Publié par Magali Marc le 10 juillet 2016

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Se pourrait-il que l’avenir (des Palestiniens) soit entre les mains d’Ahmed Qurei ? Le début de la fin de l’ère Abbas et la montée du terrorisme et de la violence interne palestinienne soulignent l’instabilité croissante en Cisjordanie et indiquent qu’un changement de leadership est imminent.

Voici un nom que la plupart d’entre nous n’avons pas entendu depuis un certain temps : Ahmed Qurei, également connu sous le nom d’Abou Alaa.

Aussi étrange que cela puisse paraître, Qurei est actuellement le plus vraisemblable des successeurs possibles du président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas (Abou Mazen).

Abou Alaa, un ancien premier ministre de l’AP (2003), n’est même pas membre de la direction du Fatah — son Comité central.

Pourtant, il est régulièrement vanté à Ramallah comme un remplaçant qui serait nommé temporairement (retenir le mot : « temporairement »), et il est considéré comme étant acceptable pour ceux qui occupent les échelons supérieurs du Fatah et de l’OLP.

L’un de ses principaux avantages : Il va avoir 80 ans en mars 2017 (Abbas en a 81), et n’occuperait probablement pas le poste très longtemps, ce qui devrait permettre à un leader d’émerger à plus long terme après que les luttes secrètes de succession entre les membres des échelons les plus élevés aient été menées à terme.

Selon les règles établies, si le président palestinien devait se révéler incapable de continuer à diriger, le président du Conseil législatif palestinien (le parlement) serait censé prendre sa place pour une durée de 60 jours soit jusqu’à ce que des élections générales soient tenues.

Actuellement c’est Sheikh Aziz Dweik qui est président du parlement. Il est membre du Hamas.

Les règles prévoient que pour régler cette question, le Parlement doit confirmer chaque année la nomination du président du parlement.

Sauf que le Parlement ne s’est pas réuni depuis neuf ans.

Ces petits accrocs aux règles ont causé un changement de scénario. Du fait que la nomination du président du parlement est inacceptable pour Abbas, l’idée circule en ce moment à Ramallah d’accepter que le président de l’OLP tienne le fort jusqu’à ce que des élections aient lieu. (Ce qui pourrait prendre pas mal de temps, vu qu’Israël serait presque certainement opposé à la fois à la participation du Hamas aux élections et à tout vote dans Jérusalem-Est et qu’ainsi les Palestiniens renonceraient à aller de l’avant.)

Qui est l’actuel président de l’OLP ? Eh bien, ce serait Abbas, en quelque sorte.

En fait, il a annoncé sa démission du poste l’été dernier.

Comment un nouveau président de l’OLP devrait-il être choisi ?

Le Comité exécutif de l’OLP, composé de 22 membres pourrait, en principe élire son candidat favori grâce à une majorité simple.

Le Comité central du Fatah pourrait également choisir son candidat préféré, probablement l’un de ses propres membres, et soumettre ce choix au Comité exécutif de l’OLP.

Ou bien, le Conseil central de l’OLP (qui compte environ 120 membres), situé juste au-dessous du Comité exécutif de l’OLP sur l’organigramme, pourrait choisir le président.

Si la Cour constitutionnelle, récemment mise en place par Abbas, détermine que le choix du président doit être fait par le Conseil central de l’OLP, cela aurait probablement pour effet de déclencher des luttes intestines au sein du Fatah.

C’est une chose de gagner une majorité au sein du Comité central du Fatah. C’est autre chose quand il s’agit du Conseil central de l’OLP dont les membres sont plus nombreux.

De la façon dont les choses se présentent en ce moment, les rivalités au sein du Comité central du Fatah sont si importantes qu’elles rendent impossible l’émergence d’un candidat qui ferait consensus.

Tout le monde est en compétition avec tout le monde, et tous souhaitent maintenir hors course Marwan Barghouti (emprisonné par Israël pour son implication dans plusieurs meurtres lors de la Deuxième Intifada), alors que c’est lui le plus populaire auprès des Palestiniens.

