Publié par Gilles William Goldnadel le 9 février 2015

Goldnadel

Après la législatives partielles dans le Doubs et les débats autour du front républicain, Gilles-William Goldnadel dénonce l’instrumentalisation politique de l’ “esprit du 11 janvier».

[quote style=”boxed” float=”right”]La recette du soufflet gagnant est la même: surtout aucune idée, un slogan rebelle, et un prêchi-prêcha progressiste[/quote]

Esprit du 11 janvier, es- tu là? À ce degré de vacuité, faut-il faire tourner la table ou bien la renverser? Le président Charlie Hollande aura réussi l’exploit d’égaler, par le souffle du vide, l’exploit planétaire de l’auteur d’«indignez-vous!». La recette du soufflet gagnant est la même: surtout aucune idée, un slogan rebelle, et un prêchi-prêcha progressiste n’ayant rien à craindre d’un univers médiatique pavlovien, dénué de sens critique.

Le président Charlie s’est bien gardé d’utiliser les mots qui fâchent les cerbères bien dressés et les font aboyer dès qu’ils sont prononcés: «islam radical», «immigration incontrôlée», «intégration ratée». Bien au rebours, il a employé magiquement ceux qui les font incontinent saliver: «vivre ensemble», «ségrégation», ou les a caressés dans le sens du poil avec des promesses creuses qui ne coûtent pas cher dès lors qu’elles ne sont pas mises en oeuvre: «laïcité», «éducation», «service civique».

Ainsi que je l’ai écrit ici avec consternation, le Premier ministre, ordinairement bien inspiré, n’a pas eu le bon esprit de se taire lorsqu’il a prononcé l’injure d’«apartheid» dans le gouffre sans fond duquel tous les revenants de l’idéologie de l’excuse -un temps dissimulés dans la nuit de la honte- se sont précipités en hululant de plaisir. La tragédie française toute entière repose sur son intrigue surréaliste: les médecins prescripteurs devenus fous sont les empoisonneurs.

Comment ne pas entendre dans les déclarations de Coulibaly -le second- déclarant «sa haine de la France, de la police, de l’armée et des juifs» le discours d’un islamo-gauchisme ayant toujours bénéficié de l’indulgence publique. Car les djihadistes à la française ne sont pas des barbus d’importation: ils sont nés dans les laboratoires de l’Occident masochiste, dans les éprouvettes desquels on a versé le bacille de la rage islamiste.

Il est désormais gravé dans le marbre républicain que pour éradiquer moralement le terrorisme, il convient d’imposer aux français ségrégationnistes -victimes décrétées coupables- un vivre ensemble obligatoire, dont la sécurité est garantie par Mme Taubira et une «politique de peuplement» qu’on ne se propose pas d’appliquer d’abord aux frontières de la France.

Cet esprit là est un esprit faux, raison pourquoi sans doute il alimente désormais le pathos médiatique des grandes chaînes nationales. Alors même que la bataille des idées avait été gagnée, à constater les succès d’édition d’un Finkielkraut, d’un Zemmour ou d’un Houellebecq, alors que l’horrible réalité venait de donner le coup de disgrâce définitif à la théologie multiculturaliste, il aura suffi d’un mot suivi d’un concept culpabilisant pour précipiter à nouveau le pays virtuel dans la régression intellectuelle.

Par quelle noire magie?

L’explication contenue dans le dernier livre de Laurent Obertone d’un Big Brother* médiatique idéologisé qui joue sur l’émotion sélective et abolit toute réflexion, s’en trouve renforcée. Le succès de ce livre qui avance en dépit de l’omerta qui le frappe en constitue la preuve surabondante.

L’esprit du 11 janvier, s’il existe chez les politiciens, est un esprit de corps. La droite française, plutôt que de faire le procès des ravages de l’islamo-gauchisme, aura préféré se réfugier mollement dans un consensualisme de circonstances. Plutôt que d’être obsédée par les massacres de janvier, elle aura préféré se recentrer sur un improbable deuxième tour en mai.

Dans ce contexte petit et pitoyable, la querelle du ni-ni ou les appels à voter pour un parti socialiste allié à l’extrême gauche donnent la dimension morale et intellectuelle du politicien français d’aujourd’hui. Car quel que soit le regard que l’on porte sur le Front National, sur la personnalité de son président d’honneur, sur la démagogie, décidément très grecque, de son programme économique, sur son antiaméricanisme suspect; nul ne peut considérer ce parti comme le premier responsable des ravages de l’islamisme fou. Faire en sorte, à l’occasion d’une élection locale, de remettre le parti nationaliste, à ce moment terrible, au centre de la carte de l’enfer satanique revient à tenter de tromper à nouveau les Français au moyen du vieux leurre.

L’esprit du 11 janvier devait, paraît-il, consacrer définitivement la liberté d’expression assassinée.

Sur le plan judiciaire c’est un esprit frappeur. À moins qu’il soit farceur. Valeurs actuelles, dans l’apathie générale et notamment confraternelle, vient en effet d’être condamné -sur l’initiative d’une organisation d’étudiants juifs, annexe de SOS-Racisme elle-même succursale du parti socialiste- pour avoir osé voiler Marianne et s’être interrogé sur les dangers d’une immigration islamique excessive et sans contrôle.

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Ainsi, par le plus terrible des symboles, la question cruciale qu’il convient ontologiquement de poser au lendemain des terribles massacres ne doit pas être posée en France, comme dirait le président du tribunal qui condamna Zola.

Un tribunal de Cayenne a condamné une femme à neuf mois de prison ferme pour avoir posé sur son site Facebook la caricature odieuse et simiesque de la garde des sceaux.

[quote]On a peur de comprendre l’esprit sélectif de la jurisprudence[/quote]

Les protestations n’ont pas été aussi bruyantes que lorsqu’il s’est agi de commenter les condamnations des thuriféraires et apologistes des frères Kouachi. Les Femen profanatrices d’églises ont été relaxées. Proférer sur le service public «les juifs exploitent depuis 50 ans leur capital de pitié» relève en revanche de la liberté d’expression… On a peur de comprendre l’esprit sélectif de la jurisprudence.

Et quel esprit justement, pour aborder de front la question juive qui se pose désormais à nouveau à la France? Au-delà des condoléances sincères mais désormais rituelles, aucun responsable politique français ne l’aura abordée aussi courageusement que Mme Merkel. Les juifs, a-t-elle dit, sans que curieusement ses propos ne soient reproduits en France, «ne doivent pas être attaqués parce qu’ils sont juifs ou parce qu’ils aiment Israël.»

Si on ne veut pas encourager ce fameux grand remplacement, qui s’agissant des juifs et des musulmans de France, peut difficilement aujourd’hui être nié, les élites françaises feraient bien de méditer ces propos allemands. On en est loin. Comme cette journaliste de Radio France qui, quelques secondes après avoir exprimé sa compassion quasi lacrymale, agresse le président du CRIF en reprochant l’importation par les juifs du conflit israélo-arabe…

[quote]Après cela, effectivement, il va être difficile d’aimer Israël et de vivre en France[/quote]

Comme Cambadélis, président du Parti Socialiste, qui déclare tout de go: «on identifie les juifs à Israël comme on identifie les musulmans à Daech. Je suis contre». Phrase ahurissante: l’État juif étant ainsi symétriquement comparé à l’État islamique qui décapite et brûle vif ses opposants… Après cela, effectivement, il va être difficile d’aimer Israël et de vivre en France.

Un dernier exemple? L’auteur de ces lignes a écrit à la garde des Sceaux le 27 janvier, en sa qualité de président d’Avocats Sans Frontières pour s’étonner d’une étrange apathie judiciaire.

Depuis plusieurs années, plusieurs municipalités communistes ont cru devoir faire citoyens d’honneur de leur commune des terroristes. Il s’agit à n’en pas douter d’une apologie pénalement répréhensible. Ainsi, depuis 2013 les villes d’Aubervilliers, d’Avion, et de Valenton ont fait citoyen d’honneur le chef de la branche militaire des brigades des martyrs Al Aqsa, commanditaire de nombreux attentats, et condamné par la justice israélienne pour plusieurs assassinats dont celui d’un moine grec orthodoxe.

La ville de Bagnolet a consacré de la même manière, le 11 décembre 2013, Georges Ibrahim Abdallah, citoyen libanais, qui purge encore aujourd’hui une peine dans les prisons françaises pour avoir assassiné deux diplomates, américain et Israélien.

Je n’ai reçu aucune réponse venue de la place Vendôme qui expliquerait cette passivité judiciaire à l’égard d’un parti qui, il est vrai, appartient au front républicain antifasciste… Un mois après les tueries terroristes….

Puisse l’insoutenable légèreté des ectoplasmes qui nous gouvernent et nous désinforment ne pas nous annoncer les esprits des ténèbres.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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