Publié par Guy Millière le 15 février 2016

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La situation planétaire s’aggrave de jour en jour.

Les places financières occidentales accusent des pertes qui ne cessent de s’accentuer : l’injection massive de liquidités par la Banque centrale américaine, puis par la Banque centrale européenne, a pu maquiller la réalité, mais il vient un moment où le maquillage ne tient plus.

L’économie américaine, n’en déplaise à ceux payés pour mentir, se porte mal. Elle ne se portait pas très bien à la fin de la présidence de George Walker Bush en raison de la crise induite par les prêts subprime. Elle est aujourd’hui dans une situation pire. Le taux de chômage réel est aux Etats-Unis est supérieur à vingt pour cent. La croissance, si on prend en compte l’accroissement de la population, est quasiment nulle. Le nombre des pauvres ne cesse d’augmenter. Les entreprises américaines sont les plus imposées du monde développé. Dès lors que les Etats-Unis tiraient la croissance mondiale, les conséquences sont planétaires. Les liquidités injectées ont alimenté artificiellement les performances boursières. C’est en train de prendre fin.

Les économies européennes se portent très mal, y compris l’économie allemande.

Les graves dysfonctionnements inhérents à la zone euro ont été cachés sous les liquidités injectées et la dévaluation massive de l’euro. Les expédients ne pouvaient durer : ils atteignent leurs limites. Tous les pays d’Europe sont en stagnation ou en récession, à des degrés divers, et strictement rien n’est sur l’horizon qui permette d’espérer une amélioration prochaine, bien au contraire.

En Asie, le Japon continue à s’enliser et à décliner. La Chine est davantage qu’essoufflée. Ce qui lui reste de croissance repose sur des dépenses intérieures aux allures de fuite en avant.

La baisse du prix des matières premières énergétiques vient d’une baisse forte de la demande internationale et d’une surabondance d’offre voulue par l’Arabie Saoudite et les pétromonarchies du Golfe aux fins d’affaiblir la montée en puissance de l’Iran et de réfréner la Russie. L’Iran en souffre, mais pas autant que les Saoud le souhaiteraient, car l’Iran vient de recevoir beaucoup d’argent à la suite de la levée des sanctions internationales. La Russie en souffre aussi, mais pas autant non plus que les Saoud le souhaiteraient, eux qui savent que la Russie est le partenaire stratégique de l’Iran dans la région. Les Saoud perdent beaucoup d’argent dans ce jeu dangereux. Des pays plus fragiles qui vivent du gaz ou du pétrole, tels l’Algérie, sont dans une situation très difficile, propice aux explosions.

Le Venezuela, détruit par les années Chavez, et qui survivait grâce au pétrole, est en état de banqueroute.

La guerre au Proche-Orient se poursuit et pourrait s’exacerber. La Russie, comme je l’avais anticipé, a largement détruit les groupes autres que l’Etat Islamique qui combattaient ce qui restait du régime Assad. Le régime Assad est vraisemblablement sauvé, et est plus que jamais un protectorat russo-iranien. Le Liban est plus que jamais sous la coupe du Hezbollah. Les régions chiites d’Irak sont un protectorat iranien. L’Iran n’a pas renoncé à déstabiliser l’Arabie Saoudite par les régions chiites où les Saoud produisent du pétrole, et par le biais des milices Houthi au Yemen. Le but des mollahs et de la Russie reste de tenir le détroit d’Ormuz et de Bab el Mandeb, aux fins de tenir les transactions énergétiques internationales. Ils espèrent atteindre leur but avant qu’Obama, qui les laisse faire, quitte la Maison Blanche.

L’Etat Islamique, un temps financé par les Saoud et les pétromonarchies du Golfe, ainsi que par la Turquie, aux fins d’endiguer l’Iran, semble stagner en Irak et en Syrie, largement parce qu’il vit lui aussi de l’argent du pétrole, qui rentre moins, mais aussi parce que les Saoud voit en lui un danger majeur, dès lors que la Russie l’a épargné en l’incitant à faire pression sur les Saoud. La Turquie est en position difficile : Erdogan voulait le renversement d’Assad, l’utilisation de l’Etat Islamique pour épandre l’islam radical sunnite dans toute la région, l’écrasement des Kurdes de Syrie et d’Irak, l’endiguement de l’Iran. Il voit maintenant le maintien d’Assad, l’utilisation de l’Etat Islamique par la Russie, une alliance qui s’esquisse entre la Russie et les Kurdes de Syrie et d’Irak, le renforcement de l’Iran. La Russie, qui est, en Syrie, au Sud de la Turquie masse des troupes sur les frontières Nord de la Turquie, et entend faire comprendre à Erdogan que la moindre réaction de sa part sera un casus belli. Poutine n’aurait rien contre le casus belli : il en résulterait la démonstration de l’inanité de l’OTAN, dès lors que ni l’Europe ni les Etats-Unis n’interviendraient, et l’OTAN n’apparaîtrait plus comme un moyen de défense de l’Europe centrale et des pays baltes, sur lesquels la Russie entend assurer son emprise à nouveau.

L’Etat Islamique, s’il stagne en Irak et en Syrie, se renforce ailleurs, et particulièrement en Libye, mais aussi dans le Sinaï et en Afrique subsaharienne.

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Les flux migratoires aux allures d’invasion qui se dirigent vers l’Europe ne sont pas du tout prêts de s’arrêter. Ils sont utiles à l’Etat Islamique, qui y infiltre des agents et poursuit le rêve d’une soumission de l’Europe. Ils sont utiles à la Russie, qui ne déteste pas de voir l’Europe affaiblie davantage encore. Ils sont utiles à l’Iran, qui lui-même ne déteste pas voir l’Europe affaiblie davantage. Ils annoncent un futur sombre pour l’Europe, qui voit s’ajouter à son délitement économique et financier une menace islamiste croissante à laquelle elle ne parvient pas à faire face.

Les Saoud se rapprochent d’Israël, tout comme l’Egypte. Les Saoud et l’Egypte ont avec Israël des ennemis communs, l’Iran et l’Etat Islamique. La Turquie se rapproche aussi d’Israël, pour des raisons strictement tactiques : la Turquie est prise en étau entre la Russie et l’Iran. Elle voit que l’Etat Islamique lui échappe.

Israël gère un statu quo avec la Russie, et coopère avec elle en indiquant les lignes rouges que la Russie ne doit pas franchir, et en soulignant que l’Iran doit voir ses ardeurs réfrénées.

Les dirigeants européens semblent ne rien comprendre au puzzle du Proche-Orient. Ils imaginent qu’un accord sur la Syrie pourra prendre place : ils verront vite que cet accord entérinera la victoire d’Assad, de la Russie et de l’Iran. Ils pensent que leur ennemi est l’Etat Islamique en Irak et en Syrie : ils font comme s’ils ne voyaient pas que l’Etat Islamique est désormais dans vingt pays sur la terre. Ils pensent que l’Iran peut être leur allié : ils font comme s’ils ne voyaient pas les visées hégémoniques de l’Iran, et que derrière l’alliance Russie-Iran, il y a l’alliance Russie-Chine, et le projet eurasien conceptualisé par Alexandre Douguine. Ils paient Erdogan des milliards pour que la Turquie tienne ses frontières, et semblent ne pas discerner dans quelle situation difficile Erdogan se trouve, et qu’Erdogan fera ce qui sert ses intérêts, pas ce qui sert les intérêts de l’Europe. Ils semblent obnubilés par la création d’un Etat palestinien et les pressions qu’ils peuvent exercer sur Israël : ils veulent ainsi apaiser les Musulmans installés en Europe, et ne voient pas que la « cause palestinienne » est vraiment le dernier des soucis des Saoud, de l’Egypte de Sissi, de la Turquie, de la Russie, et n’est, pour l’Iran, qu’une façon d’habiller ses intentions génocidaires.

Ils ne parlent pas du maître d’œuvre de tout ce que je viens de décrire, un certain Barack Obama, qui, par un mélange d’incompétence et de dogmatisme islamo-gauchiste, a obtenu des résultats remarquables.

J’avais prévu ces résultats dans les deux livres que je lui ai consacré. En Europe, quand les livres sont parus, les regards portés vers Obama étaient extatiques. Aujourd’hui, ceux qui s’extasiaient sur Obama omettent de citer son nom. Ils ne semblent voir aucun lien entre le retrait des Etats-Unis d’Irak et l’émergence de l’Etat Islamique, aucun lien non plus entre la montée en puissance de l’Iran et l’accord passé par Obama avec l’Iran, aucun lien encore entre le vide laissé par les Etats-Unis au Proche-Orient et le retour de la Russie, aucun lien entre les monstruosités infligées par Obama à l’économie américaine et la crise qui vient. Ils me font penser aux gens qui pensent qu’entre le fait de mettre une casserole d’eau sur le feu et le fait que l’eau un peu plus tard se mette à bouillir, il n’y a aucun rapport. Quand la Chine glissera davantage encore vers la déshérence économique et connaîtra des troubles intérieurs majeurs qui pourraient la mener vers la guerre, ils ne verront strictement aucun rapport, et je n’ai pas parlé des activités de Kim Jong-Un en Corée du Nord, où le régime existe grâce à la Chine et fait partie du projet eurasien susdit, et où se mènent des expériences atomiques en lien étroit avec l’Iran des mollahs : cela n’a aucun rapport bien sûr.

L’Europe est régie intellectuellement et politiquement par des aveugles acéphales.

Tout va bien.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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