Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 mars 2015

Tension-between-Obama-and-Netanyahu

La veille des élections israéliennes, Benjamin Netanyahou répondait “en effet” à la question d’un journaliste du site Makor Rishon : “il n’y aura pas d’Etat palestinien sous votre gouvernement ?”, après que Netanyahou, quelques instants plus tôt, expliquait que les terroristes saisiraient chaque mètre carrré de terre qui seraient données aux Palestiniens.

Netanyahou a apporté un correctif sur plusieurs médias américains pour préciser sa pensée et le contexte de sa réponse, qui suit un raisonnement réaliste sur la situation sécuritaire.

La Maison Blanche, cependant, a décidé de jeter de l’huile sur le feu en refusant le correctif de Netanyahou, et a déclaré que non seulement elle s’en tenant aux propos initiaux du premier ministre israélien en affirmant que “les mots comptent”, mais qu’elle songeait à punir le peuple israélien d’avoir réélu Netanyahou, en n’apportant plus son véto à une résolution du Conseil de sécurité pour la création d’un Etat palestinien.

Les commentateurs ont immédiatement noté que Barack Obama n’a jamais affirmé que “les mots comptent” lorsqu’en 2013, le nouveau président iranien Hassan Rouhani déclarait que le “régime sioniste” est un ennemi de la nation [iranienne] et qu’il promettait de trouver un moyen d’atteindre l’objectif de Khomeini, à savoir qu’Israël cesse d’exister. Ils notaient que Obama est en train de signer un accord sur l’armement nucléaire qui permettra à l’Iran d’atteindre cet objectif.

J’ajoute que si les mots comptent, il faut se rappeler qu’en 2008, alors en campagne comme Netanyahou, Obama déclarait que Jérusalem ne doit jamais être divisée. Il s’est depuis, donné la permission de changer d’avis.

L’ex gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, expliquait sur NewsMax que de son point de vue :

“Le dédain extraordinaire du président Barack Obama pour Israël” s’explique certainement par son «sentiment d’identité, de sympathie, pour la plupart des autres pays du Moyen-Orient qui l’amène à avoir un si fort ressentiment contre Israël”.

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Le site conservateur américain Breitbart a voulu en avoir le cœur net, et a établi une liste des propos et actions du président américain qui font polémique. J’ai complété avec mes propres informations.

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  • Février 2008: Obama déclare, lors de sa campagne présidentielle : «Il y a une partie de la communauté pro-israélienne qui considère que si vous n’avez pas une approche conforme à celle du Likoud sur Israël, alors vous êtes anti-Israël.” Dan Senor fit remarquer dans un article publié dans le Wall Street Journal, qu’Israël avait à l’époque un gouvernement Kadima dirigé par Ehud Olmert, Tzipi Livni et Shimon Peres qui tentait désespérément d’amener les Palestiniens à la table des négociations. Au lieu de cela, les Palestiniens déclenchèrent la guerre.
  • Juin 2008: Obama déclare lors de la conférence de l’AIPAC que Jérusalem doit rester indivisée, dans l’espoir d’attirer le vote juif. Le lendemain, il faisait marche arrière, ajoutant que la capitale israélienne ne devait pas être divisée… par des fils barbelés.
  • Mars 2009: l’administration Obama revient sur la politique de l’époque Bush qui consistait à ne pas adhérer au Conseil des Droits de l’homme de l’ONU. La secrétaire d’état Hillary Clinton déclarera: “les droits de l’homme sont un élément essentiel de la politique étrangère des Etats Unis,” au mépris de son palmarès antisémite. Le Washington Post rapporta que l’administration Obama avait décidé de rejoindre le Conseil des droits de l’homme tout en reconnaissant “qu’il porte une attention disproportionnée aux soi-disant abus d’Israël et trop peu aux vrais abus qui se produisent au Darfour, au Sri Lanca et au Zimbabwe.”
  • Mai 2009: Obama dit à Netanyahou que “les implantations doivent s’arrêter pour que nous puissions avancer.” Netanyahou fait un geste et décide de l’arrêt des constructions pendant 10 mois pour avancer dans les négociations de paix. Les Palestiniens refusent alors totalement de négocier pendant les 10 mois du gel des constructions. Obama s’en prend à Israël et déclare: “ils [les Palestiniens] ont considéré qu’il était difficile de négocier face à des gestes aussi excessifs”.
  • Juin 2009: Obama explique au monde entier, lors de son discours du Caire, qu’Israël n’existe qu’en réponse à la souffrance des Juifs lors de l’holocauste “oubliant” que les juifs ont commencé à revenir massivement d’Europe à partir de 1875, et que la SDN a décidé en 1920 de réformer le foyer national pour le peuple juif en Palestine. Puis il déclare que les Juifs ont fait subir la même souffrance aux Palestiniens : “Ils ont enduré les humiliations quotidiennes, petites et grandes, qui accompagnent l’occupation. Qu’il n’y ait aucun doute: la situation du peuple palestinien est intolérable. L’Amérique ne tournera pas le dos aux aspirations légitimes des Palestiniens à la dignité, et à un Etat à eux.”
  • Juillet 2009: Obama menace de mettre des distances entre les Etats Unis et Israël. Il explique aux dirigeants juifs : “regardez les 8 années passées. Pendant ces 8 années, il n’y avait aucune différence entre nous et Israël, et il ne s’est rien passé.”Obama a juste “oublié” qu’Israël a quitté Gaza, que le Hamas a été élu, qu’il a déclenché une guerre contre Israël, ainsi que le Hezbollah. Mais à part ça, “rien ne s’est passé”.Obama a ensuite donné une leçon aux Juifs en leur demandant qu’Israël fasse son “introspection”.
  • Juillet 2009: Obama déclare à CNN  que les Nations Unies ne donneront “absolument pas” à Israël la permission d’attaquer les sites nucléaires iraniens.
  • Septembre 2009: Obama déclare à l’ONU que “l’Amerique n’accepte pas la légitimité des constructions israéliennes.” Le monde apprendra ensuite que la définition d’Obama des constructions dans les implantations, inclut la construction de salles de bain dans les appartements que possèdent les Juifs à Jérusalem Est. Obama n’émit aucune critique contre les Palestiniens.
  • Mars 2010: Obama poursuit son obsession contre les constructions en Judée Samarie et envoie le vice Président Joe Biden en Israël, qui tente de tailler Israël en lambeaux pour avoir construit des salles de bains dans la capitale éternelle du peuple juif.
  • Mars 2010 : Hillary Clinton hurle contre Netanyahou pendant près d’une heure au téléphone, lui reprochant d’avoir “abimé les relations bilatérales.”
  • Mars 2010 : David Axelrod conseiller du président Obama, décrit les constructions comme “une insulte” aux Etats Unis.
