants des Droits de l’Homme, ils pourraient découvrir, avec amertume, que l’antisémitisme ne fera jamais l’objet d’une enquête, mais les membres de leur association, oui.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Rosaly pour Dreuz.info.

Source: “The Few Brave Men of Turkey” Burak Bekdil, chroniqueur turc, pour le journal “ Hürriyet Daily”

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