Publié par Jean-Patrick Grumberg le 27 mai 2016

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Le bureau éditorial du New York Times, dans un article d’opinion* extrêmement sévère – si l’on veut bien voir qu’il est l’organe de propagande du parti Démocrate – accuse Hillary Clinton d’avoir menti :

“Contrairement aux déclaration de Mme Clinton selon lesquelles le Département [d’Etat] a autorisé [l’installation d’un serveur privé chez elle], l’enquête de l’inspecteur général n’a trouvé aucune trace qu’elle a demandé ou reçu l’autorisation d’utiliser un serveur [privé]…

Au delà des questions sur le danger pour la sécurité [nationale], le rapport de l’Inspecteur général va renforcer les doutes sur l’honnêteté de Mme Clinton, récemment signalés comme un problème significatif pour elle dans les sondages.”

Voici les points importants du rapport d’enquête de 80 pages du Département d’Etat sur l’Emailgate de Hillary Clinton :

  • Hillary Clinton a omis de demander l’approbation légale pour l’utilisation d’un serveur de messagerie personnel, et si elle l’avait demandé, le personnel du ministère n’aurait pas donné sa bénédiction à cause des risques de sécurité.
  • L’utilisation d’un compte email personnel pour la conduite des affaires d’Etat n’est pas la méthode appropriée pour la préservation des documents, et Clinton n’a pas respecté les règles du Département destinées à se conformer à la loi sur les données.
  • En 2010, lorsque des fonctionnaires du Département d’Etat demandèrent à Clinton pourquoi elle utilisait une adresse email non gouvernementale, il leur fut répondu par leurs supérieurs de ne “jamais plus parler du serveur d’emails personnel de la Secrétaire d’Etat.”
  • Contrairement à ce qu’elle a affirmé, à savoir qu’elle était autorisée [à utiliser un serveur personnel], Mme Clinton n’a demandé à personne la permission d’utiliser son serveur, et cette permission lui aurait été refusée compte tenu de la règlementation du Département pour mieux protéger les communications par internet.
  • Alors que Colin Powell, un de ses prédecesseurs, a utilisé un compte email personnel pour les affaires gouvernementales quand il était Secrétaire d’Etat, les règles avaient ensuite évolué et il était clair que c’était interdit lorsqu’elle est devenue la première diplomate du pays a utiliser un serveur personnel.
  • Contrairement à ses prédécesseurs, elle est la seule à avoir refusé de répondre aux questions de l’inspecteur général Steve A. Linick.

Sans doute le plus grave :

  • Alors qu’elle a affirmé avoir installé un serveur privé pour des raisons de commodité, le rapport révèle au contraire que Clinton a intentionnellement installé son serveur pour éviter que ses emails professionnels soient rendus public comme l’exige la loi. Des emails publiés dans le rapport montrent sans ambiguité qu’elle s’inquiétait que ses emails puissent être rendus public en raison de la loi sur la transparence (Freedom of Information Act).
  • En novembre 2010, son directeur du cabinet pour les operations insista pour “la mettre sur le système d’email de l’Etat” pour la protéger des spam. Madame Clinton refusa. Elle répondit qu’elle préférait utiliser une adresse et un ordinateur différents, parce que “je ne veux pas prendre le risque que mes emails personnels soient publiés.” Elle se plaçait ainsi intentionnellement au dessus des lois.
  • En 2011, son ingénieur réseau a momentanément éteint et déconnecté son serveur car “quelqu’un tentait de nous pirater” a-t-il expliqué, et l’on sait maintenant qu’au moins 19 emails étaient du plus haut niveau de secret d’état, et près de 2000 étaient classés top secret.

Par ailleurs,

Hillary Clinton aurait du remettre l’ensemble de ses emails en quittant son poste. En ne le faisant pas, elle a violé les règles du Département d’Etat et la loi.

