Publié par Guy Millière le 31 août 2015

Guy Millière – Comme c’est souvent le cas, l’élection présidentielle américaine qui se profile est emplie de surprises et de rebondissements.

Nous somme à quatorze mois de l’échéance, et beaucoup de choses peuvent encore se passer.

Néanmoins, quelques enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés, et quelques hypothèses peuvent être avancées.

Du côté républicain, il est évident que l’irruption de Donald Trump en tête des sondages a très largement surpris, à commencer du côté du parti républicain. Tout avait été mis en place pour que le candidat désigné soit Jeb Bush, et tout ce qui avait été mis en place est en train de s’effondrer : il serait désormais étonnant que Jeb Bush soit le candidat. Une réaction anti “establishment” s’est dessinée, dont Trump est le principal bénéficiaire, mais d’autres en bénéficient aussi : Ben Carson, Carly Fiorina, Ted Cruz. Le parti républicain paie sa mollesse dans son opposition à Obama, son attitude vis-à-vis des Tea Parties, trop largement ignorés en 2012. Les politiciens de profession paient aussi. Nombre de candidats n’ont pas réussi à percer, et ne vont plus rester très longtemps dans la compétition. Certains disparaitront avant les premières élections primaires et le premier caucus. D’autres disparaitront après les caucus de l’Iowa et les élections primaires du New Hampshire. Jeb Bush devrait rester plus longtemps, car il a des moyens financiers importants : ces moyens ne devraient pas être suffisants pour en faire un candidat viable. Il ne convainc pas, il apparaît comme un perdant. Il suscite peu d’enthousiasme.

Parmi les candidats se situant entre cinq et dix pour cent des intentions de vote pour le moment, et qui vont disparaître, aucun n’est aussi centriste que Jeb Bush, ce qui signifie que s’ils se retirent, Jeb Bush ne pourra sans doute pas espérer un important report de voix. Mike Huckabee est le candidat des « social conservative » : pas vraiment l’électorat ciblé par Jeb Bush. Scott Walker est l’homme qui a résisté aux syndicats dans le Wisconsin : Jeb Bush n’apparaît pas comme un homme résistant à quoi que ce soit. Marco Rubio serait, a priori, le plus compatible avec Jeb Bush, bien qu’il s’affiche plus conservateur que lui : on peut douter qu’il soutienne Jeb Bush avec ardeur.

Dès lors que Ben Carson et Carly Fiorina, bien que certains sans doute de figurer honorablement en Iowa et dans le New Hampshire ne devraient pas aller beaucoup plus loin, il devrait dès lors rester trois candidats (quatre tout au plus, si un quatrième reste et fait de la figuration) lorsque les élections primaires auront lieu en Floride, puis dans plusieurs Etats du Sud. Les candidats à ce moment devraient être Donald Trump, Jeb Bush, et vraisemblablement, je pense, Ted Cruz.

Si Donald Trump ne fait pas d’erreur, si les campagnes négatives que va mener Jeb Bush contre lui ne le font pas chuter (et je doute qu’elles le fassent chuter), il sera à ce moment là bien placé pour être le candidat. Dans le cas contraire, il semble certain qu’il appuiera Ted Cruz.

Les élections primaires cruciales seront en Floride et dans les Etats du Sud, et ce n’est pas un hasard si Donald Trump a tenu voici peu une réunion géante à Mobile en Alabama. Ce n’est pas un hasard non plus si Ted Cruz s’investit beaucoup dans le Sud.

Si je me risquais à un pronostic aujourd’hui, je dirais que le candidat ne sera pas Jeb Bush (désormais, quoi qu’il arrive, Donald Trump entend s’y employer), et sera ou bien Donald Trump, ou bien Ted Cruz.

Si je me risquais à un autre pronostic sur ces bases, il serait que le parti républicain, tout en soutenant Jeb Bush jusqu’au bout, préférera Cruz si le choix est entre Trump et Cruz.

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[quote]C’est ce qui se passe chez les démocrates qui doit être scruté de plus près[/quote]

Si je me risquais à un troisième pronostic, il serait que Donald Trump a d’ores et déjà deux chances sur trois d’être le candidat républicain : comme je l’ai déjà écrit, seul Donald Trump peut battre Donald Trump.

Cela dit, c’est ce qui se passe chez les démocrates qui doit être scruté de plus près. Hillary Clinton, c’est une évidence, est en très mauvaise posture. Parce que c’est une mauvaise candidate, d’une part. Parce qu’elle a à ses basques tant d’affaires scandaleuses et graves que quasiment aucun électeur, même ceux qui sont prêts à voter pour elle, ne la considère honnête. Parce qu’elle n’a pas, à l’évidence, le soutien des médias de gauche. Et enfin, parce qu’il semble clair désormais qu’Obama ne veut pas qu’elle lui succède et est pour beaucoup dans les révélations qui viennent la faire dégringoler. Si elle ne passe pas par la case prison (Obama lui évitera tout de même cette humiliation), elle tentera de rester, puis, sans doute, s’effacera.

Un autre candidat va, selon toute apparence, bientôt entrer dans la compétition, et ce sera Joe Biden, qui est le véritable choix d’Obama, selon toute apparence. Joe Biden, selon toute apparence aussi, choisira pour la vice-présidence une femme peu ou prou aussi à gauche que le socialiste Bernie Sanders.

L’espoir d’Obama, selon toute apparence encore, est que Joe Biden soit élu, et vienne parachever ce qu’il a « accompli » en deux mandats. Joe Biden ne ferait qu’un seul mandat et laisserait la place à Elizabeth Warren en 2020.

[quote]Il n’est pas improbable de lire en novembre 2016 : Président Joe Biden[/quote]

Cet espoir a des allures de scénario catastrophe : Joe Biden ferait ce que demande Obama, et Elizabeth Warren est une marxiste.

Mais la catastrophe est possible. Et il n’est pas improbable de lire en novembre 2016 : Président Joe Biden.

Le choix devrait être donc entre Cruz ou Trump d’un côté, et Biden-Warren de l’autre côté.

Du côté Cruz ou Trump ? L’ensemble des Américains en colère, et qui voudrait, selon le slogan de Trump qui pourrait être celui de Cruz, que l’Amérique redevienne grande.

Du côté Biden-Warren ? Les minorités ethniques et les immigrants naturalisés récemment, les assistés sociaux.

Du premier côté, un espoir de redressement. De l’autre côté, le déclin, et l’entrée effective, et peut-être irréversible dès lors, des Etats Unis dans une ère post-américaine.

Les chances de Cruz ou Trump ? Cristalliser la colère, attirer l’électorat des tea parties, mais aussi des démocrates lassés et déçus par les années Obama.

Les chances de Cruz ou Trump me semblent minces aujourd’hui, surtout si je regarde la carte électorale et le nombre de grands électeurs requis pour être élu.

Cela signifie-t-il que je suis inquiet ? La réponse est : oui.

Ai-je encore un espoir dans un sursaut incarné par Cruz ou Trump ? La réponse est oui, encore, même si je ne veux pas trop espérer.

A l’évidence, Donald Trump n’est pas un conservateur, dit-on de tous côtés, et c’est exact, mais il aime son pays, il a la poigne et le charisme requis en période de tempête, et il n’est pas téléguidé par Obama. Ted Cruz, lui, est un conservateur, et sans doute l’homme le plus intellectuellement brillant de la campagne, mais cela est-il suffisant ?

Trump ou Cruz peuvent-ils transcender la carte électorale, qui fait que les républicains doivent absolument gagner la Virginie, la Floride et l’Ohio pour l’emporter ?

Attendons la suite.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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