Publié par Magali Marc le 19 septembre 2016

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Robert Nicholson analyse la rhétorique des chrétiens palestiniens envers Israël compte tenu de leur situation précaire. Il propose une solution qui paraît certainement utopique, mais mérite d’être envisagée.

J’ai traduit ce texte de Robert Nicholson* pour les lecteurs de Dreuz. Les termes « West Bank » sont habituellement traduits par « Cisjordanie » et ne sont pas de mon fait.

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La communauté internationale est à peu près d’accord sur la solution au conflit israélo-palestinien qu’elle préfère : deux États pour deux peuples vivant côte à côte.
Sur le terrain, les Juifs et les Arabes n’en sont pas si sûrs.

Une récente étude de Pew Research a révélé que les Juifs israéliens ne sont pas convaincus qu’un État indépendant palestinien pourra un jour vivre en paix aux côtés d’Israël (43 % de oui contre 45 % de non).

Les Arabes israéliens sont légèrement plus optimistes (50 % de oui contre 30 % de non), tandis que les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza — la population qui sera effectivement en mesure de construire un jour un État palestinien — sont beaucoup plus négatifs.

Selon un sondage d’avril 2016 du Centre palestinien de politique et de recherche par sondage (CPPRS), environ la moitié de tous les Palestiniens sont contre le modèle à deux États, et à peu près 60 % pensent que le concept n’est plus viable. Seulement 30 % sont d’accord pour préserver les Accords d’Oslo.

Cet écart philosophique entre diplomates internationaux et les communautés locales est de mauvais augure pour l’avenir du processus de paix.

Les diplomates vont continuer à exercer des pressions, et les gens sur le terrain vont continuer de résister.

Si la situation ne change pas, le concept de Palestine-État arabe démocratique et laïque en Cisjordanie et à Gaza — sera bientôt fini.

Et si cela se produit, la population la plus susceptible de souffrir sera la petite communauté chrétienne palestinienne déjà assiégée.

De nombreux articles ont déjà été écrits sur l’effondrement imminent du paradigme de deux États, généralement avec un accent sur la croissance des colonies juives.

Beaucoup moins a été dit sur les attitudes et les conflits à l’intérieur des territoires palestiniens eux-mêmes les conflits entre laïcs et islamistes, musulmans et chrétiens, ceux qui veulent coexister avec Israël et ceux qui veulent le détruire.

Pourtant, ce sont ces conflits qui sont les plus susceptibles de décider si la Palestine vivra ou mourra, et si elle vit, comment elle traitera les Juifs et les chrétiens qui vivent à proximité.

Les tenants de la sagesse conventionnelle répètent que le principal obstacle à la paix est le maintien par Israël de colonies juives en Cisjordanie.

Ces colonies, nous dit-on, empêchent la création d’un État palestinien viable.

Mitri Raheb, un ecclésiastique luthérien de Bethléem et auteur de « Faith in the Face of Empire » s’est fait l’écho à cette opinion : « L’activité de colonisation israélienne en Cisjordanie a fait du projet d’établir un État palestinien une impossibilité. »

Le mal cancéreux des colonies est un thème constant dans la rhétorique chrétienne palestinienne.

toute personne ayant une connaissance même superficielle sait que le conflit judéo-arabe a précédé la naissance des colonies israéliennes d’au moins cinquante ans

Un groupe d’ecclésiastiques éminents s’est réuni au Centre Carter en avril 2016 lors d’une conférence intitulée « Poursuite de la paix et renforcement de la présence ». Ils ont annoncé que « l’expansion continue des colonies israéliennes illégales sur les terres palestiniennes obscurcit de plus en plus les espoirs et les perspectives réalistes pour une solution à deux États et constitue une menace majeure pour la paix ».

Un autre document chrétien palestinien majeur, Kairos Palestine, reprend ce thème :

« Les colonies israéliennes ravagent notre terre au nom de D.ieu et au nom de la force, contrôlent nos ressources naturelles, y compris l’eau et les terres agricoles, privant ainsi des centaines de milliers de Palestiniens, et constituant un obstacle à toute solution politique. »

Ainsi parle la sagesse conventionnelle.

Mais toute personne ayant une connaissance même superficielle de l’histoire de la région sait :

  • que le conflit judéo-arabe en Terre Sainte a précédé la naissance des colonies israéliennes d’au moins cinquante ans ;
  • que les Juifs ont accepté la formule des deux États pour deux peuples dès 1947 ;
  • que les Arabes ne l’acceptaient pas jusqu’au début des années 1990 ;
  • que 95 % de la population palestinienne vit déjà sous le contrôle d’un gouvernement arabe indigène, l’Autorité palestinienne (AP) ;
  • que, même en utilisant des estimations maximales, les colons juifs ne représentent que 12 % de la population vivant sous l’AP ;
  • et que, en Israël, en revanche, les Arabes représentent environ 20 % de la population.

Il est difficile de prendre au sérieux l’affirmation que ce sont les colonies qui sont un blocage à la paix.

… (suite page suivante)

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