Publié par Salem Ben Ammar le 2 avril 2015

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On a toujours pensé que le facteur déclenchant d’une 3e guerre mondiale serait le conflit israélo-palestinien. On a tout faux, car il sert d’écran de fumée pour occulter la véritable source de danger qui menace l’humanité, la guerre larvée entre les sunnites et les chiites déclarée en 661 avec l’assassinat du 3e Calife de l’islam, l’imam Ali, gendre et cousin de Mahomet, et jamais éteinte depuis.

Pour avoir été moi-même observateur des musulmans sunnites dans le cadre des mes travaux de recherche en anthropologie sociale, je peux me permettre de témoigner de leur exécration et sentiments haineux à l’égard des chiites, qui sont d’ailleurs la première cible du terrorisme sunnite en Irak, au Pakistan et en Syrie.

Il n’est pas exagéré de dire, au regard de l’histoire ensanglantée du schisme musulman, que l’hostilité des sunnites pour les chiites est bien plus forte que pour les juifs et les chrétiens – contrairement aux idées reçues.

Pour l’orthodoxie musulmane, les chiites, partisans de l’imam Ali ibn Abou Taleb, sont des traîtres, des ennemis intérieurs de l’islam, des hérétiques qui dévoient l’islam et ont voulu confisquer le califat à leurs profits, et ils n’auront de cesse de les combattre tant qu’ils ne les auront pas éliminés jusqu’au dernier.

L’intervention des forces coalisées arabes – avec le soutien logistique de leurs alliés et du protecteur installé à la Maison blanche – qui en dit long sur l’implication active des arabes dans la création de l’E.I et devrait leur valoir une mise en cause pour complicité de crime de guerre et de crime contre l’humanité, est moins motivée par le désamorçage d’une guerre civile et par le retour au pouvoir du président légitime Abd-Rabou, renversé par des insurgés houthistes chiites zaydites, que par enjeux géopolitiques et géo-énergétiques, et la hantise obsessionnelle de l’Arabie Saoudite de voir émerger un Etat chiite fort au Yémen allié de Téhéran, l’ennemi juré.

L’Arabie saoudite craint de se trouver prise dans l’étau chiite dominé par l’Iran, dont elle est séparée par le Golfe arabo-persique et ses voisins terrestres frontaliers d’Irak, du Yémen, du Bahreïn et d’Oman, ainsi que du Liban et de la Syrie, qui sont à portée de canon.

Sa précipitation à se jeter dans l’arène yéménite est symptomatique de son état d’inquiétude. Sa plus grande crainte est de voir réaliser le projet du Croissant chiite qui pourrait entraîner le réveil nationaliste de sa propre minorité chiite du nord, où se trouve l’essentiel des champs pétrolifères, et sonnerait le glas du royaume saoudien, au grand dam de son garde-chiourme américain.

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Le rêve hégémonique de l’Iran à la tête des puissances chiites de la région que sont la Syrie, le Liban et l’Irak est le cauchemar des saoudiens et des puissances sunnites, dont la Turquie et l’Egypte.

Nous en sommes à nous demander si les prétendues révolutions du “Printemps arabe” n’avaient pas pour finalité première de briser le rêve iranien du Croissant chiite, dont la Syrie de Bachar est la colonne vertébrale, en intronisant les frères musulmans – qui sont déjà au pouvoir au Soudan – à la tête de l’Egypte, de la Tunisie, de la Libye, et de la Syrie. Barack Obama croyait pouvoir ainsi sécuriser les frontières de ses protégés saoudiens et leurs sources d’approvisionnement énergétique, en puisant dans une nouvelle armée de réserve toute acquise à ses intérêts.

Ayant échoué dans ses tentatives de soumettre ces pays à la dictature des frères musulmans, il a opté pour la carte des miliciens-mercenaires sous la bannière de l’E.I, mais face aux prétentions de pouvoir de ces derniers, les menaces qu’ils font peser sur le pion saoudien, les conséquences sur l’économie américaine, et leur présence dans la région, il a fini par sortir de sa réserve apparente, et a dissipé les doutes concernant sa responsabilité directe sur la montée du péril terroriste dans la région.

Aujourd’hui la Maison blanche n’a plus le choix. Soit avancer à visage découvert et provoquer l’ire des Russes de Poutine, qui ne vont pas rester les bras croisés, soit se retirer de la région sur la pointe des pieds au péril de leur propre pérennité.

Le monde, qui a échappé de justesse à un 3e conflit mondial lors de la baie des Cochons en 1961, avec la tentative d’invasion du Cuba par des exilés cubains appuyés par les américains, risque fort cette fois-ci de se trouver pris dans les mailles du filet d’une guerre de religion entre musulmans qui dure depuis 14 siècles, et qui est en train d’atteindre un point de non-retour.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Salem Ben Ammar pour Dreuz.info.

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