Publié par Gaia - Dreuz le 20 juin 2016

L’épouse du journaliste Michel Renaud, assassiné lors de l’attentat du 7 janvier 2015, accuse la direction de “Charlie Hebdo” de s’approprier les fonds destinés à l’indemnisation des familles de victimes.

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La direction de “Charlie Hebdo” a-t-elle “trahi les familles de victimes et les Français” ? C’est ce qu’affirme la veuve de Michel Renaud, l’un des journalistes tués pendant l’attentat du 7 janvier 2015. Elle accuse le journal de “détourner” des millions destinés aux survivants et aux familles des victimes, révèle RTL sur son site le 18 juin.

Selon Gala Renaud, “les acheteurs du journal comme les victimes de l’attentat et les ayants droit ont été dupés par la direction […], qui est délibérément et unilatéralement revenue sur ses engagements […]. Ce revirement démontre en réalité une intention de détourner les fonds promis initialement aux familles.”

La veuve de Michel Renaud a décidé de poursuivre en justice l’hebdomadaire satirique pour abus de confiance. Elle assure entamer cette démarche au nom de “la mémoire de son mari” et non “pour l’argent” :

“Avant la tuerie, Charlie était dans une situation financière catastrophique. C’est désormais le journal le plus riche de France, constate-t-elle. Je ressens ce déséquilibre comme une injustice profonde. Michel n’est pas mort pour ça.”

Une démarche “inutile” et “déplacée”

Le directeur financier du journal, Eric Portheault, a répondu à cette attaque dans un mail envoyé au quotidien régional “La Montagne” :

“Nous avons toujours déclaré que le produit de la vente du journal serait consacré à assurer sa pérennité. Ce choix légitime ne saurait être remis en cause par cette initiative sans aucun fondement juridique ou moral. Nous ne comprenons pas la démarche de la plaignante[…] et en déplorons le caractère inutile et déplacé.”

Des sommes attribuées de manière opaque

Pour comprendre l’affaire, il faut distinguer deux sources d’argent qui font polémique :

– Les sommes issues du “numéro des survivants”

Dans un courrier adressé au procureur de la République, Gala Renaud rappelle que Philippe Val, l’ancien directeur de “Charlie”, avait annoncé que l’intégralité des recettes de la vente du numéro des “survivants”, le premier à paraître après les attentats, serait reversée aux rescapés et aux familles des victimes. La vente des 8 millions d’exemplairesde l’édition du 14 janvier 2015 aurait rapporté 12 millions d’euros. Une somme dont les familles de victimes n’auraient pas vu la couleur, selon la plaignante.
Or Philippe Val n’est plus directeur de “Charlie Hebdo” depuis 2009. Après les attentats, il a tenté de revenir au sein du journal, mais s’est fait envoyer sur les roses par l’équipe. Cette dernière n’a pas forcément digéré le fait qu’un an après son départ, il aurait empoché 330.000 euros de dividendes, notamment grâce à la vente d’un numéro sur Mahomet.

– Les sommes issues de l’appel aux dons

Second point litigieux soulevé par Gala Renaud : l’affectation des sommes récoltées après l’appel aux dons lancé après l’attaque. Fin février 2015, l’avocat du journal, Maître Malka, avait expliqué au “Monde” que l’argent de cet appel aux dons – qui a permis de récolter 4,3 millions d’euros – était destiné aux familles des 17 victimes des attentats des 7 et 9 janvier. La somme a bien été versée sur le compte des “Amis de Charlie”, une association créée quelques semaines avant les attentats du 7 janvier… pour venir en aide au journal qui perdait de l’argent.

La structure aurait proposé à Gala Renaud et à sa fille de 11 ans de toucher la somme de 141.000, le 29 février dernier. Un montant jugé dérisoire par la veuve de Michel Renaud qui, à la suite de cette proposition, avait adressé un courrier à l’association pour “demander une information transparente sur leurs calculs”. N’ayant pas reçu de réponse, Gala Renaud avait alors pointé du doigt dans le journal “La Montagne” l’opacité du dispositif d’indemnisation :

“On nous met la pression en nous disant, pour résumer, ‘c’est ça ou c’est rien’. […] Nous ne sommes pas des mendiants. Mais nous voulons plus de justice et de transparence.”

Gala Renaud n’en est pas à sa première action en justice. La mère de famille a également porté plainte en janvier 2016contre le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions pénales (FGTI) pour dénoncer le décalage entre le montant d’indemnisation promis par l’organisme et la somme qu’elle attendait.

Après les attentats, la question de l’argent et de l’actionnariat a amené l’équipe du journal à se déchirer. Ce nouvel épisode est une pierre de plus dans son jardin.

© Gaïa pour www.Dreuz.info
Source : Tempsreel

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