Publié par Jean-Patrick Grumberg le 18 décembre 2014

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La société des rédacteurs journalistes de RTL s’est “désolidarisée” des propos d’Eric Zemmour, qui affirme que les musulmans “vivent entre eux, dans les banlieues” et que “les Français ont été obligés de les quitter.”

Le même jour, la rue donnait encore raison à Eric Zemmour.

Un boulanger tunisien de Nice était menacé de mort par des musulmans qui l’accusent de vendre des babas au rhum – avec de l’alcool donc, et des sandwichs au jambon, et d’être « un mauvais musulman ». La nuit dernière, sa vitrine a été brisée.

Ce que veulent les journalistes de RTL (deux d’entre eux m’ont cependant assuré soutenir Zemmour et je suppose qu’ils ne sont pas seuls), c’est bâillonner Zemmour.

Faire taire Eric Zemmour, tuer médiatiquement Zemmour, faire enfin disparaitre Zemmour des ondes et des médias.

Et surprise, ils ne s’en cachent pas.

Certains d’entre eux militent à Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, mais pas celle de Zemmour :

“Il est temps que les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d’abriter de tels propos”, disent d’une voix les journalistes de RTL.

Une voix, une seule voix dissidente, discordante, différente, c’est déjà une voix de trop, une voix intolérable. L’Allemagne de l’Est a bien connu, emmurée dans l’hégémonie.

La liberté d’expression n’est pourtant pas faite pour protéger l’opinion générale. Elle est là pour permettre l’existence et la diffusion des idées controversées, dérangeantes. C’est cela qui préserve la démocratie. Les journalistes qui s’exposent aux dictatures répressives lorsqu’ils partent en reportage dans les pays totalitaires le savent mieux que personne. Ils sont les premiers à dénoncer la vague d’arrestations destinée à faire taire des journalistes turcs, et s’ils le pouvaient, ils feraient comme Erdogan et jetteraient Zemmour en prison.

Il ont perdu leurs esprits. La garantie de la démocratie, ce n’est pas le consensus, c’est lorsque un Zemmour peut perturber l’air ambiant.

“Nous estimons que ses prises de position, récurrentes à l’antenne et hors de notre antenne, ternissent les valeurs de vivre ensemble qui ont toujours été défendues par RTL” dit la société des journalistes de la radio RTL dans un communiqué pour dénoncer “les propos du polémiste Eric Zemmour”, notamment “ceux portant sur les musulmans de France publiés dans un quotidien italien en octobre”.

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Depuis, le journaliste italien et Zemmour ont dénoncé la manipulation. Zemmour n’a pas dit les mots qui lui sont reprochés. Mais peu leur importe, les journalistes ne sont pas à ça près. Ils veulent la peau de Zemmour et ce n’est pas nouveau. Ils s’étaient déjà “désolidarisés” en 2011, lorsque Zemmour avait dit cette autre vérité que les prisons sont peuplées majoritairement de personnes issues de la minorité visible. Ces vérités qu’ils veulent faire censurer.

Que les journalistes d’une radio, probablement la moins atteinte par la pensée unique, veuillent briser un journaliste est préoccupant. Qu’ils l’annoncent ouvertement est accablant.

Puisqu’il est devenu acceptable, en France, d’exiger publiquement qu’on fasse taire un journaliste, c’est que la France est atteinte d’une maladie sinistre.

Puisqu’aucune voix ne se lève pour protester, pour défendre la libre parole, c’est que la France est très atteinte de cette sinistre maladie.

Les élites, les journalistes, les politiques se sont mis en rang sans qu’une tête ne dépasse pour demander celle de Zemmour. C’est eux qui ont inoculé ce mal dont souffre la France.

Eux qui ont abandonné le pays des droits de l’homme pour créer un espace vague et désossé, une dictature d’autant plus redoutable qu’elle est insidieuse.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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