Publié par François Sweydan le 14 septembre 2015

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À la lecture de l’article de Jean-Marc Lafon, Le Management de la Sauvagerie, que j’ai découvert en lisant l’étude fouillée de Laurent Touchard, chercheur en Histoire militaire et questions de défense, Revue de détails : organisation tactique et méthodes de combat de l’État islamique, tous les deux loin de l’amateurisme des plateaux TV, j’ai eu une seule petite réticence au sujet de l’un de ses sous-titres : « Le Jihad n’est pas l’Islam. Le Jihad est la guerre au profit de l’Islam » qui pourrait induire en erreur le lecteur profane.

Il me semble que nous avons intérêt à nuancer ce sous-titre de Jean-Marc Lafon dont effectivement « l’heuristique du califat y est parfaitement et clairement décrite ».

La notion de jihad, de guerre sainte ou sacrée en islam, est née à Médine lorsque Muhammad est devenu chef politique et chef de guerre. Elle fut mise en avant par le sabre au début de l’expansion islamique. Le jihad a été mené d’abord contre les Arabes et certaines tribus juives et nazaréennes (voir derniers paragraphes de : Un État palestinien ? Oui mais…), et contre les chrétiens et les païens.

Fred Donner a montré que les conquêtes islamiques étaient le fruit de la naissance d’un “État islamique” pour la première fois à même d’organiser son expansion et Michael Bonner a lié étroitement cette genèse de l’État musulman et le développement du jihad.

Jihad signifie en arabe « effort vers un but déterminé et lutte pour le réaliser ». L’expression complète est « jihad fi sabil Allah », « effort ou combat sacré dans le chemin d’Allah et pour sa cause ». On a coutume, dans les langues européennes, de traduire jihad par « guerre sainte » sans préciser que c’est spécifiquement dans la voie d’Allah et pour sa cause, celle de la charia. C’est là que réside l’écueil. Il convient de bien en préciser le sens. Le jihad n’est pas une « guerre sainte » d’exécration ou d’extermination, tel le Herem biblique. Son but est de propager et de défendre l’islam mais aussi de convertir les vaincus à la religion islamique.

Contrairement à une nouvelle thèse d’une école de chercheurs et d’historiens relativistes, la « grande guerre sainte » – ou le « grand jihad », l’effort spirituel sur soi, le jihad du cœur – est et reste consubstantielle à la « petite guerre sainte » ou le « petit jihad », la guerre extérieure, le bellum islamicum (la guerre islamique).

C’est ici une première proposition dans sa double acceptation extérieure-intérieure.

Il est fondamental de comprendre que les deux se confondent, le « petite jihad » ou « jihad de l’épée » est une injonction religieuse, commandement par lequel se réalise un « grand jihad » et vice-versa. La « petite guerre sainte » est une action sacrée de l’ordre du religieux qui exprime et atteste la réalité de la « grande guerre sainte ». Car, l’islam orthodoxe n’a conçut à l’origine qu’une seule forme d’ascèse dans une acceptation duelle extérieure-intérieure : celle qui relie précisément dans les textes coraniques la guerre sainte au jihad « par le cœur, par la langue, par la main et par l’épée » (par exemple Coran sourates 9:4, 9:41, 9:86 et 88 ; 44:81 49:15 ; 61:11 ; 66:9). De nombreux savants sunnites considèrent le jihad comme le sixième pilier de l’islam quoiqu’il n’en ait pas le statut officiel. Dans le chiisme duodécimain, il est considéré comme une des dix pratiques religieuses du culte.

Marie Thérèse Urvoy précise que vers la fin des premières conquêtes islamiques au IXème/IIIème siècle (datation musulmane) les spéculations sur le « grand jihad » en tant que lutte spirituelle contre le mal en soi-même n’ont jamais supplanté l’aspect guerrier.

Que l’on disserte donc sur l’évolution de cette notion que Mohamed Ourya relativise et voudrait tardive dans l’histoire de l’islam et de ses conquêtes, ou sur la légitimation des guerres saintes (Jean Flori), il n’empêche que le message coranique est clair. Il se distingue par une violence extrême sacralisée, appelle instamment à celle-ci et à combattre activement juifs, chrétiens, et tous les païens. Rien de tout cela dans le message du Christ – que l’on soit croyant, non chrétien, athée ou agnostique, là n’est pas la question.

