Publié par Magali Marc le 24 mai 2015

6a01156fb0b420970c019aff54934f970dLors du weekend des 16-17 mai, la GRC a intercepté à l’aéroport de Montréal une dizaine de jeunes décidés à quitter le Canada pour aller grossir les rangs des groupes djihadistes.

Alerté par les familles, le corps policier a tenté d’agir avec discrétion. Aucune arrestation n’a été faite. Les passeports des jeunes, pour la plupart des mineurs, ont été confisqués.

Depuis la mi-janvier, des jeunes québécois disparaissent ou bien sont arrêtés par la Gendarmerie Royale du Canada lorsque des membres de leurs familles l’avertissent.

Chronologie des arrestations

Mi-janvier
Six jeunes Québécois, quatre garçons et deux filles, dont plusieurs étudiaient au Collège de Maisonneuve quittent le pays. Plusieurs avaient démontré des signes de radicalisation, et les autorités croient qu’ils sont partis rejoindre des groupes djihadistes en Syrie.

27 mars
Un Montréalais, Merouane Ghalmi, accepte volontairement de porter un bracelet GPS et de se soumettre à une série de sévères conditions parce que la GRC craint qu’il ne commette une infraction liée au terrorisme.

10 avril
Daniel Minta Darko, 27 ans, devient le second Montréalais à accepter de porter un bracelet GPS parce que la police craint qu’il ne commette une infraction liée au terrorisme. Il lui est interdit de communiquer ou d’entrer en contact avec Ghalmi.

13 avril
La GRC arrête Mahdi El Jamali et Sabrine Djermane, un autre couple d’étudiants du Collège de Maisonneuve, de peur qu’ils ne commettent un acte terroriste. Quelques jours plus tard, les deux jeunes sont accusés d’avoir tenté de quitter le Canada pour participer à des activités terroristes à l’étranger, d’avoir agi au profit d’une organisation terroriste, d’avoir fabriqué des substances explosives et d’avoir facilité les activités d’un groupe terroriste.

À la mi-avril, fortement ébranlés par ces arrestations, les responsables du Collège de Maisonneuve ont fait appel à une policière/travailleuse sociale en civil qui est désormais présente 3 jours par semaine pour faire de la détection (de radicalisation) et de la formation.

Jeudi dernier, à l’Assemblée nationale du Québec, la députée péquiste de Taschereau et leader parlementaire adjointe de l’opposition officielle, Mme Agnès Maltais, a interpellé la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault et a demandé au gouvernement de «bouger enfin» pour stopper sur-le-champ l’endoctrinement des jeunes qui planifient de partir ou partent pour la Turquie et la Syrie, vraisemblablement pour embrasser la cause du groupe armé État islamique.

« Le gouvernement présentement, tout ce qu’il fait, c’est attendre les jeunes à l’aéroport une fois qu’ils sont endoctrinés.» dit Mme Maltais qui s’en est aussi prise à Adil Charkaoui.

«Qu’est-ce qui se passe dans ce centre? Qu’est-ce qu’Adil Charkaoui raconte aux enfants qui le fréquentent? Comment se fait-il que les jeunes qui suivent ses enseignements désirent soudainement se joindre à l’État islamique?» a demandé la députée à la ministre Thériault.

En fait, sur la vingtaine de jeunes qui sont partis à l’étranger en janvier dernier ou qui ont été arrêtés en avril et le weekend dernier, près de la moitié ont des liens confirmés avec Adil Charkaoui et son Centre islamique de l’Est de Montréal.

Profils des jeunes Québécois partis faire le djihad ou arrêtés avant de partir depuis 2014 :

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  • Merouane Ghalmi ( 22 ans, adepte de combats extrêmes, sous surveillance, porte un bracelet électronique, n’a pas respecté sa promesse de ne plus consulter des sites djihadistes, a été remis en détention puis libéré à nouveau. Il lui est interdit d’aller sur Internet )
  • Daniel Minta Darko (26 ans, sous surveillance, porte un bracelet GPS, diverses interdictions dont celle de communiquer avec des terroristes ou celle d’utiliser un téléphone cellulaire)
  • El Mahdi Jamali (18 ans, lien avec Charkaoui, étudiant au Collège de Maisonneuve, voulait commettre un attentat à Montréal)
  • Sabrine Djaermane (18 ans, amie de cœur de Jamali, étudiante au Collège de Maisonneuve)
  • Imad Eddine Rafai (origine algérienne, diplômé du Collège de Maisonneuve, fréquentait la mosquée de Charkaoui, disparu depuis janvier 2015, a écrit sur sa page Facebook qu’il se considère comme un «soldat du Califat»)
  • Ouardia Kadem (origine algérienne, partie avec Rafai, diplômée du Collège de Maisonneuve)
  • Mohamed Rifaat (18-19 ans, parti en Syrie, proche de Charkaoui)
  • Bilel Zouaidia (origine algérienne, lien avec Charkaoui, étudiant au Collège de Maisonneuve)
  • Shayma Senouci (18 ans, étudiante au Collège de Maisonneuve, disparue avec le groupe de 6 jeunes au mois de janvier, ses parents ont alerté la GRC)
  • Yahia Alaoui Ismaili (29 ans, origine marocaine, étudiant en Maîtrise à l’École Polytechnique de Montréal, aîné du groupe des 6)