  • Le Département d’Etat prit des mesures disciplinaires contre Scott Gration, alors ambassadeur au Kenya, parce qu’il refusa d’arrêter d’utiliser son compte email personnel pour conduire les affaires de l’Etat.
  • Selon les témoignages de hauts fonctionnaires, “la Secrétaire Clinton ne nous jamais apporté la preuve que son serveur personnel et son Blackberry étaient équipés des minimum de sécurité requis”.
  • Quand finalement, sous les pressions de la Commission d’enquête du Congrès sur Benghazi, Clinton a remis ses emails au Département d’Etat en 2014, “ses efforts furent incomplets”, car elle n’a pas remis les emails qu’elle a envoyé et reçu durant les premiers mois de 2009.

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  • L’an dernier, le Département de la Défense a remis plus de 19 emails échangés entre Mme Clinton et le général David Petraeus (qui a fait l’objet d’une condamnation pénale pour des faits similaires) depuis son compte officiel au compte personnel de Mme Clinton, mais ils n’étaient pas dans les 50 000 emails qu’elle a remis au Département d’Etat quand le scandale a été révélé.

  • Lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat, la règlementation de son ministère était devenue “considérablement plus détaillée et sophistiquée,” et elle expliquait “l’obligation d’utiliser le système [d’email] du Département d’Etat dans la plupart des circonstances, et identifiait les risques à ne pas le faire.”

Malgré ses promesses répétées

Clinton a affirmé qu’elle n’a jamais été informée des demandes de son ministère.

  • L’enquête a découvert qu’en 2011, Mme Clinton a personnellement reçu un memo la mettant en garde que des hackers essayaient de pirater des comptes emails personnels.
  • Clinton a été personnellement, en face à face, briefée en 2011 sur les dangers d’utiliser un compte email personnel pour mener les affaires de l’Etat, sur la cybersécurité, et elle a néanmoins continué à utiliser son serveur personnel.
  • Mme Clinton a indiqué être prête à totalement coopérer avec son ex employeur concernant l’emailgate, pourtant le rapport indique qu’elle a refusé de parler avec les enquêteurs du Département d’Etat qui ont préparé le rapport.

⇒ Anecdote, on apprend dans le rapport que son serveur email était installé dans une salle de bain.

Piratage

L’enquête révèle qu’une tentative de piratage de son compte email s’est produit en janvier 2011.

  • Un “conseiller de Bill Clinton extérieur au Département” — apparemment Bryan Pagliano, qui a installé le serveur personnel — a informé le Département d’Etat qu’il avait éteint le serveur parce que “quelqu’un tentait de nous hacker, et bien qu’ils n’ont pas réussi, je ne voulais pas leur en laisser la chance.”
  • L’attaque continua toute la journée, et une fonctionnaire du Département écrit à deux des principaux collaborateurs de Mme Clinton, Cheryl D. Mills et Jake Sullivan, pour les avertir de ne pas envoyer “quoi que ce soit de sensitif.” La fonctionnaire ajouta “qu’elle en dirait plus de vive voix.”

Questionné par les journalistes pour comprendre pourquoi le Département d’Etat n’a rien fait pour s’assurer que le compte email de Hillary Clinton soit en conformité avec la loi, Mark C. Toner, un porte parole du ministère a déclaré :

“jusqu’à ce que nous fassions une enquête interne, nous n’avions qu’une vision partielle du degré d’utilisation [par Clinton] de son compte personnel”.

Et la suite ?

Le rapport d’enquête du Département d’Etat n’a pas de conséquences légales en soi. En revanche, l’enquête du FBI est toujours en cours, et elle vise à déterminer l’aspect pénal de la violation par Hillary Clinton de la loi.

Ce rapport de l’inspecteur général apporte cependant de l’eau au moulin du FBI, conforte sa position, mais il le met également en porte-à-faux, ainsi que le Département de la justice, s’ils avaient dans l’idée de faire passer l’affaire aux oubliettes.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

* nytimes.com/2016/05/27/opinion/hillary-clinton-drowning-in-email

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