Publié par Gilles William Goldnadel le 24 mai 2016

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Des commentaires sur l’élection serrée en Autriche au concert déprogrammé des Eagles of Death Metal après les propos de leur chanteur Jesse Hugues, Gilles-William Goldnadel s’étonne du deux poids deux mesures par une certaine gauche dont l’indignation sélective.

Il y a d’abord la seule peur que la gauche morale voudrait rendre gratuite et obligatoire sous peine d’être suspect : celle de l’extrême droite populiste.

Qu’un Hofer sans grand pouvoir puisse arriver en Autriche et c’est la peste brune qui reviendrait au pays de Hitler. Il faut reconnaître que le coup a plutôt raté. Certes, certains antinazis d’opérette s’y sont bien essayés : Ainsi, samedi soir la chaîne de service public Arte, inclinée sans complexe extrêmement vers la gauche, évoquait «la montée dangereuse du nationalisme en Europe» sans craindre d’attenter à sa très théorique obligation de neutralité ou redouter les remontrances d’une quelconque autorité.

Certes encore, la charmante préposée à la revue de presse de France Inter pouvait mercredi moquer le Figaro et reprocher à Valeurs Actuelles d’avoir osé présenter M. Hofer comme «candidat anti système» et non sous son étiquette collante et obligatoire «d’extrême droite».

Je n’ai pourtant pas souvenance que la délicieuse Hélène Jouan ait jamais affublé M. Mélenchon, M. Laurent, Mlle Autain ou encore nos chers antifascistes cogneurs de flics de l’épithète pourtant naturelle «d’extrême gauche». En revanche, il est des peurs interdites et malsaines.

Nul n’aurait osé s’interroger sur la dangerosité de voir l’Autriche présidée par un vert gauchisant favorable au multiculturalisme.

Défense dans la foulée de redouter l’immigration islamique invasive. Sous peine bientôt d’être excommunié. Pas question de s’inquiéter à voix haute des centaines d’islamistes badgés à Roissy et Orly, vous passeriez pour islamophobes. Toujours très difficile de dire que la CGT de Mr. Martinez utilise désormais des méthodes de voyous directement et inversement proportionnelles à sa représentativité, vous seriez taxés d’ultra-libéral avancé.

Qui peut dans les médias convenus dire aisément son appréhension que l’extrême gauche «antifasciste», celle qui passe le jour couché et qui grille du poulet la nuit, ne bascule davantage encore dans la violence au fur et à mesure qu’elle perd le contact avec le public ?

Qui ne voit pourtant que cet antifascisme de nazillons est le fils de ses parents politiques et médiatiques gauchisants bienveillants ? Pour ceux qui ont la mémoire qui flanche, lors de l’affaire Clément Méric, ce sont ces parents-là qui chantaient le Chant des partisans lorsque nazillons de droite et nazillons de gauche s’affrontaient dans Paris. Toutes ces peurs-là sont forcément irrationnelles, fantasmatiques et suspectes, au moins dans les médias. D’ailleurs, il est strictement interdit de «jouer» sur celles-ci. Sous peine d’être rangé incontinent dans la première catégorie des gens à craindre absolument.

La seule phobie qui vaille encore pour certains, c’est la peur du blanc ou du brun.

Nadine Morano n’était pas à la fête ce dimanche sur Canal+. La malheureuse disait redouter en effet l’immigration excessive. Tous lui sont tombés dessus : «elle suscite les tensions» disait l’un, une autre, lorsque furent évoqués les bidonvilles nouveaux de la Porte de la Chapelle, se vanta d’habiter le quartier où vivaient harmonieusement «des blancs entre guillemets et des noirs». Notre lorraine s’étonna justement de ces étranges guillemets. Comprenant intuitivement que seule l’espèce blanche n’a pas droit de citer.

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Notre ministre de la culture à l’odorat sensible, la semaine dernière, avait, on s’en souvient, considéré finement que les protestations contre l’invitation lancée à un rappeur antifrançais de commémorer Verdun étaient à ranger dans «l’ordre moral nauséabond».

Étrangement, Mme Audrey Azoulay n’a pas eu le nerf olfactif aussi sensible et cultivé pour ranger dans le même ordre malodorant la décision de déprogrammer le fameux groupe de rock Eagles of Death Metal prévu pour participer à deux concerts pourtant moins symboliques. Le fait que ces chanteurs étaient ceux qui étaient présents lors du massacre du Bataclan était manifestement insuffisant pour susciter la même indignation au nom de la liberté d’expression. Pensez donc : ils sont blancs et taxés d’islamophobes.

Aucune chance que pour eux notre vaillant secrétaire d’État aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, prononce cette sentence inoubliable et pondérée qu’il réservait il y a huit jours pour défendre le rappeur francophobe et homophobe: «c’est le début du totalitarisme».

La seule peur qui vaille, la peur à espérer, la peur à susciter, la peur à entretenir, la peur bleue à cultiver sur son balcon, la peur à offrir en bouquet, à tous les antiracistes daltoniens, les antifascistes enrhumés, les intermittents de l’indignation, cette peur qui vient doucement, cette belle peur qui commence doucement à les étreindre : celle du ridicule.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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