Publié par Magali Marc le 15 novembre 2015

FedElxn+Liberals+20150918

Comme chacun sait, c’est une chose de faire des promesses électorales et c’en est une autre de les tenir.

Comme il paraît que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, on serait tenté de dire qu’en votant pour Justin Trudeau, 40% des électeurs canadiens ont accepté de recevoir 25 000 réfugiés syriens d’ici la fin de l’année.

Ça laisse quand même une majorité qui ne souhaitait pas du tout se précipiter et pour qui le programme de parrainage des Conservateurs de Harper, permettant à des organismes et à de simples citoyens d’accueillir des familles de réfugiés sélectionnés, était somme toute adéquat.

C’est bien connu, le mieux est l’ennemi du bien.

En insistant lors de sa campagne électorale qu’il pouvait facilement aller chercher et loger 25 000 réfugiés avant le 31 décembre, Trudeau a prétendu qu’il allait faire mieux, qu’il allait faire plus et qu’il allait faire plus vite que Harper.

Tout à son enthousiasme pour aller chercher des votes, il s’est piégé. Cette promesse apparaît de plus en plus utopique.

Pour sa part, le rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme et des migrants, François Crépeau, a salué la promesse du gouvernement libéral d’accueillir 25 000 réfugiés syriens d’ici la fin de l’année même s’il la juge irréaliste.
M. Crépeau croit que les libéraux devront repousser de six mois l’échéancier.

Ce qui ne l’empêche pas de souhaiter que le Canada accueille 125 000 réfugiés syriens sur cinq ans !

Même si le parrainage par des organismes et des groupes de personnes semble la meilleure solution, c’est loin d’être évident car les éventuels parrains, selon le programme de parrainage collectif du Québec, ont les obligations suivantes :

1) former un groupe de deux à cinq personnes avant de déposer leur demande ;
2) préparer l’accueil du parrainé et de sa famille ;
3) l’accompagner dans ses démarches d’intégration ;
4) éventuellement, l’aider à faire venir au Québec son conjoint ou ses enfants ;
5) assumer les dépenses de logement, d’ameublement, de nourriture et de vêtements pour une période d’un an ;

Pour un adulte, le montant est évalué à quelque 12 000 $; pour une famille de deux adultes et deux enfants, la somme dépasse les 21 000 $.

Trudeau qui refuse de baisser les bras, a mis sur pied un Comité Spécial composé de neuf ministres afin d’organiser l’accueil des réfugiés.

Certaines hypothèses ont été lancées : utiliser des avions militaires et noliser ceux d’Air Canada qui a proposé son aide (gratuite ?), loger les réfugiés temporairement dans des bases militaires à travers le pays (à quel coût ?), installer des bureaux de sélection des réfugiés en Turquie et en Jordanie.

Je ne veux pas avoir l’air mesquine, mais la facture globale dont personne au gouvernement ne veut piper mot sera refilée aux contribuables canadiens.

Jeudi soir passé, à la sortie d’un conseil des ministres, le ministre fédéral de l’Immigration a dû admettre qu’il n’était pas plus avancé que la veille et que la méthode du parrainage privé/public tel que pratiquée par Harper n’était pas si mal après tout.

Mais Trudeau ne veut rien savoir. Ce programme d’accueil, il veut que ce soit «son» programme, donc pas question d’ajouter à son actif les 1 300 réfugiés que le parrainage a permis de recevoir depuis janvier 2015 lorsque Stephen Harper était au pouvoir.

Le gouvernement conservateur était un mauvais gouvernement sectaire et égoïste qui a démoli l’image du Canada à l’étranger, nous ont seriné les Libéraux durant la longue campagne électorale.

Lui, Trudeau va redorer le blazon canadien en allant à la rencontre du G20 à Ankara (il va essayer de convaincre ses homologues qu’il faut des politiques de déficit et pas d’austérité pour créer des emplois) ; puis à la Conférence de Paris sur le climat (il répond vaguement sur ce qu’il pense y accomplir, car il n’en a pas la moindre idée) ; en réfléchissant tout haut sur la meilleure façon d’accueillir ces fameux réfugiés (il a dit que cela constitue un «beau défi», ce qui revient à dire qu’il n’est pas sûr que ce soit possible).