Jésus (qu’on y croit ou pas, seul l’héritage évangélique factuel compte ici) n’a pas appelé au meurtre et à la suppression radicale de l’altérité, ni à la violence. Au contraire, il a exhorté au pardon et à ne pas répondre à la violence par la violence : « car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Matthieu 26:52). N’en déplaise à ces islamistes qui tentent régulièrement de dévoyer d’une manière superficielle et simpliste par la littéralité le sens symbolique de rares versets évangéliques dans le but d’excuser et de justifier la violence coranique ou de lancer des anathèmes.

Il n’est pas rare que des musulmans prennent improprement comme exemple les guerres de religions en Europe, l’Inquisition, les Croisades ou l’esclavage. On sait maintenant que ces graves injustices et abominations furent essentiellement commises au nom du pouvoir politique et ne relèvent pas du message évangélique, contrairement au Coran. Et puis l’on peut rétorquer que l’esclavage dans le monde arabo-musulman fut beaucoup plus cruel, a commencé dès les origines de l’islam et s’est poursuivi jusqu’aux temps modernes (rien qu’à retenir les abominations de « Daesh » et encore dans certains pays musulmans et d’autres arabes).

Les Croisades furent néanmoins une réponse aux menaces imminentes et aux nombreuses exactions omeyyades puis abbassides dans toute la Méditerranée pendant des siècles. Elles furent aussi une réaction face aux Turcs Seldjoukides interdisant les pèlerinages chrétiens en Terre Sainte. Les controverses islamiques à ces sujets occultent, par ailleurs, les grosses différences conceptuelles et théologiques entre Croisades et jihad. Enfin, l’amnésie islamique sélective occulte la prééminence du jihad en œuvre dans l’histoire musulmane, notamment du temps de Saladin, là aussi mythe héroïsé dont « ont été oubliés les griefs, les accusations de perfidie ou de cruauté, pour ne retenir que la pratique des vertus du chevalier », vertus d’ailleurs très relatives (Jean Richard, Membre de l’Institut : remmm.revues.org).

Historiquement parlant, selon l’avis de nombreux historiens sérieux, l’islam ne serait pas sans cette notion de jihad, sans cette terreur “organique” dirai-je, qui lui est intimement reliée dès les origines des conquêtes islamiques. Il est hasardeux en effet de suivre cette autre nouvelle thèse absurde avancée par quelques chercheurs universitaires et historiens depuis environ une décennie (le zèle relativiste motivé par une sorte de dhimmitude ?) selon laquelle les conquêtes islamiques furent à leurs débuts relativement pacifiques.

Difficile de soutenir que les conquérants musulmans ne cherchaient pas vraiment l’expansion territoriale et n’œuvraient pas à la conversion des non-musulmans afin d’avoir sous la main un vivier conséquent d’infidèles, de dhimmis soumis à la collecte d’un maximum d’impôt (jizya) pour financer la guerre sainte et renforcer le pouvoir de l’État islamique naissant. Preuve en est les non-musulmans convertis à l’islam payaient tout de même des impôts.

Les trois stratégies étaient plutôt concomitantes et complémentaires. Sans cette terreur impérialiste et la dissuasion par la violence extrême, sans cette volonté farouche de coercition barbare et de conversions forcées, l’Orient n’aurait pas basculé si rapidement dans l’islam.

Dans le Coran, le verset coranique, sourate Le Butin, al-Anfal 8:60 (Hégirien), il est dit : « Et préparez [pour lutter] contre eux [les infidèles] tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin de terroriser (تُرْهِبُونَ) l’ennemi d’Allah et le vôtre ».

Le verset est, au passage, la devise de la confrérie terroriste des Frères musulmans et autres organisations jihadistes affiliées où qu’elles soient dans le monde, y compris en France et en Europe.

Or, dans les traductions françaises ‟édulcorées” l’on traduit le mot « تُرْهِبُونَ » improprement par « effrayer », plus “soft”, moins choquant afin d’atténuer le contenu sémantique du mot, le rendre plus acceptable aux oreilles francophones qui en seraient autrement scandalisées par « terroriser ». La racine RHB (رَهَّبَ ; pour le champs sémantique du terrorisme) étant à lier à la très grande frayeur : « affoler », « atterrer », « épouvanter », mais aussi susciter la crainte qui terrasse et l’effroi ; la « crainte révérencielle » n’est qu’une extension analogique.

En anglais, la quasi totalité des traductions plus fidèles donnent : « And prepare against them whatever you are able of power and of steeds of war by which you may terrify (or : « strike terror ») the enemy of Allah and your enemy and others besides them whom you do not know [but] whom Allah knows ». Sans détour, les mots sont plus clairs.