Un homme dont le nom a été mentionné plus d’une fois comme étant un candidat de compromis potentiel est Nasser Al-Kidwa, le neveu de Yasser Arafat.

Mais c’est Qurei qui est de plus en plus considéré comme favori pour devenir le chef intérimaire potentiel.

Certes Qurei a été retiré de la direction du Fatah lors des élections au Comité central de la « Sixième Convention » en 2009 — et celui qui l’a ainsi émasculé c’est Abbas lui-même qui craignait de l’avoir comme rival.

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Comme Qurei ne siège pas au Comité exécutif de l’OLP, il serait donc potentiellement éligible.

Qurei est considéré à juste titre comme un vieux renard rusé — non seulement lors des négociations avec Israël, mais aussi dans tout ce qui concerne la politique intérieure palestinienne et en particulier les machinations du Fatah.

Il suit de près les développements en Israël et pourrait mettre un frein aux conflits internes du Fatah.

La question de savoir s’il aurait le soutien des jeunes résidant en Judée Samarie est une autre paire de manches.

Pour l’instant, l’ambiance dans les territoires rappelle « ASAK », le fameux acronyme utilisé par les soldats israéliens qui décrit l’atmosphère quelque peu agitée lorsqu’un cours de formation tire à sa fin.

Le public palestinien, comme beaucoup de membres du Fatah, se rend compte qu’Abbas se rapproche rapidement de la retraite, et qu’il n’y aura peu ou pas de changement tant qu’il demeurera en fonction.

Cela pourrait expliquer pourquoi certains membres de hauts-rang de l’AP et du Fatah se sont récemment permis de tenir des propos particulièrement désagréables et agressifs envers Israël, comme ceux tenus la semaine dernière par le sultan Abou Al Einein, un homme politique bizarre du Fatah, qui a fait les manchettes quand il a promis que s’il rencontrait un Israélien, il lui trancherait la gorge.

cette année, le ramadan a causé plus de morts et de blessés que la moyenne, lors de batailles internes palestiniennes

Le coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires, le Major général Yoav Mordechai, n’a surpris personne en confisquant rapidement les documents permettant son entrée en Israël, ce qui fait d’Al Einein le héros du moment pour la population de Judée Samarie.

De là aussi, le nombre croissant d’incidents de tirs entre Palestiniens — autant de preuves du chaos qui s’installe ou, pour utiliser le terme bien connu en arabe, « Fauda ».

Le ramadan est toujours considéré comme un mois dangereux. La faim, la soif et le besoin impérieux d’une cigarette augmentent les niveaux de tension et de violence.

Mais cette année, le ramadan a causé plus de morts et de blessés que la moyenne, lors de batailles internes palestiniennes « de Tusha » — guerres entre les familles et les clans, et entre les hommes armés et des membres des services de sécurité.

Et puis bien sûr il y a eu la recrudescence des attaques terroristes mortelles — l’attentat au marché Sarona suivi de l’assassinat de Hallel Ariel et la fusillade qui a tué le Rabbin Miki Mark.

Les échanges de tir en Judée Samarie entre clans (à Yabed) et entre des hommes armés et des membres des services de sécurité (à Naplouse) ont coûté la vie à cinq Palestiniens la semaine dernière seulement.

L’incident de Naplouse a commencé lorsque des hommes armés ont tiré sur la maison d’un officier de police palestinien, blessant sa femme.

À la fin de la fusillade, deux officiers étaient morts.

Le ramadan est maintenant terminé. Mais les signes d’instabilité interne palestinienne ne vont pas disparaître avec lui.

Que ce soit ou non Ahmed Qurei qui émerge de la chamaille pour la direction palestinienne, une chose reste sûre : le début de l’ère post-Abbas semble à portée de main.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : Avi Issacharoff, dans Times of Israel le 5 juillet dernier.

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