Publié par Guy Millière le 8 décembre 2016

François Hollande quitte donc la scène politique, par la petite porte. Il lui reste cinq mois à passer à l’Élysée. Il ne pourra que gérer les affaires courantes.

il a toujours eu l’allure et le verbe d’un chef de bureau de sous-préfecture

Vu la façon dont il a géré les affaires du pays depuis quatre ans et demi, cela ne promet rien de bon : un médiocre immobilisme, mais, dès lors que médiocrité et immobilisme ont été les principales caractéristiques des quatre années et demie passées, on peut penser que ce ne sera pas pire.

En dressant le bilan de son passage à l’Élysée jusqu’à présent, François Hollande a tenté de se présenter sous un jour positif : il n’a pas semblé un seul instant s’expliquer à lui-même, ou expliquer aux autres, pourquoi il est dans une situation d’échec humiliant.

L’explication est pourtant simple : il a toujours eu l’allure et le verbe d’un chef de bureau de sous-préfecture.

L’électorat l’a préféré en 2012 à Nicolas Sarkozy, car ce dernier semblait constamment sous amphétamines et s’agiter en tous sens.

L’électorat a hérité d’un homme qui semblait prendre des antidépresseurs et des anxiolytiques plutôt que des amphétamines, et qui, lui aussi, allait dans tous les sens, mais mollement, pres­que au ralenti.

L’explication qui découle de cette constatation est que François Hollande n’a jamais su choisir.

Économiquement, il a prétendu que sa priorité a été la lutte contre le chômage.

Il a commencé par des mesures très socialistes, et donc très délétères pour les entreprises, ce qui a satisfait son aile gauche, puis il a pris une orientation vaguement social-démocrate (certains ont dit « sociale-libérale », ce qui n’a aucun sens), moins néfaste, mais totalement insuffisante pour susciter le moindre redressement, et il a fâché son aile gauche sans vraiment attirer quiconque du côté du centre.

Socialement, il a maintenu presque jusqu’au bout le laxisme judiciaire dont Madame Taubira a longtemps été l’incarnation, malgré la montée de l’insécurité – ce qui a, là encore, satisfait son aile gauche. Puis, il a tenté de compenser ce laxisme en instaurant l’état d’urgence quand le terrorisme djihadiste a frappé.

Là encore, ce fut totalement insuffisant, et cela n’a pas empêché un attentat tel celui de Nice, l’été dernier, dix-huit mois après l’attaque contre « Charlie Hebdo », quatre ans après les meurtres de l’abject Mohamed Merah.

Socialement encore, il a tenu absolument à ce que le mariage homosexuel soit instauré, ce qui, dans un contexte où il y a huit millions de pauvres, ne pouvait qu’apparaître comme une lubie dogmatique pour bourgeois bohème déconnecté du concret.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Internationalement, il a engagé la France dans la lutte contre l’islam radical, et les soldats français ont fait, avec héroïsme, ce qu’ils ont pu, en Afrique et au Proche-Orient, mais il n’a pu ap­paraître comme porteur d’une détermination de véritable chef de guerre

En effet, les discours qu’il a tenté de tenir en soutien aux troupes ont été vite contredits par des postures d’apaisement verbal vis-à-vis de l’islam radical.

En prenant, souvent, la pose d’allié fidèle de Barack Obama, le pire Président de l’histoire des États-Unis, il ne s’est pas du tout grandi.

Il a partagé cette pose avec Angela Merkel, ce qui lui a permis, en ce cas précis, de n’être pas tout seul, mais, dans sa tournée d’adieu, Barack Obama est allé à Berlin, et a ignoré Paris…

François Hollande laissera un pays en déclin, inquiet, anxieux, plombé par la hantise de dangers à venir, tenu encore par une élite médiatique arrogante, sourde et aveugle.

François Fillon est un conservateur inoffensif, un catholique de province de centre droit

Il laissera une gauche moribonde, divisée entre marxistes, sociaux-démocrates plus très sûrs d’être socialistes, mais socialistes quand même, et écologistes délirants, et il restera l’homme sous qui la gauche a glissé vers l’émiettement.

Il s’est permis de s’affirmer garant de l’avenir du socialisme, ce qui l’a rendu vraiment pitoyable.

Il s’est permis aussi de critiquer à l’avance ses deux successeurs potentiels, François Fillon et Marine Le Pen, qu’il a présentés comme des périls majeurs.

Nul électeur ne peut imaginer que l’un ou l’autre pourrait faire pire que François Hollande.

François Fillon est un conservateur inoffensif, un catholique de province de centre droit désigné par dé­faut, contre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, et en aucun cas un “ultra-libéral”, comme je le lis ici ou là.

Et Marine Le Pen a mis tant d’eau dans son vin qu’elle est, presque, une gaulliste de gauche, avec ici ou la des accents repris à Jean-Luc Mélenchon.

Manuel Valls va se présenter. J’aurais tendance à dire que c’est suicidaire de sa part, mais peut-être Manuel Valls est-il suicidaire.

Porter l’héritage de François Hollande est porter un fardeau très lourd et, en même temps si médiocre qu’on peut se demander pour quelle autre raison que des tendances suicidaires, Manuel Valls a fait ce choix.

La politique professionnelle peut avoir des raisons que la raison ignore.

© Guy Millière

Adapté d’un article publié sur les4verites.com

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous