Publié par Gaia - Dreuz le 30 mai 2016

France Inter et Mediapart ont recueilli des témoignages de femmes, pas toutes écologistes, qui accusent le député de harcèlement sexuel.

France Inter et Mediapart révélaient le 9 mai dernier des faits présumés d’agression et de harcèlement sexuel sur des femmes par Denis Baupin, alors vice-président de l’Assemblée nationale (il a démissionné depuis). Depuis, les deux médias ont poursuivi leur enquête, et ont recueilli cinq nouveaux témoignages. Cinq femmes – et pas uniquement des militantes écologistes – dont la parole a été libérée par les neuf premières accusations rendues publiques et qui accusent Denis Baupin de faits relevant de harcèlement et d’agression sexuelle commis entre 1998 et 2014.

Parmi ces femmes, il y a Geneviève Zdrojewski, aujourd’hui à la retraite. Cette ancienne chef du bureau du cabinet de Corinne Lepage, puis de Dominique Voynet, qui a nommé comme conseiller à son arrivée au ministère l’un de ses proches collaborateurs, Denis Baupin. Au micro de France Inter, elle raconte : « À deux reprises, monsieur Denis Baupin m’a sexuellement agressée. Une fois, j’étais dans mon bureau, je me trouvais avec la porte ouverte avec mon secrétariat. Monsieur Baupin est rentré dans mon bureau de façon tout à fait inattendue et s’est jeté sur moi. Donc je me suis mise à crier, il m’a dit : Arrête de crier, ta secrétaire va nous entendre. Donc il est sorti. Et une deuxième fois, il a essayé de m’agresser sexuellement dans les lavabos ; et là, il m’a plaqué contre le mur, prise par les seins et a essayé de m’embrasser. (…) Il y a vingt ans de cela, je n’ai pas eu l’idée d’en parler à quiconque, si ce n’est beaucoup à mes amis. J’ai été traumatisée. C’est très humiliant. » Contactée par les journalistes qui ont fait l’enquête, Dominique Voynet n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.

Pour soutenir Dreuz financièrement, cliquez sur : Paypal.Dreuz, et choisissez le montant de votre don.

« C’est une pieuvre qui m’a sautée dessus »

Une jeune dirigeante du parti témoigne elle aussi de son expérience qui remonte à la même époque. La scène qu’elle raconte se déroule lors de l’une des réunions hebdomadaires de l’instance de direction des Verts, qui se terminaient souvent en déjeuner ou en dîner : « Denis Baupin s’est assis en face de moi. Il me faisait du pied. Il a même enlevé sa chaussure pour atteindre mon entrejambe ». À la fin de ce repas, le conseiller de la ministre demande à la jeune femme de le suivre dans son bureau. T’as reçu un fax dans mon bureau. On était quelques mois avant les européennes de 1999. Moi, j’étais une jeune militante. Je n’étais à Paris que depuis quelques mois et je n’y connaissais personne. (…) C’est une pieuvre qui m’a sauté dessus. Il a essayé de m’embrasser par tous les moyens. Je me suis débattue… Et bien sûr, il n’y avait pas de fax… »

Un membre du bureau exécutif se souvient avoir croisé la militante à sa sortie du bureau de Denis Baupin : « Nous avons vu arriver une des membres du collège exécutif, une de nos collègues, en nous demandant de la protéger des avances de Denis Baupin, elle était très émotionnée et en pleurs. Denis Baupin, lorsqu’il nous a vus, est vite retourné dans son bureau. Ce qu’on peut penser, après en avoir un peu discuté, c’est que c’était une attitude assez constante de la part de Denis Baupin, pas seulement vis-à-vis d’elle, mais y compris au sein du collège exécutif. »

« SMS insistants »

Laurence Mermet, chef de la mission communication de la Direction de la voirie et des déplacements entre 2002 et 2004, se souvient d’une « caresse sur la nuque », « un geste qui relève tout à fait de l’ordre de l’intime » : « J’ai eu l’impression que nous avions passé la nuit ensemble, à la seule différence près que nous avions un rapport de subordination », raconte-t-elle au micro de France Inter. Une journaliste radio raconte également avoir reçu des SMS insistants.

Lénaïg Bredoux de Mediapart et Cyril Graziani de France Inter, les deux journalistes qui ont enquêté, ont demandé à rencontrer Denis Baupin, comme cela avait déjà été le cas pour les premières révélations. Cette fois-ci, son avocat a d’abord semblé partant ; mais les journalistes n’ont pas voulu accepter les conditions que le conseil, Emmanuel Pierrat, exigeait (entretien enregistré mais non diffusable, propos dont les journalistes n’étaient pas censés pouvoir reproduire la teneur…). L’entretien a finalement été annulé par Emmanuel Pierrat.

© Gaïa pour www.Dreuz.info
Source : Lepoint

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous