Publié par Gilles William Goldnadel le 1 décembre 2014

Goldnadel

Gilles-William Goldnadel revient notamment sur la sortie remarquée de la Garde des sceaux, qui avait fustigé la décision du grand jury populaire américain de ne pas poursuivre le policier ayant tué Michael Brown.

J’aimerais pouvoir poser cette question qui pourrait fâcher les fâcheux: existe-t-il une chose que Christiane Taubira ne puisse s’autoriser ?

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  • Voilà une personne publique qui laisse vanter des diplômes en sciences économiques qu’elle ne possède pas.
  • Voilà une militante, membre du comité de direction d’une association luttant contre la corruption à sens unique, qui, arrivée place Vendôme, ne renonce pas à cette fonction, mais continue de militer publiquement ès qualités de garde des Sceaux à l’encontre d’un justiciable poursuivi par son association.
  • Voilà la même ministre-militante toujours pas convoquée par la justice pour cause d’éventuelle ingérence, près d’un an après que la cour d’appel l’ait pourtant ordonné.
  • Voilà une presse, ordinairement soupçonneuse de ce genre de passe-droit, étrangement distraite.
  • Voilà une ministre qui ment effrontément sur son ignorance d’écoutes ordonnées entre un ancien chef de l’État et son avocat, démentie devant toutes les caméras par les documents qu’elle brandit pour preuve de sa bonne foi.
  • Voilà une ministre idéologue occupée à vider soigneusement de toute capacité dissuasive contre la délinquance la politique pénale de ses prédécesseurs, maintenue à son poste par un premier ministre aux vues antinomiques.
  • Voilà l’idéologue qui s’entoure au plus près de membres d’un syndicat de magistrats aux vues extrêmes qui a cloué au pilori non seulement ses opposants politiques mais encore des parents de victimes assassinées.
  • Voilà une ancienne activiste indépendantiste guyanaise, au verbe pourtant haut, qui ne pipe mot quand un tribunal de Cayenne condamne à une peine de neuf mois de prison ferme une personne qui a laissé diffuser sur son site une caricature ignoble de sa personne, mais dont elle n’est pas l’auteur.

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Jamais, depuis la libération, un tribunal de la république française n’avait aussi sévèrement réprimé une personne physique au passé vierge pour une infraction de presse. Dans l’apathie assez ahurissante des défenseurs de la liberté d’expression, fût-elle excessive.

Mais voilà l’activiste, devenue ministre, moins silencieuse lorsqu’il s’agit de critiquer publiquement une décision de justice américaine dans le cadre d’un dossier qu’elle ne connaît pas et d’une législation qu’elle ignore, aux moyens, au surplus, de considérations raciales, dont sa gauche faussement antiraciste est friande jusqu’à l’obsession.

Imagine-t-on la bronca qu’aurait déclenchée un de ses prédécesseurs qui aurait osé, au moyen des mêmes considérations colorées, critiquer le verdict d’acquittement d’un célèbre footballeur noir américain ayant assassiné, ainsi que la suite judiciaire le prouva, son épouse blanche et son amant assorti?

Dans le creux de cette sombre question, un explorateur intrépide pourra peut-être trouver le secret de l’impunité d’une ministre extravagante.

Car la crainte d’être taxée de raciste continue d’affleurer, en dépit de la libération des idées concomitantes à la débâcle intellectuelle et morale de la gauche sermonneuse.

Dans un article du Monde de cette fin de semaine un nouveau secrétaire général du parti de Marine Le Pen serait soupçonné de racisme «par des détracteurs» que l’on ne nomme pas, sous prétexte qu’il défendrait «une position très dure contre l’immigration». Voilà longtemps que ce paramètre n’avait pas été utilisé pour instruire un procès filandreux dans lequel il est impossible d’apporter des contre preuves.

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Heureusement, David Cameron, de l’autre côté de la Manche, semble indifférent à ce genre d’imprécations lorsqu’il tance l’Europe de Mme Redding et de ses amis aux idées convenues.

Puisse la droite française, en passe d’être définitivement décomplexée, suivre ce chemin encore pentu du courage et de l’intelligence.

À ce dernier titre, ce n’est décidément pas la direction prise par M. Mélenchon lorsque celui-ci croit voir dans la récente visite du pape à Strasbourg «une entorse à la laïcité».

Il faut vraiment souffrir d’une grave dilection pour l’altérité, inhérente à la pathologie xénophile de la gauche extrême, pour trouver à redire lorsque le chef de l’État du Vatican vient s’exprimer et se taire lorsqu’il s’agit du dalaï-lama. Il est vrai que le conservateur officiel du souvenir robespierriste préfère vitupérer les pères blancs que les mystiques disciples basanés de Chavez.

Il faut aussi nourrir une aversion particulière pour le catholicisme romain lorsque celui-ci ne trouve pas grâce, même lorsque son chef latin semble épouser les thèses immigrationnistes des marxistes post-chrétiens.

Mais reconnaissons le, nos socialistes français sont moins craintifs d’attiser la haine raciste lorsqu’il s’agit de créer un débat artificiel et symbolique à propos du conflit israélo-palestinien.

Il y a 10 jours, dans ces mêmes colonnes, je disais le mal que je pensais, à tort ou à raison, du projet parlementaire, initié par la gauche extrême, d’une reconnaissance platonique d’un État de Palestine. M. Hamon et ses amis cachent à peine leur désir de plaire en la circonstance à une partie de la jeunesse musulmane dont il lorgne les suffrages à un moment où l’électorat populaire traditionnel les abandonne pour cause de trahison sociale et identitaire.

Un esprit chagrin pourrait y voir du cynisme irresponsable, six mois après le sac de certains magasins et l’incendie de lieux d’un certain culte. Mais la gauche de M. Hamon a l’esprit petit et le chagrin restreint.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro.

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