Ce weekend, une convention du Parti néo-démocrate canadien (NPD) doit décider si Thomas Mulcair peut rester le chef du parti après la cuisante défaite qu’il a subi le 19 octobre dernier.
En même temps le NPD doit se redéfinir et décider s’il veut se replacer plus à gauche et recommencer à jouer le rôle de la mauvaise conscience au Parlement canadien au risque de ne jamais se retrouver au pouvoir, ou bien rester au centre avec Mulcair et conserver une chance de gouverner un jour.
Les plus à gauche dans le NPD en ont soupé de la politique centriste de Thomas Mulcair qui n’est pas parvenu en période électorale à se situer plus à gauche que Justin Trudeau sur des questions de «droit» (niqab, réfugiés, droits des autochtones) et qui s’est montré plus pragmatique et proche des Conservateurs sur la question des finances publiques (réduction des dépenses gouvernementales, politique d’austérité, équilibre budgétaire).
En faisant la promotion de sa politique de déficit, Justin Trudeau a coupé l’herbe sous les pieds des gauchistes du NPD et s’est retrouvé au gouvernement.
Afin de récupérer l’électorat de gauche, séduit par Trudeau lors des dernières élections, certains membres du NPD souhaitent se débarrasser de Mulcair et se lancer dans un virage écolo-gauchiste. Ils ont pondu l’an dernier un manifeste dont ils ont fait la promotion avant et pendant la convention qui a lieu à Edmonton, Alberta, du 8 au 10 avril.
Le beau rêve bleu du «Leap Manifesto»
Ayant pour titre : Un bond vers l’avant, Manifeste pour un Canada fondé sur le souci de la planète et la sollicitude des uns envers les autres, ce manifeste se résume à de belles intentions: «… respect des droits des autochtones, internationalisme, droits humains, diversité et développement durable…».
Les auteurs ne se gênent pas pour affirmer que :
« Nous pourrions vivre dans un pays entièrement alimenté par des énergies réellement renouvelables et justes, traversé de réseaux de transport public accessible, où les emplois et autres possibilités qu’offre une telle transition sont aussi conçus pour éliminer systématiquement les inégalités raciales et entre les genres.
Prendre soin de la planète et les uns des autres pourrait créer de nouveaux secteurs économiques très dynamiques. Beaucoup plus de personnes auraient accès à des emplois mieux payés et travailleraient moins longtemps, ce qui nous laisserait amplement le temps de profiter de la présence de nos proches et de nous épanouir dans nos communautés. »
Travailler moins, être mieux payé et s’épanouir chez soi, qui n’a pas fait ce rêve ?
Et voilà qu’il se réaliserait par enchantement, mais surtout en taxant les riches :
« L’argent nécessaire pour effectuer cette grande transition est accessible, il ne reste qu’à implanter les bons programmes d’action pour libérer ces sommes. Il faut par exemple, mettre un terme aux subventions destinées à l’exploitation et à la consommation des énergies fossiles, imposer une taxe sur les transactions financières, accroître les redevances pétrolières, augmenter l’impôt sur le revenu des entreprises privées et des plus riches, instaurer une taxe progressive sur le carbone, couper dans les dépenses militaires. »
Les signataires de ce manifeste font partie de tout ce que le Canada compte de bien pensants gauchistes, activistes droit-de-l’hommistes subventionnés par l’État, ONGs (Oxfam, Greenpeace, Alternatives), et syndicats.
Bref, tous ceux qui pensent qu’en étant gentil, inclusif, en se débarrassant rapidement des énergies fossiles, en respectant les droits des autochtones et en faisant payer les riches, on va régler tous les problèmes de pauvreté, de pollution et de discrimination.
En vérité, les auteurs du manifeste souhaitent faire la promotion de ces idées, mais ne veulent surtout pas se retrouver au gouvernement pour avoir à les mettre en œuvre, car alors ils seraient obligés d’assumer la responsabilité d’un échec certain. Ils sont habitués à influencer les Libéraux et se contenteraient facilement de n’avoir que le nombre de votes suffisant pour pouvoir jouer ce rôle d’éternel second. De mouche du coche.
C’est pourquoi la carrière politique de Thomas Mulcair ne tient qu’à un cheveu.
