Publié par Alain Leger le 29 juin 2015

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Isabelle (prénom changé), une voisine de Yassin Sahli avait alerté les gendarmes de mouvements suspects de Frères musulmans.

Un témoignage qui fait froid dans le dos : une voisine de Yassin Salhi du quartier de Planoise, en zone de sécurité prioritaire (ZSP) de Besançon (Doubs) avait signalé à la gendarmerie puis à la police son « changement soudain » de comportement.

« Du jour au lendemain, il n’a plus dit bonjour, se souvient Isabelle. C’était après une de ses absences pendant plusieurs mois au cours de l’année 2012 [il est établi que Sahli s’est rendu en Syrie]. Quand il est revenu, il baissait même la tête lorsqu’il croisait des femmes pour ne pas les regarder. Ce n’était plus le même homme qu’à son arrivée dans l’immeuble… »

Yassin Salhi vivait en 2011 avec femme et enfants dans un appartement de la place de l’Europe.

C’est encore un « homme sociable, gentil et avenant ».

Isabelle : « Je suis allée me présenter chez eux. Ensuite, j’allais boire le café avec sa femme. Tout se passait bien. Et puis, petit à petit, son mari a commencé à discuter avec des jeunes du quartier, en bas de l’immeuble. C’étaient des adolescents de 16 ans, qui cherchaient leur voie. Ils entraient dans la religion et mon voisin restait à discuter avec eux jusqu’à des 2 ou 3 heures du matin. Il allait aussi souvent courir dans le parc urbain de Planoise et faire du sport dans une salle du secteur. Parfois, on ne le voyait plus pendant plusieurs semaines. Sa femme disait qu’il s’absentait pour du travail. »

Les visites suspectes des Frères musulmans

L’auteur de l’attentat de Saint-Quentin-Fallavier commence ensuite à recevoir la visite d’un petit groupe de musulmans « toujours vêtus de pantalons cargo, avec des poches sur les côtés, de couleur noire ou kaki » précise Isabelle. « Ils venaient tous les mercredis soir, à partir de 21 heures. Ils étaient quatre ou cinq, toujours les mêmes, mais ils n’étaient pas du quartier et arrivaient toujours un par un. Pour moi, c’étaient des frères musulmans, au crâne rasé et porteurs d’une petite barbe. C’était en 2013. C’est à ce moment-là que j’ai alerté la gendarmerie. »

Isabelle donne aux gendarmes tous les détails qui devaient tirer la sonnette d’alarme :

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  • Les mystérieuses visites du mercredi soir,
  • « les changements physiques » de Yassin Salhi : « il avait perdu au moins 30 kg et, un coup, il portait une queue-de-cheval avec les cheveux rasés sur le côté, puis les cheveux courts et un petit bouc taillé ».

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Isabelle : « J’ai ensuite été rappelée, au mois de février 2014, par un policier qui m’a dit que j’avais vu juste car mon voisin était connu pour son appartenance à la mouvance salafiste, confie encore Isabelle. Il m’a proposé de venir le voir au commissariat afin d’identifier les hommes qui se rendaient chez lui. »

Mais le rendez-vous sera annulé.

Isabelle : « La première fois, je n’ai pas pu y aller et, la deuxième fois, c’est le policier qui a annulé, explique-t-elle. Ensuite, on ne m’a plus jamais appelée. J’ai pensé que c’était résolu. Franchement, après ce qui vient de se passer à Saint-Quentin-Fallavier, je me dis qu’il aurait très bien pu faire ça ici, à nos proches ou à nos familles. Je me dis que la police n’a pas cherché plus loin finalement. Ça fait peur… »

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Contacté, le ministère de l’Intérieur a démenti cette version des faits en affirmant avoir sollicité à trois reprises cette voisine qui n’aurait pas accepté de rencontrer la police.

On sait maintenant que Yassin Salhi a déclaré aux enquêteurs avoir tué Hervé Cornara sur un parking avant d’arriver à l’usine chimique de Saint-Quentin-Fallavier, à 30 km au sud de Lyon. On sait qu’il s’y rendait dans l’espoir de provoquer une explosion majeure.

On sait de l’examen de son téléphone que Salhi a pris une selfie avec la tête décapitée, qu’il l’a envoyée à un numéro de téléphone canadien appartenant à un djihadiste français originaire de Vesoul, Sébastien Younes, qui combat en Syrie pour l’Etat islamique depuis 2014 et se trouverait à Raqqa.

On sait aussi que Salhi a été fiché S de 2006 à 2008 par les services de renseignement pour radicalisation, puis radié, puis de nouveau repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec les islamistes de Lyon.

On sait également qu’il s’est radicalisé à Pontarlier au début des années 2000 au contact de Frédéric Jean Salvi, soupçonné d’avoir préparé des attentats en Indonésie pour Al-Qaïda.

Selon son ex-éducateur en sports de combat, Yassin Salhi avait séjourné 6 mois en Syrie, entre 2010 et 2011.

L’attaque de l’Isère marquait le 1er anniversaire de la déclaration du Califat par l’Etat islamique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Alain Leger pour Dreuz.info.

Source : leparisien

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