Cela dit, les Omeyyades (661-750) ont activement œuvré dans le sens littéral du message coranique, de mettre d’emblée les textes coraniques à leur disposition et de faire de la terreur barbare institutionnalisée une des caractéristiques consubstantielles, ancrée dans la mémoire collective de la culture islamique. Ce fut à l’instar du Prophète qui avait participé à des massacres, faire décapiter, égorger, brûler vif, mutiler, crever les yeux, lapider même des mères allaitantes… Les Hadiths, les récits relatant les paroles et les actes du Prophète, ceux de ses compagnons, notamment le premier calife Abou Bakr As-Siddiq, ainsi que la Sîra (vie du Prophète) l’attestent largement et sans conteste (lire aussi Yasmin Al-Khatib dans Memri).

L’histoire est en effet tronquée de certaines vérités sur cette question de la relation consubstantielle de l’islam à la notion de jihad en tant que combat sacré et sacralisé durant toute l’histoire allant crescendo pour la propagation de la foi islamique et la conversion des infidèles. Les dynasties qui suivirent l’avènement des Omeyyades n’ont pas été moins sanglantes, d’une barbarie insoutenable.

À prendre, à titre d’exemple non exhaustif du réflexe et de la stratégie de la taqiyya, ce que présente un site comme Oumma.com (“La notion de Djihad dans les écoles françaises – Partie 1/2” : oumma.com/La-notion-de-Djihad), en citant le verset coranique « Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes. Allah n’aime pas les transgresseurs ! » (sourate 2, La Vache, verset 190 ; Hégirien ; mais abrogé par le verset du « sabre », 9:5 ; aussi 9:29 ; 9:36), on est en droit d’être perplexes et de douter de la suite allègrement expéditive… En effet, fort partiale et trompeuse à ce sujet, la rhétorique de ce site islamo-propagandiste manque de sérieux et d’objectivité : « Les théologiens musulmans sont tous d’accord sur la règle suivante : Le principe dans les relations entre les musulmans et les autres sociétés est la paix et non la guerre ». Vraiment ?

Car, en effet et n’en déplaise à ce site islamo-prosélyte pratiquant la cyber-propagande, le jihad en islam fut et est une agression et une guerre sainte perpétuelle afin d’ « étendre ou défendre l’islam » mais aussi de convertir à la religion islamique. Le jihad n’a jamais été contraire à l’esprit de la religion musulmane, comme le souligne ce site de Oumma.com dont, au passage, la dénomination « oumma », « communauté-nation des croyants islamiques », connote l’arrogance foncièrement communautariste universelle, hégémonique et sans frontières. Tout un programme jihadiste en contradiction totale avec les valeurs occidentales.

En islam le jihad est autorisé pour défendre la religion et cette défense autorise formellement l’attaque ; l’une ne va pas sans l’autre. Il n’a jamais été autrement dans l’histoire comme tentent de nous le faire croire les oulémas, les savants de l’islam et les imams, notamment ceux de France, d’autant plus que le verset pris comme exemple pour souligner l’hypothétique « guerre défensive » (S.2, v.190) est abrogé par le verset du « sabre » (9:5) qui ordonne la « guerre sainte offensive » (voir : Coran : l’abrogeant et l’abrogé … ou la stratégie du caméléon, à ce sujet).

Mais lisons et comprenons la suite du verset que Oumma.com se garde de citer : « Et combattez-les jusqu’à (ar. : hata) ce qu’il n’y ait plus de subversion [des non-musulmans = associateurs = les chrétiens Trinitaires] et que la religion soit entièrement à Allah seul » (S.2: v.193). Car, en islam : « la subversion est plus grave que le meurtre » (v.191 ; v.217 ; v.221).

Outre les contradictions internes et les ambigüités de ces versets S.2:v.190-194, notamment l’interdiction de transgresser (abrogée elle aussi par 2:194), reste que nos musulmans d’un site comme Oumma.com perdent toute crédibilité avec leur méthode sélective, loin de toute rationalité, pour tromper et pour nous convaincre du contraire, notamment de la contextualité présumée des versets à cantonner et à interpréter uniquement du temps du Prophète.

Si le Coran est incréé et de toute éternité, et si en plus la conjonction « jusque » (hata) est utilisée dans le verset, c’est bien pour souligner le caractère omniprésent et de toute éternité de l’injonction. À moins que cela relève également d’une certaine ignorance et d’une méconnaissance endémique du contenu du Coran et des Hadiths dont fait preuve régulièrement un site comme Oumma.com ?

