Publié par Gaia - Dreuz le 7 octobre 2016

Pointée du doigt pour ses liens avec l’islamisme radical, la librairie toulousaine NissaShop pourrait fermer ses portes, son gérant envisageant une reconversion.

« NissaShop » n’est assurément pas une librairie comme les autres. Quelques jeux pour enfants occupent un jardin désordonné devant la maison tandis qu’un stand « barbecue » a été improvisé sur le côté, laissant deviner de nombreuses soirées estivales.

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Situé entre la mosquée du Repentir et l’Église du Saint-Esprit, près de la station de métro Bagatelle, dans les quartiers sud de Toulouse, l’établissement s’apparente à une maison résidentielle. Seul le panneau « NissaShop » à l’entrée rappelle la vocation du lieu.

La communauté salafiste la plus radicale de Toulouse

Cette librairie religieuse est pointée du doigt par les autorités, car elle aurait des liens avec Farouk Ben Abbes. Dans une ordonnance du tribunal administratif en date du 1erseptembre 2016, le juge confirme ainsi l’assignation à résidence de cette figure bien connue du djihadisme. Il a été exfiltré lors de l’Euro de football car sa domiciliation dans la Ville rose constituait une menace particulièrement grave pour l’ordre public.

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La librairie est considérée par la justice comme « le point d’ancrage de toute la communauté salafiste la plus radicale de Toulouse et dont l’engagement pro-djihadiste a été confirmé » par une perquisition administrative en date du 17 novembre 2015, quelques jours après les attentats de Paris.

Le contenu de cette ordonnance fait froid dans le dos. Le salafisme n’aurait pas besoin de fonds étrangers pour prospérer en France… En ligne de mire, les sites internet et les librairies religieuses.

Des livres, des parfums et des burkinis…

En se rendant chez « NissaShop » pour la première fois, le visiteur est volontiers accueilli. Abstraction faite d’une femme quittant les lieux vêtue d’un niqab, un voile intégral couvrant le visage à l’exception des yeux, difficile de voir dans cette librairie le point d’ancrage de toute la communauté salafiste de Toulouse…

Sur les stands, un grand nombre de livres théologiques sur des notions comme l’espérance, la gratitude. Les livres appartenant à la collection La purification du cœur connaissent un certain succès. Il y a aussi de nombreux ouvrages à destination de la jeunesse : « Mon premier Coran », « Les animaux dans le Coran »,…

À l’étage, un cabinet de médiation conjugale est ouvert au public tandis que l’exorcisme est aussi pratiqué. Outre les livres, du parfum sans alcool, des jouets ainsi que des vêtements, dont le célèbre burkini, sont également en vente.

Je n’en ai d’ailleurs jamais vendu autant que cet été, s’amuse Karim, 37 ans, qui gère la librairie toulousaine. Cela faisait trois ans que mon stock d’une quinzaine de pièces ne s’écoulait pas. Cette année, j’ai dû passer 40 commandes pour répondre à la demande. Je remercie Manuel Valls pour la publicité…

Malgré le succès rencontré, en particulier auprès de jeunes en quête de spiritualité, Karim confie pourtant ses intentions de reconversion professionnelle, la pression qui pèse sur lui étant trop forte. « Je poursuis une formation de chauffeur de taxi, explique-t-il. Actuellement, je ne fais qu’écouler les stocks de marchandise avec des réductions à moitié prix. Mais vu le contexte, c’est difficile de trouver un repreneur. »

Victime d’un acharnement ?

Fiché S, assigné à résidence et faisant régulièrement l’objet de contrôles, ce natif de Toulouse s’estime victime d’un acharnement de la part des pouvoirs publics, en particulier depuis le 13 novembre 2015. Autant d’éléments qui pourraient le pousser à fermer les portes de sa librairie.
« On me met des bâtons dans les roues, insiste Karim. On devrait pourtant m’aider. Au lieu de ça, assigné à résidence, je suis obligé de pointer trois fois par jour au commissariat. Je n’ai pas pu partir cet été avec ma femme et mes trois enfants en vacances ».