  • Mars 2010 : Quand Netanyahou rend visite au président à la Maison Blanche, il le fait sortir par une porte secondaire.
  • Avril 2010: Obama refuse d’empêcher le sommet de Washington sur la prolifération nucléaire de tourner en référendum arabe pour condamner “le diabolique nucléaire israélien”.
  • Juin 2010: une source “anonyme” de la Défense américaine fait fuiter au Times of London qu’Israël a signé un accord avec l’Arabie saoudite pour utiliser leur espace aérien afin de bombarder les plans nucléaires iraniens. L’accord se saborde.
  • Mai 2011: Le département d’Etat américain étiquette Jérusalem comme ne faisant pas partie d’Israël.
  • Mai 2011: Obama demande qu’Israël fasse des concessions aux Palestiniens sur la base des frontières d’avant 1967 (soit de 1948), qu’Israël appelle les “frontières d’Auschwitz” car elles sont impossible à défendre.
  • Novembre 2011: Obama et le président Sarkozy sont enregistrés par un micro qu’ils croyaient éteint en train d’insulter Netanyahou. Sarkozy déclare, “Je ne peux pas le supporter, c’est un menteur,” et Obama de répondre, “Il te fatigue ? Et moi alors? Je dois me le farcir une fois par jour.”
  • Décembre 2011: la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton insulte Israël, expliquant que le pays va dans “le sens opposé de la démocratie”. Elle explique qu’Israël lui rappelle Rosa Parks et les religieux qui n’écoutent pas les femmes qui chantent – en référence à la coutume de certains orthodoxes – et qu’Israël lui rappelle les régimes extrémistes, ajoutant que cela “ressemble plus à l’Iran qu’à Israël.”
  • Février 2012: le secrétaire de la défense, Leon Panetta, explique à David Ignatius du Washington Post que ce qu’il l’inquiète le plus est qu’Israël frappe l’Iran. Le Post ajoute : “Panetta pense qu’il existe une forte probabilité qu’Israël veuille bombarder l’Iran en avril, mai ou juin – avant que l’Iran entre dans ce qu’Israël décrit comme une ‘zone immunitaire’ pour commencer à construire une arme nucléaire.” L’objectif de cette déclaration: faire capoter toute intention des Israéliens en prévenant l’Iran.
  • Mars 2012: NBC News apprend d’un “haut responsable de l’administration Obama” qu’Israël a financé et entraîné le groupe d’opposition iranienne Mujahideen-e-Khalq, et que l’administration Obama n’a rien à voir avec l’élimination de scientifiques iraniens qui travaillent sur le nucléaire.
  • Mars 2012: Le site Foreign Policy reçoit des informations de “quatre diplomates et officiers du renseignement” qui expliquent que “Les Etats Unis ont reçu l’autorisation de se rendre à la frontière nord de l’Iran.” Foreign Policy révèle également qu’un “haut responsable américain” leur a déclaré que “les Israéliens ont acheté un terrain d’aviation, et qu’il se situe en Azerbaijan.” De nouveau, une frappe d’Israël contre le nucléaire iranien est empêchée.
  • Mars 2012, le même jour: Bloomberg publie un rapport du Congrès disant qu’Israël ne peut arrêter le programme nucléaire iranien. Ron Ben-Yishai, du Yedioth Ahronoth, écrit que l’administration Obama veut “endommager toute capacité de l’armée israélienne de lancer une attaque qui minimise toute perte humaine [parmi les Israéliens].”
  • Juin 2012: Afin de consolider le vote juif, Barack Obama, Joe Biden, et le directeur de la CIA Leon Panetta, déclarent à David Sanger du New York Times que le président est probablement très impliqué dans le virus Stuxnet destiné à détruire le nucléaire iranien. Jusque là, tout le monde suspectait, sans avoir la moindre confirmation, que Stuxnet était un projet israélien. L’administration Obama nia avoir fait fuiter l’information. Un an plus tard, le Département d’Etat était contraint de publier des emails qui prouvaient que Sanger avait eu des échanges réguliers avec des hauts responsables de l’administration Obama, ainsi que des échanges d’emails sur Stuxnet.
  • Décembre 2012: La secrétaire d’Etat Hillary Clinton s’exprime lors du Saban Forum sur les relations entre Israël et les Etats Unis, et déclare que Israël “manque d’empathie” pour les Palestiniens, et que les Israéliens doivent “faire la preuve qu’ils comprennent la douleur d’un peuple opprimé dans son âme.”
