Publié par Sidney Touati le 19 octobre 2016

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A écouter les grands médias français, le débat Trump/Clinton ne porterait que sur des questions liées à des attaques personnelles. Deux livres permettent de dépasser ce clivage dérisoire dans lequel on enferme cette campagne électorale, dont les enjeux sont pourtant exceptionnels.

Deux livres aident à aborder les questions de fond. Celui que Guy Millière vient de publier : « Après Obama Trump ? » aux éditions La Maison d’Édition, et dans lequel il poursuit son implacable réquisitoire de la présidence Obama dont il avait, dès le début — il faut lui rendre cet hommage — diagnostiqué le caractère démagogique et dangereux.

André Bercoff dans son dernier ouvrage « Donald Trump : Les raisons de la colère* » ; (éd. First éditions), nous éclaire sur la personnalité, le parcours exceptionnel du candidat Trump, ainsi que sur son programme, sans esquiver pour autant les aspects paradoxaux de ce célèbre milliardaire dont la récente arrivée en politique bouleverse les standards de ce monde clos et plutôt secret.

Trump n’évite aucun problème. Il parle sans note. Il s’exprime dans un franc-parler qui contraste singulièrement avec la langue de bois de son adversaire. Il aborde tous les sujets : l’immigration, l’Islam, le déclin de l’Amérique, les rapports aux Chinois, aux Russes… Il s’exprime dans la langue de l’Américain moyen, confronté au quotidien à ces sérieux problèmes que ni lui ni ses représentants ne peuvent évoquer sous peine d’être dégradés, déclassés, rejetés dans la catégorie infamante des « populistes ».

Madame Clinton utilise tous les préjugés de la pensée dominante qu’elle présente comme des vérités éternelles hors desquelles on est nécessairement un raciste, un populiste, un sexiste…

Deux Amériques s’affrontent dans ce duel. Celle des castes qui ont su profiter des dernières révolutions technologiques et de la mondialisation, dont Clinton est la représentante, et celle des classes moyennes, dont Trump est le porte-parole, classes moyennes ponctionnées, livrées à la canaille… qui subissent et souffrent du déclin des États-Unis, de la concurrence des pays émergents…

L’irrésistible ascension de Donald Trump est l’expression de la rencontre, hors médiation des grands appareils idéologiques d’État, de la volonté d’un homme et de celle d’un peuple.


Madame Clinton est la porte-voix patentée des appareils de pouvoir. Elle est conservatrice malgré ses discours moralisateurs de « gauche ». Elle se bat, comme Obama avant elle, pour le statu quo ante. Mais, cet immobilisme théorique et pratique, est dénoncé par Trump qui estime qu’il entraîne l’Amérique dans la marginalisation, la dilution, et ainsi que le montre les huit années de la Présidence Obama, précipite le monde dans la violence. Une grande partie du monde musulman dont Obama se disait l’ami, n’a-t-elle pas sombré dans le chaos ?


Si Madame Clinton est élue, elle ne pourra pas gouverner


La stratégie adoptée par les clans qui soutiennent Madame Clinton repose non sur l’adhésion à sa personne, à son programme, mais sur la diabolisation de Trump.


Si la coalition des privilégiés parvient à ses fins, si une Madame Clinton porteuse d’une idéologie usée jusqu’à la corde est élue sur un vote négatif de peur, alors elle ne pourra rien entreprendre. Elle apparaîtra au grand jour pour ce qu’elle représente : la réaction des élites affolées à l’idée de perdre prébendes et privilèges. Sous la présidence Clinton, le navire « États-Unis » sera comme pris au milieu d’une grande tempête historique, ballotté au gré des flots, sans gouvernail.


La posture/imposture de Clinton serait comparable à celle du Président Hollande, élu sur le rejet de Sarkozy.


