Publié par Abbé Alain René Arbez le 10 mars 2016

Migrants

Les représentants des évêques européens se sont réunis du 2 au 4 mars 2016 à Bruxelles, pour échanger sur des thèmes tels que « le rôle de l’Europe dans la paix du monde », mais aussi pour définir une posture autour de l’épineuse question des migrants. C’est sous l’égide de la COMECE (commission des épiscopats de la communauté européenne) et du CCCE (Conseil des conférences épiscopales d’Europe) que les discussions ont été menées.

La COMECE entend se situer dans une optique dite « conciliaire » c’est-à-dire pastorale au niveau des réalités de terrain. Le second organisme reflète le désir de préserver des valeurs d’identité dans les bouleversements sociétaux actuels. Ainsi le cardinal Erdö, archevêque de Budapest, qui préside le CCCE, a menacé de boycotter la rencontre avec la COMECE sur les migrants, en raison de profondes divergences d’appréciation entre Français, Allemands et Italiens d’une part, et Polonais, Tchèques et Hongrois, d’autre part.

Europe-infos, revue éditée par la COMECE et le Centre social européen jésuite, a dû retirer des articles de son site attaquant l’attitude critique des gouvernements polonais et hongrois envers le mouvement migratoire. Les évêques des pays concernés se sont exprimés à ce sujet : ainsi, le CCE rappelle qu’à l’Est, la question essentielle se situe moins en termes de relations Eglise-état qu’autour du rapport de la foi catholique à la culture communautaire. La crise migratoire donnerait donc dans les faits une légitimité aux défenseurs de l’identité chrétienne tels que PiS en Pologne et Fidesz en Hongrie.

Lors de l’Assemblée plénière des évêques de France, à Lourdes, début novembre 2016, des voix s’étaient déjà fait entendre dans le même sens : « Quelle Europe souhaitons-nous ? Une Europe ouverte ou fermée ? Une forteresse ou un pont ? »… telle était l’interpellation personnelle de l’archevêque d’Agrigente en Italie, invité à une première séance. L’archevêque de Rouen admettait un consensus sur la nécessité d’accueillir des personnes en grand danger, mais, attention, il y a accueil et accueil, précisait-il : « Il faut distinguer l’accueil des migrants qui passent, comme à Lampedusa, de celui des migrants qui restent ».

Des points de vue très divers se sont manifestés, dont certains avec une tonalité interrogative clairement marquée. Pour relativiser l’interpellation de l’archevêque italien stigmatisant une Europe selon lui trop fermée, Mgr de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris précisait : « Tous les citoyens sont égaux en droit ; ils peuvent exprimer des craintes devant l’arrivée d’une population n’ayant pas les mêmes références culturelles et religieuses, et nourrissant du ressentiment à notre égard ! » Appuyé par l’évêque auxiliaire de Strasbourg, Mgr Kratz : « Ne sous-estimons-nous pas l’importance de la religion, en particulier musulmane ? Je constate que l’islam fait peur, il suscite des rejets, aussi parce que partout où il est majoritaire, l’islam ne respecte ni les droits de l’homme ni la liberté religieuse ! ».

Invité à cette séance, l’archevêque de Hajdudorog (Hongrie) expliquait pourquoi Viktor Orban avait décidé d’ériger une « clôture pour contrôler l’afflux de jeunes migrants sans papiers d’identité et refusant l’enregistrement ». Certains lui reprochant de ne pas honorer le message évangélique, le prélat hongrois justifia cette mesure préventive par l’urgence de la situation qu’il compare à une « inondation islamique » qu’il faut contenir.

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A Bruxelles, lors de la rencontre entre la COMECE et le CCCE, les clivages n’ont pas disparu, les approches restent spécifiques entre l’ouest et l’est. L’archevêque de Strasbourg, Mgr Grallet, a rappelé que pour comprendre les positions des épiscopats de l’est, il faut garder présent à l’esprit le fait que « ces pays sont en première ligne de l’afflux migratoire, et que leur mémoire est marquée par l’impact d’une invasion musulmane dans leur passé ».

Une intervenante particulière s’est aussi adressée aux évêques réunis : Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne. Après son intervention, un évêque a vu en elle une « personnalité exceptionnelle »(sic). Sans doute a-t-elle omis de confesser son pedigree marxiste à ces éminences (militante d’extrême gauche à la Sinistra giovanile) et sans doute a-t-elle évité de leur citer sa fameuse phrase : « l’islam politique a un rôle important à jouer dans l’avenir de l’Europe ! Il a sa place dans notre histoire, dans notre culture, dans notre alimentation, et plus important encore, dans notre présent et notre futur ! »

A l’est comme à l’ouest, les évêques connaissent le latin : « intelligenti pauca ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour Dreuz.info.

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