Publié par Gilles William Goldnadel le 28 octobre 2014

Goldnadel

Gilles-William Goldnadel n’est pas convaincu par les déclarations récentes de Manuel Valls, qui se place en opposition à la «gauche passéiste».

Lorsque Manuel Valls a mis en cause la semaine dernière le passéisme des socialistes, certains commentateurs ont cru devoir y voir l’homélie funèbre, avant l’heure funeste, de François Hollande. Ils ont eu tort.

Manuel Valls a également stigmatisé «le surmoi marxiste» d’une partie de ses camarades du parti. Il a eu tort.

[quote]Le problème du premier ministre et de ses amis est infiniment plus grave et plus profond[/quote]

L’échec de François Hollande est patent. Il concerne l’homme, son caractère de ne pas en avoir, son style de ne pas en posséder. C’est cet homme qui avait fait de sa normalité bonhomme et de ses promesses inconsidérées un argument électoral que les Français ont décidé de porter au pouvoir. Il ne serait ni anormal ni inconsidéré de le leur reprocher.

[quote style=”boxed” float=”right”]les Français ne rejettent pas seulement le premier d’entre eux, mais encore et surtout la gauche à la française. Il ne s’agit plus d’un rejet, il s’agit d’un vomissement.[/quote]

Mais l’échec, tellement prévisible, du président ne saurait expliquer l’obligation d’aggiornamento de son premier ministre. Celui-ci est sans doute le mieux placé dans son camp pour comprendre que les Français ne rejettent pas seulement le premier d’entre eux, mais encore et surtout la gauche à la française. Il ne s’agit plus d’un rejet, il s’agit d’un vomissement.

Manuel Valls pointe avec raison le surmoi marxiste d’un parti du passé. Mais il est d’autre surmoi que le premier ministre aurait dû dénoncer: le surmoi trotskiste d’une gauche socialiste qui n’a cessé depuis 68 d’être attirée comme un insecte vers la lampe gauchiste, fascinée comme une midinette par la jactance pontifiante des poètes surréalistes de la politique. Jamais, on n’aura entendu le moindre responsable socialiste livrer un procès en règle contre Besancenot, José Bové ou tout autre camelot de l’extrême gauche.

Seule la droite était sommée de monter la garde à la frontière à ne pas dépasser au risque de se perdre.

Mais, a constaté Valls, les Français ne marchent plus. Il aura fallu l’échec économique reconnu enfin, pour que le comportement marxisant fondé sur la détestation des finances et du marché comme sur la taxation de ceux qui travaillent, et pire encore, réussissent, inspire un rejet désormais massif. Cette salutaire prise de conscience, ne signifiera pas pour autant un gage de succès. Les syndicats marxistes, autre spécificité française peu enviable, avec lesquelles les socialistes auront convolé sans vergogne, se donnant à peine le mal de vouloir justifier leur capacité d’empêcher les réformes de structure indispensables à la survie de l’économie.

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Mais il y a encore plus profond, et non dit par le premier ministre, qui caractérise l’irritation grandissante des citoyens envers la gauche à la française. Ce qu’on nomme désormais la «droitisation» de leur société n’est que leur réaction naturelle à l’internationalisme anarcho-trotskisant qui s’est emparé des socialistes désemparés par une idéologie antiraciste de pacotille qui avait néanmoins le mérite de tétaniser la droite patriotique française.

Il aura fallu ici que les Français prennent de plein fouet la réalité des effets de l’échec de l’intégration, et leurs terribles conséquences en matière d’insécurité, de terrorisme islamique, de négation de leur propre culture identitaire et religieuse, pour que leur opposition timorée se transforme en exaspération. Les palinodies du pouvoir dans l’affaire Léonarda auront porté un coup de disgrâce définitif à une idéologie xénophile dont les Français comprennent désormais qu’elle a pris le tour absurde et surréaliste d’une xénophobie à l’égard de la majorité d’entre eux et chez eux.

Manuel Valls a cru devoir encore reprocher à une partie de ses camarades de parti leur passéisme. Et ici encore il a tort. Certes, le premier ministre a raison de railler des idéologies poussiéreuses qui auront fait le malheur des pauvres peuples qui en ont fait l’expérience.

Mais ses camarades «progressistes» partagent également l’illusion de penser que le changement est consubstantiellement meilleur que ce qui demeure. Raison pourquoi, la gauche française, toquée de «modernité» plus qu’aucune autre en Europe, parce que plus gauchisante, se sera employée, quelquefois malheureusement avec succès, à dynamiter les structures stables.

[quote]L’appareil étatique, la cohésion nationale, la cellule familiale… jusqu’à remettre en question l’identité sexuelle naturelle[/quote]

Et ici encore, le français n’est plus la dupe d’une gauche morale que les scandales à répétition auront transformée en oxymore hilarant ou d’une gauche intellectuelle qui n’a définitivement plus le monopole du cerveau pour n’avoir pu lobotomiser le peuple entièrement.

Il ne s’en est pas fallu de beaucoup, compte tenu d’un bombardement médiatique, artistique et intellectuel permanent mené par une caste dont l’imposture sublime consiste à se réclamer hautement de la liberté et de la démocratie. Jamais peut-être dans l’histoire des hommes prétendus libres, une idéologie n’aura été ainsi instillée aussi insidieusement dans l’inconscient collectif d’un peuple.

Mais l’aggiornamento de l’Obs est borné par les limites de son auteur, fut-il un homme de bien. Après tout, le premier ministre est à Matignon de par la volonté ô combien synthétique de l’Elysée socialiste. Et Manuel Valls, lui-même, pratique la synthèse hollandaise et joue de la contradiction du socialisme à la française, en acceptant de travailler avec l’incarnation la plus emblématique du passéisme judiciaire place Vendôme. Tout en acceptant de continuer à faire alliance avec les héritiers présomptueux de Staline et Trotsky.

Ainsi, le chemin est encore long avant qu’une gauche responsable, libérée de ses démons extrêmes et de ses fantasmes idéologiques, puisse retrouver la place qu’elle pourrait ambitionner chez ceux qui ont le droit de croire au devoir de l’Etat de maitriser le marché et l’appétit des hommes forts.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro.

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