Ordonner de combattre les infidèles mécréants jusqu’à ce « que la religion soit entièrement à Allah seul » est on ne peut plus clair : le jihad défensif est offensif.

Ce qui rejoint les ambiguïtés de la guerre sainte défensive (-offensive) d’un imam comme celui de la grande mosquée de Bordeaux, le frériste Tareq Oubrou dans ses conférences élogieuses (2007) sur Hassan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans. Tentant du sophisme en glosant sur le retour rêvé du califat et les guerres défensives de l’islam pour nous faire croire d’une manière implicite dans son discours que durant longtemps le jihad andalous est resté défensif et qu’il consistait à riposter à des initiatives chrétiennes du nord sur les terres (ibériques) désormais musulmanes. Tandis qu’il sous-entend plutôt (par le silence à une question posée puis la réponse indirecte) que sous le règne de Muhammad ben cAbd Allah al-Mansûr (Almanzor d’Andalousie, surnommé le « champion du jihad » ; il ne s’agit pas d’Al-Mansûr, second calife abbasside en 754), le combat devient offensif, le but n’est pas de défendre les territoires acquis mais au contraire d’attaquer l’adversaire sur ses terres (sous-entendre : en Occident).

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Un grave mensonge par omission, référence implicite inquiétante et injonction coranique sous-entendue de la part d’un imam Frère musulman décoré de la légion d’honneur par le ministre Alain Juppé, maire de Bordeaux. En somme, c’est là un exemple du jihad en action « par le cœur et par la langue ».

Le jihad défensif en prenant la forme d’une guerre sainte légitime son caractère offensif. Ou alors, la proposition peut être également inversée : le jihad offensif, en prenant comme prétexte la guerre sainte, revêt un caractère défensif légitimé. Comme qui dirait c’est du pareil au même ! Et en effet, la proposition directe ou inversée devient en quelque sorte indirecte et vice-versa.

C’est là une seconde proposition : le jihad dans sa double acceptation défensive-offensive.

Ceci est d’autant plus vrai que cette deuxième proposition duelle et gémellaire est à relier intimement à la première proposition (énoncée plus haut), à savoir : la « petite guerre sainte » – la guerre extérieure – devient le moyen par lequel se réalise une « grande guerre sainte », celle de l’effort spirituel sur soi, et vice-versa ; le « petit jihad » étant de l’injonction religieuse qui exprime et atteste la réalité du « grand jihad ».

Les notions duelles énoncées dans les deux propositions sont foncièrement complémentaires et constamment interchangeables dans la pensée islamique et tout au long de son histoire.

Le jihad commence toujours dans un premier temps par la propagande active, patiente et persévérante. Le jihad idéologique et social se traduisent d’une manière pragmatique en Occident par le prosélytisme dans les centres culturels islamiques et leur prolongement par la cyber-propagande aux fins d’endoctriner, désinformer et marteler des contre-vérités. C’est là le jihad en action « par le cœur et par la langue » qui se poursuit dans un second temps « par la main et par l’épée ». Autrement dit, les deux propositions du jihad défensif-offensif ET du jihad extérieur-intérieur se confondent.

Il faut préciser que ce fut la stratégie de l’action sociale, associative, caritative et d’endoctrinement religieux mis en place en Égypte par les Frères musulmans durant ces dernières décennies et que les fréristes en Occident et en France ont copié et mettent activement en pratique.

Poursuivons avec la cyber-propagande de Oumma.com : « Au niveau d’un État, c’est le pouvoir politique [califat/État musulman] qui peut déclarer la guerre contre un pays agresseur [infidèle]. En aucun cas l’islam n’autorise l’agression ». Vraiment ?

Tenter de distinguer la religion de son histoire et du pouvoir politique (Muhammad à Médine ; les premiers califes, les Omeyyades, les Abbassides, les Ottomans, etc.) est vain et un non-sens. Car, dans la pensée islamique ils n’ont jamais été dissocié ni de l’époque de Muhammad, ni celle de ces dynasties, ni au Moyen-âge islamique encore moins dans les temps modernes. Car « l’islam est religion ET État » (al-islâm dîn wa dawla), indissociables. C’est là un autre exemple du jihad en action « par le cœur et par la langue » régulièrement pratiqué par un site comme Oumma.com.

