Publié par Hildegard von Hessen am Rhein le 26 juillet 2015

Depuis son indépendance de l’URSS en 1991, l’Estonie est une démocratie parlementaire de 1.307.000 habitants. L’Estonie fait partie depuis 2004 de l’UE et de l’OTAN. Elle est intégrée dans un ensemble intitulé « Pays Baltes » qui comportent la Lettonie et la Lituanie.

C’est un pays exemplaire au sein de l’UE : son gouvernement s’est fixé comme priorité de maîtriser ses finances publiques.

Depuis 2009, il a le plus faible taux d’endettement public de l’UE et remplit les critères de convergence, ce qui lui a permis d’intégrer la zone euro en janvier 2011. Son taux de chômage est de 6,7 %. De quoi faire pâlir certains « grands pays » de la zone.

Encore traumatisés par l’URSS, les Estoniens se tournent résolument vers Washington et l’OTAN et en sont des partenaires fiables. Ils se méfient de la Russie de Poutine, qu’ils estiment ne pas avoir changé depuis la chute du communisme. Un certain nombre de mes connaissances, des artistes de renommée mondiale, restent sur leurs réserves quant au Président Poutine, qu’ils estiment être un dictateur qui limite drastiquement les libertés d’expression. Ils sont, et on le comprend, traumatisés par le communisme et pour longtemps.

Mais que signifie cette Estonie pour le reste de l’Europe et de la France en particulier ?

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Chef d’orchestre Paavo Järvi – Comme expliquait Karajan, la main gauche est pour transmettre l’émotion, la main droite pour donner le tempo.

J’aimerai aborder cet ex satellite de l’URSS par le biais de sa culture musicale extrêmement riche, dont certains représentants sont le drapeau international de ce fier petit pays baltique.

L’Estonie est considérée aujourd’hui comme le pays le plus indifférent du monde à la religion. Contradictoirement, des musiques sacrées y sont composées. Des mélodies et textes catholiques et orthodoxes, moins d’origine protestante, sont répandus. Bien-sûr, les œuvres du géant Arvo Pärt, mais aussi la musique de Galina Grigorjeva sont reconnues.

La musique offre une autre évasion de notre monde séculaire et ses inévitables restrictions. La musique serait-elle notre lien direct avec Dieu, au lieu de l’église ? C’est ce que je crois, personnellement.

Katrin Tombak, évoque sur Estonian world un grand nombre de sujets séduisants sur son pays, en posant d’emblée la question : Est-il possible actuellement de parler de la musique estonienne ? Elle y apporte d’intéressantes réponses qui pourront éclairer les lecteurs de Dreuz info, en ces mois de farniente caniculaires. Ce qui changera des crimes sanguinaires perpétrés quotidiennement autour du globe.

Elle s’interroge sur ce qui est reconnaissable dans la musique estonienne, qui fait qu’ils peuvent la considérer comme leur.

« Peut-être est-ce le reflet de la nature nordique. La mélancolie du ciel nuageux, les rares rayons de soleil se glissant entre les arbres dénudés de leurs feuilles. alors, l’usage direct et indirect des chansons populaires”, déclare l’auteure Maria Mölder.

Voici un résumé sur les aspects qui caractérisent la musique estonienne, son passé, son présent et son futur. Je ne vais pas livrer tout l’article, mais seulement ce qui me semble intéressant, et en particulier la musique classique.

Le pays revendique toute sortes de musiques, du folklore, à la pop, en passant par le jazz. Si je m’arrête sur l’aspect de la musique classique, c’est que ce pays, l’Estonie, comme je l’explique plus haut, a généré en son sein des géants, si bien de la composition que de l’interprétation. Et, c’est de ceux-là que je voudrai parler. Contrairement à ce que la signataire de l’article en anglais dénonce, l’Estonie, dans ce domaine, ne boxe pas du tout au-dessous de sa catégorie. Bien au contraire.

La nature semble jouer un grand rôle pour ces populations nordiques.

Le lien est fort entre eux et cette nature presque inexplorée. Jusqu’il y a peu, le peuple estonien était exclusivement rural. La raison de son attachement charnel à la nature. Heino Heller, compositeur local, illustre parfaitement cette osmose entre hommes et nature.

« Patrie », pour eux, signifie nature.

Le folklore a joué un grand rôle dans la culture paysanne estonienne, comme dans tous pays. Le début de la grande musique est inspiré par le romantisme allemand, durant la période de l’éveil national qui eu lieu durant la seconde partie du 19ème siècle. Les Estoniens prirent les habitudes des Allemands de la Baltique, qui avaient comme coutume de chanter dans des chorales, dans le cadre de festivals. Et, ces festivals devinrent des événements encore plus importants dans les pays Baltes qu’ils ne l’avaient jamais été dans leur pays d’origine. Une musique professionnelle estonienne s’est développée à la fin du 19ème siècle, lorsque les premiers compositeurs estoniens commencèrent à étudier à St. Petersburg, pour ensuite établir des écoles à leur retour.