Sans soutien, pas de crédibilité et sans crédibilité, pas de possibilité de gouverner. Hollande demeure prisonnier des clans qui ont diabolisé Sarkozy et qui en dehors de cette haine première, ne sont d’accord à peu près sur rien. Hollande n’a pas pu réellement gouverner en étant anti-Sarko. Madame Clinton ne gouvernera pas en étant anti-Trump. Les histoires de petites culottes que l’on nous sert à chaque meeting pour discréditer Trump, (ce dernier réagit, rendant coup pour coup) montrent que les clans Clinton situent le débat dans la boue des confusions.

Pourtant, n’en déplaise aux biens pensants, Trump a une ligne politique cohérente ; un projet politique précis. Certes, nul ne peut prédire ce qu’il fera exactement une fois au pouvoir. Mais, inutile de nous leurrer, c’est ce projet politique qui provoque la foudre des bien-pensants. Le recours aux histoires de bidet n’est qu’un écran de fumée destiné à détourner l’attention des électeurs du contenu de ce projet. « Cachez le projet politique de Trump que le peuple ne doit pas voir » est le slogan des Clinton.


Seule parade à ce mur des médias officiels auquel Trump se heurte : s’adresser directement au peuple, multiplier les meetings, contourner ainsi le formidable écran obstacle. N’est-ce pas la stratégie adoptée jadis par Jacques Chirac lorsque son Balladur était la coqueluche des médias ? Plus près de nous, n’est-ce pas celle adoptée par les tenants du Brexit britannique ?

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Par delà les anecdotes, une tension antagonique s’exprime ouvertement entre la volonté du peuple américain (que les bien-pensants qualifient de « petit blanc déclassé » équivalant français de « franchouillard »..) et le carcan des appareils idéologiques d’État qui permettent à une poignée de privilégiés de s’emparer de l’essentielle de la richesse produite (scénario que l’on retrouve, hélas ! avec des variantes, dans presque toutes les grandes démocraties).

Cette « nomenklatura » mobilise et déploie toute sa puissance pour étouffer la vox populi qui ne trouve à s’exprimer, et ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette élection, que dans et par la parole libre de Trump, un milliardaire. Cette parole libre est intolérable aux adeptes de la censure officielle. Cette liberté de ton adoptée par Trump provoque de véritables crises d’hystérie chez certains. (cf. l’acteur de Niro disant de Trump « c’est un chien, un porc… un idiot, un crétin ».) Cette réaction violente a-t-elle un rapport avec le projet de Trump de soulager le fardeau fiscal des classes moyennes et de taxer plus lourdement les grosses fortunes… ?


L’Amérique est face à la croisée des chemins : le mouvement quasi révolutionnaire (en tant qu’il est l’expression d’une réelle aspiration des masses) dont Trump est le porte-parole peut aboutir politiquement et donc pacifiquement, si ce dernier est démocratiquement élu. Si les forces conservatrices des machines qui exercent le pouvoir depuis des dizaines d’années, toutes tendances confondues, parviennent à faire obstacle aux aspirations profondes du peuple américain ; si ces forces réactionnaires rendent impossible l’alternance politique, par l’usage de méthodes que Trump n’hésite pas à qualifier ouvertement de criminelles, alors le peuple bâillonné n’aura d’autre choix pour s’exprimer que d’emprunter le chemin de la violence.

Quel que soit le résultat des élections, le mouvement qui est en marche n’est pas un épiphénomène attaché à la personnalité exceptionnelle du candidat Trump.

Il est l’expression d’une lame de fond qui secoue l’Amérique (et le monde) dans ses profondeurs. Il est vraiment dommage que les adeptes du clan Clinton refusent de prendre en compte ces réalités, d’en débattre loyalement, focalisant le débat sur la diabolisation à outrance de la personnalité de Trump, ne jouant que sur la corde des passions, des émotions, des stéréotypes.

Ils oublient simplement une chose : le sommeil de la raison enfante les monstres. Si Trump est éliminé par les moyens douteux dont ses adversaires font usage, la réalité aura le goût amer des lendemains de gueule de bois. La coupe qui scellera leur triomphe explosera dans leurs mains sales.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.

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