Publié par Guy Millière le 29 octobre 2015

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Guy Millière – Je m’attendais au pire lorsque j’ai vu que le débat entre candidats républicains aurait lieu sur CNBC. J’avais raison.

Les modérateurs du débat ont été ce qui se fait de pire en la matière. Les modérateurs de CNN étaient aux deux tiers de gauche et à un tiers venus de l’establishment républicain, mais ils étaient parvenus à ne pas montrer excessivement leurs orientations politiques. Les modérateurs de Fox News incarnaient l’establishment républicain, et Megyn Kelly était à l’évidence en mission pour démolir Donald Trump. Les modérateurs de CNBC semblaient lire des questions écrites par Bernie Sanders et Hillary Clinton. Ils ont montré à quel point la gauche américaine glisse présentement de plus en plus à gauche. Cela a fourni l’occasion à plusieurs candidats républicains de leur dire à quels points ils étaient nuls et orientés de manière grotesque et brutale. Il est bon que les Républicains disent leur fait à des gens qui font aussi malhonnêtement leur travail.

L’attitude et les questions des modérateurs ont fait qu’il a été assez peu possible de voir les candidats développer leurs programmes économiques d’une manière précise et argumentée. Ce qui ressort est néanmoins que chacun des dix candidats (je laisse de côté le débat entre les quatre petits candidats) discerne que l’économe américaine se porte plutôt mal et a un besoin impératif de déréglementation, de baisse des impôts et des charges, et de retour aux principes de la libre entreprise. Ce qui ressort aussi est que chacun des dix candidats discerne que l’endettement du pays atteint des niveaux très dangereux, et que les démocrates ont mis au point un système d’économie mixte reposant sur la collusion entre une nomenklatura politique très à gauche et un ensemble de très grandes entreprises bénéficiant de faveurs et de subventions fédérales, avec pour effet d’asphyxier les petites et moyennes entreprises et la classe moyenne : je parlerai de ce système dans un livre que je publierai dans quelques mois, sur l’après Obama.

Ce qui ressort, surtout, et c’est ce qui comptera en définitive, est l’aptitude ou non des candidats à répondre en situation d’adversité, et ce débat va sans doute permettre une décantation. Certains candidats ne vont plus rester dans la compétition très longtemps.

Je pense que Jeb Bush s’est éliminé lui-même et n’a fait que confirmer ses médiocres performances antécédentes.

Je pense que John Kasich est apparu trop centriste, et trop conciliant avec des positions de gauche. Il devrait bientôt disparaître.

Je pense que Rand Paul n’a pas été assez présent pour pouvoir remonter dans les sondages. Il est apparu trop marqué par ses positions libertariennes pour cela. Il devrait lui aussi disparaître prochainement.

Je pense que Mike Huckabee n’a pas affirmé suffisamment de points forts pour ne pas disparaître lui aussi. Son électorat est fondamentalement celui de Ben Carson, et Ben Carson est mieux placé que lui pour capter cet électorat.

Je pense que Chris Christie n’a lui-même pas affirmé suffisamment de points forts pour ne pas disparaître, dans quelques semaines tout au plus.

Je pense que Carly Fiorina est dans une situation proche de celle de Mike Huckabee et Chris Christie. Son passé à Hewlett Packard est marqué par le fait qu’elle a été licenciée : cela n’a cessé de plomber sa candidature.

Il va rester quatre candidats : Donald Trump, Ted Cruz, Marco Rubio, Ben Carson. Je les énonce selon l’ordre qui résulte de la qualité de leurs performances. Ben Carson a été égal à lui-même : intelligent, mais terne. Marco Rubio a été souvent brillant, mais souvent sur la défensive. Ted Cruz a été remarquable, et il est intellectuellement très au dessus de la mêlée. Donald Trump a tenu ses positions, et il a montré une fois de plus ce qui fait sa différence : sa capacité d’attaquer et de contre attaquer.

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Ben Carson est à même de remporter les caucus d’Iowa, parce qu’il s’appuie sur une base religieuse, et que le conservatisme religieux est puissant en Iowa.

La presse française aura du mal à parler de Ben Carson : un noir conservateur !

Il serait surprenant qu’il soit à même de remporter d’autres élections. Les démocrates le préféreraient aux trois autres parce qu’il parle de façon terne et semble plus facile à vaincre. On peut s’attendre à ce que sa candidature reçoive des louanges de la part de démocrates dans les jours et les semaines à venir. La presse française aura du mal à parler de lui : un noir conservateur ! C’est inconcevable pour qui porte les œillères du politiquement correct à la française.

Marco Rubio devrait être le candidat de rechange de l’establishment républicain, après la chute de Jeb Bush. Il serait néanmoins battu par un (une) démocrate : il ne serait vraisemblablement pas à même d’attirer l’aile conservatrice des républicains qui ne lui pardonne pas ses hésitations en matière d’immigration.

Ted Cruz est le candidat par excellence des conservateurs. Je crains qu’il ne soit, précisément pour cette raison, pas à même d’attirer des indépendants et des centristes.

Donald Trump n’est que partiellement un conservateur, et c’est ce qui fait sa force. Il attire aussi bien des gens venus des tea parties que des indépendants et des électeurs démocrates déçus par Obama. Il me semble être le seul à avoir une chance de l’emporter.

Son principal ennemi dans les semaines à venir sera l’establishment républicain, qui voit en lui un homme à même de renverser la table et de briser le parti républicain tel qu’il est.

Le parti républicain va sans doute tout faire pour briser son élan.

La grande questions des semaines à venir est : le parti républicain parviendra-t-il à ses fins.

Si le parti républicain parvient à ses fins, le parti républicain fera tout pout empêcher que Ted Cruz arrive en tête, et pour imposer Marco Rubio, qui, le cas échéant, perdra.

Si le parti républicain ne parvient pas à ses fins et si Donald Trump surmonte l’épreuve, le parti républicain fera tout pour que Trump perde. Ce sera sans doute le même scénario si Trump tombe et si Cruz reprend l’électorat de Trump.

A l’heure actuelle, je donne neuf chances sur dix à la candidate démocrate de gagner

Cela signifie qu’à l’heure actuelle, je donne, hélas, neuf chances sur dix au candidat (ou à la candidate) démocrate de gagner.

Dès lors que le candidat (ou la candidate démocrate pense ce que pensent les modérateurs de CNBC, dois-je dire que je suis consterné ?

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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