Publié par Magali Marc le 1 décembre 2016

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L’ancien président américain, Jimmy Carter, souhaite que les États-Unis prennent l’initiative de reconnaître unilatéralement un État palestinien

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit ce texte d’Elliot Abrams*, paru le 29 novembre dans le National Review.

Il remet ça – Jimmy Carter blâme Israël une fois de plus

Jimmy Carter a maintenant 92 ans, et 36 ans se sont écoulés depuis sa défaite écrasante (NdT: contre Ronald Reagan).

Ni le passage du temps ni les débilités de l’âge ne l’empêchent de faire des propositions qui se révéleront nuisibles pour l’État d’Israël – et il vient de tenter le coup une fois de plus.

Dans le New York Times de lundi (28 novembre), il écrit que « l’Amérique doit reconnaître la Palestine » et présente une version de la réalité israélienne qui n’a rien à voir avec les faits.

Carter nous dit que « l’étape simple mais vitale que cette administration doit franchir avant que son mandat n’expire le 20 janvier, c’est d’accorder la reconnaissance diplomatique américaine à l’État de Palestine, comme 137 pays l’ont déjà fait. »

De toute évidence, accorder la reconnaissance diplomatique à « l’État de Palestine» ne fera pas plus de lui un pays légitime et authentique que ne le ferait le fait d’accorder la reconnaissance diplomatique à la ville de Plains, en Géorgie (NdT: la ville où est né Carter).

Le fait que 137 pays l’aient fait – sans aucun résultat concret – devrait rendre cela évident.

Alors, quel but Carter poursuit-il réellement ?

Il écrit qu’il souhaite la paix, mais les mesures et l’analyse qu’il propose, laisseraient Israël et les Palestiniens plus loin que jamais de la paix.

Les “faits” invoqués par Carter sont non seulement faux, mais trompeurs et déformés.

Par exemple, il écrit qu’il y a « 600 000 colons israéliens ».

Or ce nombre ne peut être atteint qu’en comptant tous les Israéliens vivant à Jérusalem en tant que colons – y compris dans le quartier juif et les parties interdites aux Juifs par la Jordanie avant 1967.

Il écrit qu’ «Israël construit de plus en plus d’agglomérations, déplace les Palestiniens et enracine son occupation des terres palestiniennes », mais il n’offre aucune donnée – parce qu’il n’y en a aucune pour étayer cette prétention.

Quiconque a visité la Cisjordanie sait que pratiquement aucune colonie n’a déplacé de Palestiniens, mais qu’elles ont plutôt été construites sur des jachères, et le nombre de colonies et de terres «colonisées» augmente en fait très lentement.

La superficie réelle des terres occupées par les colons couvre peut-être 1 pour cent de la Cisjordanie, bien qu’il en ait beaucoup plus qui tombent à l’intérieur des limites.

Environ 12 pour cent de la Cisjordanie se trouve à l’ouest de la barrière de sécurité construite par Israël pour arrêter le terrorisme palestinien. Cette barrière ne se déplace pas, n’est pas rampante, et n’occupe pas plus de terre.

La barrière de sécurité contribue à réduire le terrorisme, ce qui mérite d’être mentionné car Carter ne le fait pas.

Ce qui est vraiment nécessaire pour avancer vers la paix, c’est la sécurité – la fin du terrorisme.

Ce sujet est entièrement absent de son article.

M. Carter écrit que «l’engagement pour la paix est en danger de disparition.» À qui la faute?

Il ne tient jamais les Palestiniens pour responsables et ceux-ci n’ont à répondre de rien.

George W. Bush faisait parfois allusion à ce qu’il appelait « le sectarisme soft des faibles attentes », et cette phrase s’applique certainement à M. Carter qui infantilise les Palestiniens, tout en affirmant qu’ils doivent immédiatement avoir un État.

La logique échappera à la plupart des lecteurs.

M. Carter prétend que « des garanties de sécurité à la fois pour Israël et pour la Palestine sont impératives » et propose « une éventuelle force de maintien de la paix sous les auspices des Nations Unies ».

Rien ne pourrait plus rapidement provoquer à la fois des éclats de rire et des frissons chez les Israéliens que de céder la garantie de leur sécurité aux forces des Nations Unies!

Ils ont vu à travers le monde ce que valent ces «garanties» et ces «lignes rouges» , et ils subissent depuis 68 ans les calomnies et la discrimination de la part de l’ONU.

Il est difficile de croire que M. Carter fait ces propositions sans rire.

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Mais il le fait, en partie, en utilisant un vieux truc: il veut faire croire que le peuple d’Israël est avec lui.

Il écrit ceci: « Le Carter Center a continué de promouvoir une solution à deux États en organisant des discussions ce mois-ci avec des représentants israéliens et palestiniens, en quête d’un moyen de parvenir à la paix.

En me fondant sur des commentaires positifs entendus lors de ces entretiens, je suis certain que la reconnaissance par les États-Unis d’un État palestinien faciliterait la tâche des autres pays qui n’ont pas encore reconnu la Palestine ».

Des représentants israéliens ? Vraiment? Élus par qui? Nommés par qui? Nous connaissons la réponse: par Jimmy Carter et le Centre Carter, et sélectionnés afin de fournir les réponses qu’il souhaite.

Le monde a changé depuis les séances diplomatiques de M. Carter à Camp David en 1978.

Gaza est entre les mains d’un groupe terroriste vicieux, le Hamas.

Les Djihadis associés à l’État islamique et à Al-Qaïda menacent Israël, la Jordanie et toute la région – y compris les Palestiniens.

Les relations entre Israël et les États sunnites sont plus chaleureuses qu’elles ne l’ont été depuis des décennies et qu’elles ne le seront peut-être jamais.

Depuis 1978, des centaines d’attaques terroristes palestiniennes ont tué un peu moins de 2 000 Israéliens.

Pendant ce temps, le développement politique, côté palestinien est resté gelé.

L’Autorité palestinienne n’a pas tenu d’élections depuis 2006 et il y a de plus en plus d’empiétements sur la liberté d’expression et la liberté de presse.

M. Carter conclut: « Je crains pour l’esprit de Camp David.»

Cet esprit consiste-t-il à ignorer le changement, à dénaturer les faits, à blâmer Israël pour tous les problèmes et à déstabiliser encore plus le Moyen-Orient en y plaçant en plein milieu un nouvel État appauvri qui opprime sa propre population?

* Elliott Abrams, est chercheur principal pour les études du Moyen-Orient au Conseil des relations extérieures. Il était secrétaire d’État adjoint pour l’Amérique latine et les Caraïbes dans l’administration Reagan. Il est l’auteur de Tested by Zion: The Bush Administration and the Israeli–Palestinian Conflict.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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