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Quatre des dix jeunes arrêtés à l’aéroport par le GRC, la semaine passée sont des étudiants au Collège de Maisonneuve. Un de ces quatre était inscrit sur Facebook à deux ateliers du Centre islamique d’Adil Charkaoui. Leurs noms n’ont pas été divulgués mais la ministre Thériault en parle comme étant des «deuxième génération», donc fils et filles d’immigrants.

Le premier ministre Couillard va se hâter lentement

La ministre de la Sécurité publique, Mme Lise Thériault en a fait sursauter plus d’un quand, mise sur la défensive par Mme Maltais, elle a prétendu que les jeunes djihadistes du Québec qui vont rejoindre les rangs de l’État Islamique en Syrie le font «…parce qu’ils veulent aller aider … sur une base communautaire, ils pensent qu’ils vont sauver des vies…»

Les Chroniqueurs du Journal de Montréal, Richard Martineau et Mathieu Bock-Côté (voir plus loin) se sont gaussés de cette réflexion pour le moins étourdie de la ministre.

Concernant Charkaoui, Mme Thériault a refusé de le pointer du doigt et a souligné l’importance d’internet dans la radicalisation des jeunes.

Le gouvernement Couillard a annoncé qu’il met les dernières touches à un plan de prévention et d’intervention sur la radicalisation qui devrait être déposé avant l’ajournement des travaux à l’Assemblée nationale le 12 juin.

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On voit à quel point le gouvernement de M. Couillard est perdu et n’a aucune idée ce qu’il doit faire. Il essaie de donner l’impression qu’il va agir mais il fait du surplace.

Pour sa part, Adil Charkaoui, furieux d’être pris à partie par la députée péquiste a qualifié le Parti québécois d’«agent de radicalisation». On suppose qu’il entend par là que ce parti encourage la radicalisation des islamophobes!

Sur son site Facebook, le CCIEM (Centre communautaire islamique de l’Est de Montréal) s’est dédouané de toute responsabilité dans la radicalisation des jeunes en rappelant sa mission de dispenser “des cours d’arabe, d’anglais, de Coran, de notions de base sur l’islam et d’histoire islamique”.

Le centre prétend ne détenir “… aucune information concernant l’identité ou la motivation de ces jeunes” et affirme “contribuer à l’intégration harmonieuse de la communauté musulmane dans les sociétés québécoise et canadienne”.

Mathieu Bock-Côté dans le Journal de Québec du 21 mai critique vertement la ministre Thériault et le gouvernement Couillard:

«Elle … veut prévenir ce que nos experts en novlangue ont nommé la radicalisation – on devrait plutôt dire qu’ils sont fanatisés par l’islamisme. (…) Toute la «publicité» morbide de l’État islamique vise non seulement à effrayer les Occidentaux en montrant sa détermination dans l’horreur mais à exciter la pulsion psychopathe et meurtrière chez ceux qui pourraient être tentés de le rejoindre. (…) quand l’État islamique décapite, il crée des vocations.
(…)la déclaration de Lise Thériault est troublante parce qu’elle est symptomatique de la culture de l’excuse ou de relativisation du danger qui passe pour une forme supérieure de subtilité intellectuelle. Pour elle, ces jeunes veulent faire le bien, mais ils sont détournés dans leur grande quête spirituelle. Le désir d’aveuglement de nos dirigeants est extrême. (…) sont-ils encore capables de prononcer le mot ennemi, ou leur semble-t-il trop rugueux pour leurs chastes oreilles?
Sans aucun doute, ces jeunes croient servir une cause noble. (…) Ils sont animés aussi par la haine de l’Occident.
Évidemment, les jeunes esprits en quête de Djihad sont endoctrinés. Mais c’est aussi parce qu’ils sont endoctrinables. On peut certainement croire qu’il y a chez nous comme ailleurs des cellules de radicalisation, qui identifient les jeunes susceptibles de prendre les armes pour l’Islam et qui excitent chez eux le désir de l’héroïsme. (…) la crainte des amalgames ne doit pas nous amener à fuir lâchement le réel en nous soumettant aux interdits idéologiques du politiquement correct …»

Aux dernières nouvelles, la ministre Thériault a fait appel aux imams du Québec leur demandant de s’impliquer dans la prévention de la radicalisation des jeunes.

C’est ce qui s’appelle demander aux loups de surveiller la bergerie.

Avec la surveillance constante des imams et de la policière/travailleuse sociale au Collège de Maisonneuve trois jours par semaine, les Montréalais peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc pour Dreuz.info.

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