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Le développement fut rapide, même si les événements historiques du 20ème siècle interrompirent ces derniers.

[quote]Le public avait appris durant l’occupation soviétique à lire entre les lignes[/quote]

La période d’occupation soviétique peut être considérée comme une interruption importante. Cependant, nous ne pouvons pas prétendre que cette calamiteuse occupation, le fut totalement pour la sphère musicale. Durant l’occupation, les tenants de la culture réussirent à créer un univers parallèle qui leur fut propre. Que ce soit dans la grande musique ou la musique populaire venant de l’Occident. Chaque article, chaque livre, chaque disque qui arrivait à passer la frontière, était copié manuellement et circulait entre amis, était discuté jusqu’à ce que les objets tombent en lambeaux …

De nouvelles idées se développèrent. Plus tard, lorsque les frontières tombèrent, les développements parallèles surprirent des deux côtés. Le public avait appris durant l’occupation soviétique à lire entre les lignes. C’est dans ce contexte que l’immense compositeur Arvo Pärt, contemporain de notre Henri Dutilleux, écrivit une pièce toute en voyelles i-e-o, qui se référait au «Kyrie eleison. Christe eleison ».

Plus tard, il écrivit une pièce pour Benoit XVI, « notre père », pour une voix de garçon et piano, magnifique, ici en audio : Universaledition.com

Arvo Pärt et le Pape Benoit XVI
Arvo Pärt et le Pape Benoit XVI

Je ne vais pas dire que les dictatures sont bonnes à quelques choses, mais, Karin Tombak reconnaît que l’ère Soviétique a renforcé l’importance de la musique. Elle offrait une évasion à l’absurdité quotidienne. Les festivals de musique, en ère Soviétique étaient de grande importance. En effet, ils offraient l’occasion d’insérer des œuvres nationales ou une mélodie aimée dans les chansons de propagande soviétique. En contrepartie, les Soviets plastronnaient par des chœurs monumentaux à leur gloire. Les cœurs en Estonie, sont composés de 10 à 20.000 choristes ! C’est époustouflant.

Järvi, une famille géniale venue du nord !

Paavo, Maarike, le patriarche Neeme et Christian
Paavo, Maarike, le patriarche Neeme et Christian Järvi

Et puis, nous avons une famille, mondialement connue, drapeau de l’Estonnie à eux seuls, les Järvi.

A commencer par le père, Neeme Järvi, chef d’orchestre de réputation mondiale. Ses fils, Paavo et Christian ont emboité son pas, tous deux chefs d’orchestres dont l’aura est indiscutable, surtout celle de Paavo, aux manettes des plus grands orchestres du monde, comme l’Orchestre National Estonien, le Berliner Symphoniker, l’Orchestre de Paris, de la NHK, la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême … Ici avec le Hessischer Rundfunk Sinfonie Orchester :

 

Leur sœur Maarika est flûtiste.

Paavo a fait ses classes avec Leonard Bernstein … Il est certainement le plus souriant et espiègle des chefs que je connaisse. Certainement le plus grand de sa génération. Le voici dans ses œuvres, servant son compatriote Arvo Pärt, ici, en hommage à Gustave Eiffel. La France n’est pas oubliée.

Paavo Järvi sur la musique et son pays bien aimé :

« Je pense que ce qui nous aide – et c’est paradoxal – est, que nous n’avions pas de culture musicale avant le 20ième siècle. Notre musique classique est moderne. Ne pas avoir de tradition nous évite de regarder vers un totem aussi énorme que Beethoven. Nous avons des compositeurs mondialement connus, ainsi que des musiciens, dont les racines sont profondément encrées dans l’expérience. Dans le domaine du rock, nous avons Erkki-Sven Tüür, qui est le plus connu. Cela dit, nos musiciens sont capables de naviguer d’une musique à l’autre, rester un pied dans la musique classique, l’autre dans le jazz et, occasionnellement dans la musique pop. »

La preuve par Erkki-Sven Tüür, avec le Tallin Chamber Orchestra et le Estonian Philharmonic Chamber Choir :

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hildegard von Hessen am Rhein pour Dreuz.info.

Source : Estonianworld.com

Hildegard von Hessen am Rhein et Paavo Järvi
Hildegard von Hessen am Rhein et Paavo Järvi

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