Après tout, le juge égyptien, Muhammad Saïd Al-Ashmawy (1932-2013), souligne que le sens du concept jihad a connu une évolution au cours de la révélation coranique, et non seulement à partir de la dynastie omeyyade, ou celle abbasside ou durant le Moyen-âge islamique comme on tente de nous le faire croire. Cette évolution est répartie en deux périodes, les versets coraniques ayant été « révélés » au cours des événements et des situations qui ont marqué la vie de Muhammad. Durant la période mecquoise de la révélation (610-622), le jihad avait une signification plutôt spirituelle et morale, quoi que la violence y est présente également. Il s’agissait alors de l’effort personnel que le musulman devait faire pour vivre pieusement en résistant à l’hostilité des païens.

C’est au cours de l’époque médinoise (622-632) que « le terme dépasse ce simple sens spirituel pour inclure, en outre, la lutte individuelle et collective contre les païens de La Mecque ». Une série de versets coraniques (4:91 ; 5:35 ; 9:5 et 14 ; 61:11-12) constitue, en effet, une progression vers le combat militaire. Le texte coranique encourage même les combattants (mujâhidûn, 5:105) et leur donne des conseils stratégiques : « ne faiblissez pas et n’appelez point à la paix alors que vous avez la supériorité » (47:35).

À partir de Médine, Muhammad et sa communauté commence à attaquer les caravanes mecquoises et à guerroyer pour obtenir leur reconnaissance et le droit de revenir à La Mecque, lieu sacré parce qu’il abrite la Kaaba. En 624, les Mecquois, qui refusent tout compromis avec Muhammad, dirigent une armée pour le combattre ainsi que sa communauté. C’est à partir de cette première grande bataille contre les païens, à Badr, que le jihad acquiert le sens de guerre sacrée, sainte. Dorénavant, les versets coraniques permettront la guerre et le jihad contre tous les infidèles, les chasser des terres de l’islam et/ou de les passer au fil de l’épée s’ils ne se soumettent pas (voir derniers paragraphes de : Un État palestinien ? Oui mais… au sujet des tribus juives et nazaréennes d’Arabie). C’est ce que firent les premiers califes, puis s’est poursuivi et s’est amplifié avec les Omeyyades et ainsi de suite.

D’une certaine manière, tout ceci est à relier à la barbarie qui caractérise les groupes terroristes aujourd’hui et, singulièrement, de cette organisation criminelle « Daesh » qui s’est auto-proclamée « État islamique ». Rien de bien nouveau comme le souligne Michael Bonner qui définit la communauté musulmane comme étant « fondée pour la guerre ».

C’est ce que dit en substance le chef terroriste irakien Abou Bakr Al-Baghdadi, “calife” autoproclamé du groupe Daech/EI : « L’islam n’a jamais été la religion de la paix, l’islam est la religion de la guerre… N’est-il pas venu pour vous le temps de savoir qu’il n’y a ni puissance, ni honneur, ni sécurité ni droit si ce n’est à l’ombre du califat ? (Source) ».

À retenir toutes ces conditions résumées ici, « jihad » devient quasi-synonyme de « islam » puisque cette idéologie religieuse totalisante est d’autant plus la soumission totale à la charia et une exhortation formelle aux injonctions omniprésentes du Coran incréé, c’est-à-dire le « combat sacré dans le chemin d’Allah et pour sa cause ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Sweydan, 11 septembre 2015 pour Dreuz.info.

Références bibliographiques et liens :

Muhammad Saïd Al-Ashmawy, L’islamisme contre l’islam. Paris, La Découverte 1989.

Michael Bonner, Le Jihad. Origines, interprétations, combats. Téraèdre, collection L’Islam en débat, 2004.

Antoine Borrut, « Michael Bonner, Le Jihad. Origines, interprétations, combats », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 140 | octobre – décembre 2007, document 140-9. URL : assr.revues.org.

Paul F. Crawford, « Quatre mythes à propos des croisades », Intercollegiate Review, vol. 46/1, printemps 2011 : benoit-et-moi.fr/quatre-mythes-sur-les-croisades

Fred M. Donner, The Early Islamic Conquests, Princeton Legacy Library, Princeton University Press, 2014.

Jean Flori, Guerre sainte, jihad, croisade. Violence et religion dans le christianisme et l’islam. Seuil, « Points », 2002.

Viviane Liati, De l’usage du Coran. Mille et une nuits, Essai, 2004.

Mohamed Ourya, « Les justifications de la guerre ». Spirale : Arts, Lettres, Sciences humaines, n° 212, 2007, p. 25-26 :

id.erudit.org
www.erudit.org

Marie Thérèse Urvoy, article « Guerre et Paix », dans Dictionnaire du Coran, sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi, Robert Laffont, collection Bouquins, 2007.

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