C’est la politique du «sunny ways» qui continue : de l’optimisme, encore de l’optimisme, toujours de l’optimisme !

M. Trudeau a été obligé d’admettre que son déficit sera plus important que prévu après vérification des chiffres, mais cela n’a surpris personne, c’est un classique de la politique canadienne : on arrive au pouvoir et on découvre que les caisses sont vides.

Pour les 25 000 réfugiés qui tout compte fait devraient commencer à arriver le 1er décembre, M. Trudeau semble penser qu’ils finiront bien par travailler au salaire minimum et par payer des impôts qui aideront à renflouer les coffres canadiens.

Ils voteront Libéral de pères en fils (et de mères en filles) jusqu’à la fin des temps par pure gratitude.

Bien sûr, il faudra leur enseigner ce que sont des élections libres et démocratiques, l’alternance des partis au pouvoir, le droit de vote, l’égalité des sexes, la laïcité, mais on a le temps !

Ils finiront bien par se mettre au diapason de la productivité nord-américaine (on oublie les 5 prières par jour) et par consommer des biens et services (boucheries hallal, cafétérias hallal, mosquées, etc), bref par contribuer à la prospérité canadienne !

D’ici là, ils devront s’habituer à nos hivers (j’en ai déjà parlé dans un récent article) et ils devront apprendre une de nos deux langues officielles (au Québec, de préférence, le français).

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Une fois réglés leur transport et leur logement, des difficultés d’ordre sanitaire sont à prévoir.

Un article de Jforum du 10 novembre dernier (signalé par des lecteurs de Dreuz) fait état d’apparition de maladies de migrants qui n’existaient plus en Allemagne et qui risquent de faire leur réapparition chez nous :

« … Les responsables de la santé publique allemandes doivent maintenant faire face à la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, la diphtérie, le virus Ebola, l’hépatite, le IHV / sida, le paludisme, la rougeole, la méningite, les oreillons, la poliomyélite, la gale, le tétanos, la tuberculose, le typhus et la coqueluche.

Comme les abris pour réfugiés sont pleins à craquer, les médecins sont également en état d’alerte et craignent des épidémies massives de grippe et de norovirus.

Aggravant ce défi, des dizaines de milliers de migrants qui arrivent en Allemagne – en particulier les enfants – n’ont pas été vaccinés, et les médecins allemands se rendent compte que les vaccins nécessaires ne sont pas disponibles en nombre suffisant en raison d’un manque d’approvisionnement. …
Beaucoup de migrants souffrent également d’une multitude de traumatismes et de maladies mentales.

Selon la Chambre des psychothérapeutes allemands (Bundespsychotherapeutenkammer), au moins la moitié de tous les migrants qui arrivent en Allemagne ont des problèmes psychologiques, y compris le trouble de stress post-traumatique et de dépression, et environ 40% ont envisagé le suicide.

Les hôpitaux allemands sont également obligés d’embaucher une armée d’interprètes afin que les médecins puissent communiquer avec les demandeurs d’asile, qui parlent des dizaines de langues, dialectes et variantes…»

Les Canadiens qui n’entendent plus parler de poliomyélite depuis vingt ans, vont devoir recommencer à courir après les vaccins.

Et ces pauvres réfugiés traumatisés et au système immunitaire affaibli qui vont arriver en pleine saison de grippe hivernale !

Ces temps-ci, le Québec vit une pénurie de main-d’oeuvre en santé et services sociaux. Recevoir et soigner des milliers de réfugiés ne sera pas chose aisée.

C’est en effet ce qu’on appelle un «beau défi».

Post Scriptum : J’ai écrit ce texte avant les attaques terroristes sur Paris.

Ce samedi matin, en découvrant qu’un des islamikazes avait un passeport syrien et faisait partie d’un groupe de réfugiés transitants en Grèce, des journalistes de Radio Canada se sont mis à spéculer sur le fait que cette découverte pourrait refroidir l’enthousiasme «pro-réfugiés» de Justin Trudeau et de ses ministres.

Il n’est pas souhaitable qu’en se dépêchant d’accueillir des réfugiés syriens, les Canadiens accélèrent les vérifications au point de laisser passer d’éventuels islamikazes.

Il ne faudrait pas que le «beau défi» devienne un beau suicide collectif.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading