Publié par Magali Marc le 20 décembre 2015
Raif Badawi
Raif Badawi

Dans l’affaire du blogueur saoudien emprisonné et condamné au fouet Raif Badawi, les médias gauchistes adorateurs de Justin Trudeau ne savent plus où donner de la plume.

Le 17 décembre, les médias de masse titrent «Raïf Badawi: Trudeau pas prêt à s’impliquer personnellement», reprenant l’article de Mélanie Marquis de l’agence Presse Canadienne à Ottawa, dans lequel on nous explique que la libération de Badawi ne figure pas dans les priorités du premier ministre canadien.

Cette réponse détachée («Ce n’est pas dans mes plans immédiats») de Justin Trudeau est partout contrastée avec les interventions à brûle-pourpoint de Stéphane Dion au parlement d’Ottawa quand il exhortait Stephen Harper le 26 janvier dernier, à intervenir personnellement auprès du roi d’Arabie saoudite.

Alors qu’il était dans l’opposition, Stéphane Dion demandait :

« Le premier ministre (Harper) va-t-il intercéder lui-même directement auprès du nouveau roi saoudien, comme l’en prie l’épouse de M. Badawi? ».

Maintenant qu’il est ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion semble avoir une vision beaucoup plus modeste et «diplomatique» de la façon dont le Canada doit s’y prendre pour faire libérer Raïf Badawi.

C’est pourquoi le nouveau ministre des Affaires étrangères s’est entretenu avec son homologue saoudien, Adel Al-Joubeir et s’est contenté de signaler «… que le gouvernement (canadien) espère la clémence» dans le cas de M. Badawi.

Le 18 décembre, Radio Canada accourt à la défense de son poulain libéral en corrigeant la perspective. La télévision publique annonce : « Justin Trudeau veut tout faire pour sauver Raif Badawi.»

Ah bon ? Que s’est-il donc passé ?

Tout bêtement, Justin Trudeau a accepté d’accorder une longue entrevue au journaliste Patrice Roy de Radio Canada, ce que Stephen Harper ne faisait plus depuis longtemps.

La télévision d’État s’est empressée d’offrir à Justin Trudeau l’opportunité de corriger la mauvaise impression créée par les titres de la veille et d’enfin donner l’impression qu’il s’occupe de Badawi.

Ce qui est très révélateur, c’est la façon dont Trudeau s’y prend pour répondre au journaliste lorsque celui-ci lui demande pourquoi il ne téléphone pas directement au roi d’Arabie saoudite.

« Qu’est ce que je fais si jamais je téléphone au roi et qu’il dit non ? Qu’est-ce qu’on fait à la prochaine étape?» a rétorqué le premier ministre du Canada.

Cette réponse montre à quel point Justin Trudeau est soucieux de son image publique plus encore que de la situation du blogueur saoudien ou de sa famille qui vit à Sherbrooke.

Si le roi saoudien l’envoyait promener en lui disant de s’occuper de ce qui le regarde, Justin devrait encaisser une rebuffade que son ego ne pourrait supporter.

En laissant faire son ministre des Affaires étrangères, par la voie diplomatique, il aura toute la gloire si Badawi est libéré et aucune écorchure à son image de marque si Badawi reste en taule.

Mais derrière ce changement de ton, il faut voir comment s’articule la relation du Canada avec l’Arabie saoudite.

Trudeau ne veut pas nuire au contrat de 15 milliards obtenu par le gouvernement Harper de vente de véhicules blindés à l’Arabie saoudite 

D’aucuns pensent que ce désir soudain des Libéraux au pouvoir qui paraissaient si impétueux lorsqu’ils étaient dans l’opposition, de ménager l’Arabie saoudite, vient de ce qu’ils ne veulent pas nuire à un contrat de vente de véhicules blindés légers fabriqués à London par l’entreprise canadienne General Dynamics Land Systems, un contrat d’une valeur de 15 milliards qu’avait obtenu le gouvernement Harper.

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Le realpolitik a donc fini par rattraper le fils Trudeau qui en campagne électorale se présentait comme étant plus idéaliste et plus optimiste qu’Obama lui-même.

Il est quand même bon de savoir ce qu’a écrit Hélios d’Alexandrie sur le site de Poste de Veille, le 6 décembre dernier dans son texte lumineux intitulé «Poutine ou la clairvoyance face à l’islam» :

«…Poutine a de bonnes raisons de se méfier de l’Arabie Saoudite qu’il perçoit comme la source principale des problèmes qui affligent la planète.

La montée en puissance de l’islamisme c’est elle, la multiplication des mosquées salafistes et la radicalisation des musulmans partout dans le monde, c’est elle. La talibanisation de l’Afghanistan et du Pakistan, c’est elle. Le terrorisme islamique en Somalie, au Mali et au Nigéria, c’est elle. L’islamisation de l’Europe occidentale et de la Turquie, c’est elle. La salafisation des pays musulmans à majorité sunnite, c’est elle.

La guerre civile en Syrie, en Irak, en Lybie, au Yémen, en Somalie, au Nigéria et la présence de véritables armées composées de jihadistes, c’est elle, mais également le Qatar et à un moindre degré le Koweït.

L’insurrection islamiste en Tchétchénie qui a drainé les ressources en hommes et en armes de la Russie, c’est encore elle.

L’Arabie Saoudite c’était aussi, avant la chute du prix de l’or noir, plus d’un milliard de dollars de revenus tirés de l’exportation de son pétrole à tous les jours, ce sont aussi au-delà de 600 milliards de dollars de réserves monétaires parquées dans les banques occidentales, de quoi faire chanter ou à tout le moins persuader les chefs d’États occidentaux d’être plus que complaisants envers elle et l’islam. … »

Quod Erat Demonstrandum

Trudeau en a fini avec les «sunny ways». Il paraît que la lune se lève …

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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