Comble de malheur, la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, qui l’an dernier a fait connaître au NPD un succès inespéré en se faisant élire dans une province traditionnellement très conservatrice, vient à la dite convention bien déterminée à défendre l’exportation du pétrole albertain et la construction de pipelines que cela suppose.
Mme Notley est sous le coup d’un sondage réalisé en février selon lequel son gouvernement néo-démocrate se trouve en troisième place, derrière les partis de droite soit les progressistes-conservateurs et le parti Wildrose qui est encore plus à droite.
Elle n’a donc que faire des belles idées écolo-gauchistes des auteurs du manifeste et se doit de défendre l’exploitation et la vente du pétrole des sables bitumineux de sa province.
Pire encore, Le NPD provincial au Saskatchewan a subi une lourde défaite cette semaine, alors que Brad Wall du Saskatchewan Party a été réélu avec une forte majorité et que le chef du NPD provincial, Cam Broten, a perdu son siège.
Au Manitoba, le gouvernement NPD de Greg Selinger, au pouvoir depuis 16 ans, est à la traîne dans les sondages et les Conservateurs provinciaux en avance, alors que des élections sont prévues pour le 19 avril prochain.
Le NPD tant au niveau fédéral que provincial est donc fragilisé et avec lui l’ensemble de la gauche canadienne dont il le le principal représentant.
Le discours que va prononcer Thomas Mulcair avant le vote est très attendu. Il va devoir naviguer entre les écolos et les gauchistes pragmatiques et expliquer sa position selon laquelle le pétrole de l’Alberta peut être exploité de façon «responsable».
Mulcair a fait ce qu’il a pu pour se concilier les gauchistes du parti.
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En février dernier, il a voté contre la motion condamnant le mouvement anti-israélien BDS, en invoquant la liberté d’expression, il a dit qu’il appuierait le Manifeste du Bond vers l’avant s’il était adopté par la convention et, la semaine dernière, il a été jusqu’à exiger que Justin Trudeau traite Donald Trump de fasciste !
Cela suffira peut-être pour qu’il sauve sa peau à court terme, mais à plus long terme, si Justin Trudeau lui joue le sale tour de changer le mode de scrutin, comme il l’a promis, sa situation sera fragilisée.
Les anti-Mulcair pourraient alors décider qu’ils n’ont plus besoin de lui et auraient tout le loisir de lui montrer la porte avant les prochaines élections fédérales.
Nathan Cullen, le porte-parole du NPD en matière de réforme démocratique presse le gouvernement Trudeau de procéder à la mise en chantier d’un comité parlementaire qui aurait pour tâche de « rendre plus représentatifs des segments sous-représentés dans le système politique canadien soit les organismes qui représentent les femmes, les jeunes, les autochtones et les plus pauvres …» autrement dit la clientèle cible du NPD.
Ainsi, le premier ministre Trudeau tient dans ses mains le sort de son principal adversaire politique…
En revanche, il serait fort possible que les Libéraux soient beaucoup moins pressés de réaliser cette réforme du scrutin uninominal à un tour pour aller vers un scrutin proportionnel (une de leur nombreuses promesses électorales) vu que cela signifierait pour eux, presqu’à coup sûr, la perte ou la diminution du pouvoir aux prochaines élections fédérales.
Lors des élections d’octobre dernier, les Libéraux de Trudeau ont remporté 184 sièges au parlement avec seulement 39.5 % des voix, alors que les Conservateurs de Harper n’ont obtenu que 99 sièges avec 31.9 % des voix !
Justin Trudeau a bien des défauts, mais il sait compter !
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La goooooche dans tout sa ”splendeur”
Pas très démocratique mais riche, on sait que ce parti avait payé le voyage, les séjour et les déplacements des antifas Français, qui étaient en charge de troubler le séjour de MLP au Canada.. On nous avait vendu des manifestations “spontannées” ; la gauche fait son autoportrait, empêcher l’autre de parler.
mais c’est la Gauche..
-Anti liberté d’expression : mais c’est pas grave, ce n’est que MLP
-Anti liberté d’expression : mais c’est pas grave, ce n’est que TRUMP
Anti liberté d’expression : mais c’est grave, c’est ………….. On aurait dû réagir plutôt…trop tard !