Quelques jours après le Bataclan, Karim dit également avoir fait l’objet d’une violente perquisition.

Je me souviens avoir été frappé à plusieurs reprise lors de cette soirée, explique-t-il. Les policiers n’arrêtaient pas de mentionner le chiffre des 123 victimes en me molestant. La foi m’a aidé à surmonter cette épreuve. Je place ma confiance auprès du Créateur.

Le gérant de « NissaShop » assure pourtant tout faire pour aider les jeunes du quartier attirés par le djihad à ne pas partir. « Ma librairie est un lieu de rencontre, un point de rassemblement pour toute une communauté, justifie-t-il. Je dis aux jeunes qu’ils serviront de chair à canon s’ils quittent la France… » Et de rappeler que le Coran interdit explicitement de tuer enfants, femmes et religieux.

Des liens avec Fabien Clain

Le téléphone sonne, la conversation doit s’arrêter. Une alarme sur son téléphone informe Karim que l’heure a sonné de pointer au commissariat. Avant de partir, le gérant de la librairie répond à la question sur ses liens avec Fabien Clain. Ce dernier est soupçonné d’avoir contribué à envoyer des djihadistes en Irak. Une enquête fait aussi état decorrespondances entre Fabien Clain et Mohamed Merah.

Proche du CCIF, une association qui lutte contre l’islamophobie mais qui fait régulièrement l’objet de critiques concernant ses liens avec l’étranger, le gérant de la librairie religieuse ne nie pas avoir connu personnellement Fabien Clain, la voix française du groupe djihadiste Daech, formellement identifié dans la revendication des attentats du 13 novembre :

C’est un ami d’enfance, justifie Karim. Je l’ai revu ensuite lorsqu’il est sorti de prison, en particulier lors de fêtes religieuses comme l’Aïd el-Kebir. C’est vrai qu’il était favorable à l’instauration de la Charia et qu’il voulait que tout le monde devienne musulman. Il s’inspirait beaucoup des pratiques connues en Arabie Saoudite. Ce qu’il est devenu ? Cela me fait de la peine.

Cité dans plusieurs affaires

Des sources policières confirment que le gérant de la librairie religieuse est un personnage « très connu » des services de renseignement. « Des liens avec la mouvance islamiste ont été établis » sans pour autant démontrer une quelconque activité répréhensible. En revanche, toujours selon la police, son nom est cité dans plusieurs affaires, notamment dès 2007 pour association de malfaiteurs.

Par trois fois, son avocate, Me Élodie Bayer, a tenté de lever son assignation à résidence devant le tribunal, justifiant notamment l’absence de casier judiciaire à cette époque. Sans succès.

Je ne suis pas dans le secret des renseignements généraux mais visiblement, mon client inquiète beaucoup, explique-t-elle. Nous sommes dans un contexte d’état d’urgence où les représentants des pouvoirs publics affirment des choses et c’est à la défense d’apporter la preuve du contraire. C’est très compliqué pour faire valoir les droits de la défense.

Sollicité à plusieurs reprises, le parquet de Toulouse n’a pour sa part pas répondu à nos demandes.

Un « être doux »

Dans le quartier, des proches décrivent pourtant Karim comme « un être doux » bien que fréquentant de « mauvaises relations ». Une note de renseignement précise ainsi que lors d’un mariage religieux en date du 5 juin 2015, étaient de la fête plusieurs compagnes d’islamistes radicaux toulousains gravitant dans la sphère djihadiste, dont Mylène Foucre, épouse de Fabien Clain, aujourd’hui en zone syro-irakienne avec son mari, et Latifa Fariss, épouse d’Imad Djebali en détention provisoire dans le cadre d’une procédure diligentée pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. L’épouse de Karim était aussi présente.

© Gaïa pour www.Dreuz.info

Source : Actucotetoulouse

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