Publié par François Sweydan le 27 septembre 2016

anouar-malek

Fustigeant le monde arabe, l’écrivain algérien et ancien observateur de la Ligue arabe en Syrie Anouar Malek, exilé en France, a déclaré dans l’émission phare d’Al-Jazeera La direction opposée :

« En toute honnêteté, les Arabes sont tellement arriérés, qu’ils ne sont pas du tout adaptés à la civilisation ! »

Lorsque l’animateur de l’émission demande ce qu’un grand pays arabe comme l’Égypte a à offrir, Malek répond :

« L’Égypte n’a que des fèves, et je le dis avec toute l’ironie du monde. (…) Elle vit de l’aide américaine. Sans elle, les Égyptiens mourraient de faim. »

L’émission de débat a été diffusée sur la chaîne panarabe Al-Jazeera le 3 mars 2009.

Mis à part que c’est vrai, je veux bien suivre l’écrivain algérien Anouar Malek, mais je reste dubitatif sur ce terme pompeux de l’ « homme arabe » qu’il utilise à tort et à travers. La logique est grevée d’emblée par cet universalisme de l’arabisme (sous-entendu : exclusivement islamique) et du pan arabisme mort ou moribond.

Au nom des nationalismes arabes depuis plus de 60 ans, devenus « arabité islamique » avec le temps, ces pays d’Orient ont menti du point de vue historique, ethnique, culturel et même génétique pour nous imposer un mensonge avec ce monolithisme qui est la négation de toute altérité autre que arabo-islamique.

Après les juifs – et les pieds-noirs – chassés du Maghreb, d’Égypte et du Proche-Orient, vient maintenant tous les autres non-musulmans, au fond non-Arabes. Du point de vue de la génétique des populations, les Égyptiens y compris les musulmans, par exemple, sont des nilotiques, ethniquement tous des Coptes, c’est-à-dire des Égyptiens (mais, culturellement, partiellement arabisés), les Maghrébins sont largement des berbères (qu’on arabise et islamise à outrance). Même les palestiniens sont apparentés aux juifs, étant en plus pour une part non négligeable les descendants des convertis à l’islam des époques lointaines des conquêtes islamiques (et celles des omeyyades/abbassides/ottomans) d’ethnies non-arabes et non-musulmanes du Proche-Orient.

De plus (et en quelques mots), comme nous le savons, les non-musulmans étaient (et sont) contraints de se marier entre communautés non-musulmanes depuis les origines de l’islam. Autrement dit, en bref, ce sont les Arabes du Proche-Orient qui sont génétiquement un mélange hautement hétéroclite de tous les millions de convertis du passé et non le contraire comme on tente de nous le faire croire par des inversions mensongères.

Du point de vue culturel, cette arabité est une imposture que l’OCI (Organisation de la coopération islamique) et la Ligue Arabe ont imposée (Arabie Saoudite en tête) au nom de l’islam. Le reste serait du verbiage falsificateur. Car, on occulte tous les autres apports culturels et civilisationnels des non-musulmans – notamment des juifs et des chrétiens – à cette « arabité ».

Mais là n’est pas le vrai problème, qui viendrait en second. Le vrai problème, le premier, est celui de l’islam auquel Anouar Malek ne s’attaque pas et ne peut pas s’y attaquer. C’est cette idéologie politico-religieuse totalitaire qui est responsable de cette déchéance. Mais combien d’intellectuels en Orient osent s’y attaquer ? Très peu, à l’exemple des égyptiens Sayyed Al-Qimni, Islam al-Behairy, Hamed Abdel-Samad, les journalistes Fatma Naout, Bishoy Boulous Armia, Amr Adib, Ibrahim Issa, et bien d’autres.

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Et puis, mépris pour mépris, ce “bédouin” ferait mieux de balayer devant sa porte (l’Algérie) plutôt que de s’attaquer à l’Égypte qui reste la mère des civilisations (avec la Mésopotamie) dans ces régions. C’est la France qui a fait de son Algérie une nation à proprement parler dès 1830, lorsque l’Égypte avait déjà inventé l’État-nation près de 3000 ans avant notre ère.

Du blabla d’ “arabisé” qu’on connait depuis longtemps…

En 1830 l’Égypte était à l’ère de Méhémet Ali et non un ramassis de bédouins qui se faisaient la guerre à mort depuis des siècles, soumis à l’esclavage des ottomans pendant 350 ans. Et c’est justement depuis que l’Égypte nassérienne a abandonné son identité égyptienne et ses racines multimillénaires ainsi que le projet moderniste d’ouverture sur l’Europe de Méhémet Ali, et de suivre les Arabes que ce pays a connu les guerres, la ruine et la déchéance, lorsqu’au XIXe siècle Le Caire rivalisait par sa modernité avec Paris et Londres !

Mon père parlait ainsi dans les années 1950-1960, je n’étais pas encore né… mais il rigolait ironiquement de cette arabité (islamique) et ce pan arabisme en prédisant à son entourage que ces notions (procédant de l’islam arabe) vont mener l’Orient à la ruine totale. Et nous y sommes !

« Qui n’a pas de racines n’a pas d’avenir », dit l’adage…

Cet écrivain algérien de mauvaise foi et amnésique (ancien observateur de la Ligue arabe islamo-raciste, ne l’oublions pas !) est en retard d’un demi siècle au moins, en plus n’a pas le courage de dire que c’est l’islam qui en est responsable. Il préfère insulter l’Égypte qui, malheureusement, les avait aidé du temps de Nasser dans leur guerre d’Algérie et d’indépendance de 1954-1962, et par la suite.

Comme dit un ancien proverbe égyptien (déjà des temps pharaoniques) : « lorsqu’on est incapable de maîtriser son bourricot, on s’acharne sur son bât ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Sweydan pour Dreuz.info.

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