Publié par Gilles William Goldnadel le 25 octobre 2016

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Le président de l’Association France-Israël s’indigne que la France se soit abstenue lors du vote de la résolution de l’organisation internationale niant le lien entre le judaïsme et Jérusalem.

Pour dire le vrai, je ne sais ce qui fait le plus mal. Ce qui blesse le plus, dans cette résolution définitivement adoptée par l’Unesco le 18 octobre et niant tout lien entre Jérusalem et le peuple juif.

Un peu comme sur un site archéologique mis à nu, plusieurs couches de douleurs se superposent et s’agrègent. En surface, l’affront délibéré, effronté, jouissif, fait au peuple juif. La négation de l’évidence. Le déni de la réalité. Vertigineux par son énormité.

L’historicité juive des Lieux saints du judaïsme en Judée, balayée en quelques phrases folles. De quoi rendre dément le dernier des linguistes. Le Mont du temple et des mosquées décrété musulman et seulement musulman. Le Mur des lamentations officiellement débaptisé au profit de son appellation mahométane d’«al-Burak»…

«Dire que le peuple juif n’a pas de lien avec le Mont du temple et le mur occidental, c’est comme dire que les Chinois n’ont pas de lien avec la muraille de Chine» – Benyamin Netanyahou

Le premier ministre de l’État juif, contre la énième avanie onusienne, a décidé de prendre le parti d’en rire.

Après avoir indiqué que «dire que le peuple juif n’a pas de lien avec le Mont du temple et le mur occidental, c’est comme dire que les Chinois n’ont pas de lien avec la muraille de Chine», le premier Israélien a opté pour la causticité : «Quoi de neuf ? Une décision de l’Unesco niant le lien entre le beurre de cacahuète et la confiture ? Entre Batman et Robin ? Entre rock et roll ?»

Il est possible que l’État du peuple juif, qui en a vu d’autres en matière d’injustice internationale, ait raison de traiter par le mépris une résolution méprisable et méprisante qui n’aura guère d’effet sur la réalité archéologique et historique.

Encore que l’on puisse mourir à coups de blessures symboliques.

C’est ainsi que les Israéliens ont été expulsés du territoire lexical de la Palestine pour ne pas avoir livré le combat sur le mot «palestinien»…

Mais sous l’écorce de la blessure stupide se dissimule à peine le suicide organisé d’une organisation dédiée à la culture et à la science et qui les détruit rageusement. La résolution a été prise sur l’initiative de plusieurs pays islamiques et à l’incitation de l’Autorité palestinienne. Elle a été adoptée, en raison de l’abstention de la majorité des États, dont celle de la France. Seuls les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Lituanie et l’Estonie ont eu la conscience de s’y opposer ouvertement.

Les responsables de l’organisation culturelle ont tenté de réparer l’outrage.

Sa directrice générale, Irina Bokova, a tenté pathétiquement de prendre ses distances : «Le patrimoine de Jérusalem est indivisible, et chacune de ses communautés a droit à la reconnaissance explicite de son histoire de son lien avec la ville. Nier, occulter ou vouloir effacer l’une ou l’autre des traditions juive, chrétienne ou musulmane revient à mettre en péril l’intégrité du site», écrivait-elle dans un communiqué contrit qui lui valut quelques menaces de mort.

Ainsi, la France, qui par les bouches de son président et de son premier ministre avait plaidé, en s’en excusant, l’erreur lors de l’adoption d’une première résolution au mois de mai dernier, s’est réfugiée dans une abstention qui rime médiocrement avec soumission.

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Car, à un niveau plus profond, et encore plus douloureux, c’est bien de cela qu’il s’agit et qui transcende largement l’histoire d’Israël et du peuple juif. Qui transcende également leur abandon manifeste par une grande partie de l’Occident futile. Et qui justifie, aux yeux des Israéliens les plus sceptiques, même des plus épris de paix, la méfiance que leur inspirent les conseils et les garanties de ceux qui ne savent même plus défendre leurs propres frontières. Il s’agit de cette soumission à l’exigence des États islamiques de soumettre l’Histoire à leur vision coranique de l’histoire fantasmatique. Elle concerne le christianisme, car c’est Jésus le Juif qui montait jusqu’à Jérusalem et son temple lors de la fête des cabanes que l’on vient de célébrer. Elle concerne enfin et surtout le degré de résistance à opposer au fanatisme religieux au profit de l’histoire rationnelle et de la culture scientifique.

Des résistants, il y en a encore, qui pansent la blessure.

Ainsi Matteo Renzi, à la suite de la protestation de nombreux intellectuels italiens :

«On ne peut pas continuer avec ces motions visant à attaquer Israël, une fois à l’ONU, une fois à l’Unesco. Soutenir que Jérusalem et le judaïsme n’ont pas de rapport revient à soutenir que le soleil fait de l’ombre.»

La France, politique, médiatique, intellectuelle reste dans la pénombre. Pourtant, lorsque des diplomates français hors-sol et hors histoire, inconscients des enjeux parce qu’inconscients de leurs racines, décident de ne pas livrer ce combat culturel international, on comprend tous les combats déjà perdus sur le terrain national.

Comment d’ailleurs leur tenir rigueur, lorsque la trahison des clercs atteint même une partie d’un clergé épiscopal qui va jusqu’à réprouver la défense des racines historiques judéo-chrétiennes de la France.

Quoi de plus blessant qu’être abandonné par sa mère ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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