  • Mars 2013: Obama oblige Netanyahou à appeler le premier ministre turc Tayyip Erdogan pour s’excuser d’avoir arrêté le navire Mavi Marmara qui tentait de briser le blocus sécuritaire de Gaza pour apporter une aide terroriste au Hamas. Ce qui n’empêchera pas Erdogan de décrire le sionisme comme raciste.
  • Mai 2013: des membres du Pentagone font fuite l’information qu’Israël a attaqué l’aéroport de Damas pour arrêter une livraison d’armes à des groupes terroristes. L’administration Obama fut obligée de présenter ses excuses pour cette révélération qui mettait en danger la vie d’Américains. Ils mirent cela sur le dos d’erreurs de “simples employés”.
  • Juin 2013: l’administre Obama laisse filtrer des informations spécifiques concernant les emplacement des sites de missiles anti-ballistiques Arrow 3.
  • Juillet 2013: des sources américaines révèlent à CNN qu’Israël a attaqué un site syrien de missiles russes.
  • Juillet 2013: des“analystes du renseignement américans” révèlent au New York Times ques les frappes israéliennes n’ont pas été efficaces. L’information était classée top secrète.
  • Juin 2014: trois adolescents juifs sont kidnappés, dont un américain, et assassinés par le Hamas. L’administration Obama appelle Israël et demande à Israël de faire preuve de retenue, et déclare qu’Israël doit continuer à coopérer avec le gouvernement palestinien d’unité avec le Hamas. La porte parole du département d’état Jen Psaki déclare que l’administration Obama veut “que les Israéliens et les Palestiniens continuent à travailler ensemble, et nous allons insister pour qu’ils continuent… malgré, évidemment, la tragédie et l’énorme peine sur le terrain.”
  • Durant toute la guerre de Gaza qui a suivi, où le Hamas a tiré des roquettes sur les civils israéliens, et que des tunnels creusés par le Hamas furent découvert qui montraient leur intention de kidnapper des enfants, l’administration Obama a critiqué la poursuite de la guerre par Israël.
  • Août 2014: au milieu de la guerre, Obama déclare un embargo d’armes vers Israël. Selon le Wall Street Journal, Obama a “découvert” qu’Israël avait demandé au département de la défense la livraison de missiles Hellfire. Obama s’est personnellement interposé et a bloqué la livraison.
  • Août 2014: au milieu de la guerre, la IATA interdit aux compagnies aériennes américaines d’atterrir à l’aéroport Ben Gourion. Les compagnies européennes suivent. Dans le même temps, aucune des capitales du Moyen Orient qui vivent sous les bombardements n’ont reçu une telle interdiction. Israël réagit et déclare : “nous avons compris le message. La IATA souhaite que nous intensifions très fortement nos bombardements afin que nous rendions la zone parfaitement sûre.” Le sénateur américain Ted Cruz exigea toutes les correspondances entre la Maison Blanche et la IATA car il soupçonnait l’interdiction d’être politique et non sécuritaire. Le lendemain, la IATA suspendait son interdiction de vol.
  • Octobre 2014: Jeffrey Goldberg, le “juif de cour” de l’administration Obama, publie un article dans The Atlantic qui cite des officiels américains qui traitent Netanyahou de “sous merde poule mouillée.” En 2008, Goldberg avait déjà écrit que tout juif qui craint la politique étrangère d’Obama pour Israël est “évidement un raciste”).
  • Janvier 2015: Obama envoie une équipe de campagne pour faire battre Netanyahou aux élections. Un groupe du nom de “One Voice,” financé par des donateurs américains, paye l’équipe de campagne d’Obama, dirigée par le directeur de campagne d’Obama Jeremy Bird. L’annonce est faite quelques jours après que le président Républicain de la chambre des représentants John Boehner a invité Netanyahou à s’exprimer devant le Congrès.
  • Obama annonce qu’il ne rencontrera pas Netanyahou, au prétexte que cette rencontre serait trop proche des élections.
  • Mars 2015: Netanyahou gagne les élections israéliennes. Obama refuse pendant deux jours de l’appeler pour le féliciter. Et quand il l’appelle, il menace de cesser tout soutien des Etats Unis envers Israël auprès de la communauté internationale, alors qu’il est, en même temps, en train de suspendre les sanctions contre l’Iran.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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