Publié par Magali Marc le 9 janvier 2017

Pendant que nous dénonçons Obama pour avoir encouragé en sous-main l’adoption de la Résolution 2334 à l’ONU, puis s’être hypocritement abstenu lors du vote, nous oublions que les Britanniques, loin de s’abstenir, ont voté en faveur de la Résolution.

J’ai traduit ce texte de Tom Tugendhat*, un député conservateur de la House of Commons de Grande-Bretagne, qui a été publié le 4 janvier dans le journal The Spectator. Tugendhat dénonce le vote britannique en faveur de la Résolution 2334.

La Grande-Bretagne a eu tort de soutenir la résolution anti-Israël de l’ONU

Comme les meilleures erreurs, celle-ci a été commise pour de bonnes raisons.

Sachant que, pour une fois, les États-Unis n’allaient pas opposer leur veto, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une résolution condamnant la construction de colonies dans les territoires palestiniens occupés (sic).

Le Royaume-Uni était sans aucun doute soucieux de se ranger du côté du consensus, mais nous avons eu tort de soutenir cette résolution.

Cette fois, la situation est différente. Non pas parce qu’Israël a changé, ni parce que l’expansion des colonies a cessé de nuire aux efforts en vue d’un règlement (sic), mais parce que le monde a changé et nous aussi.

Le Printemps arabe a montré que le conflit israélo-palestinien n’a pas d’importance. Ce constat peut paraître abrupt lorsqu’il s’agit d’un pays générant plus de nouvelles qu’il serait raisonnable d’en attendre, mais les cartographes médiévaux avaient tout faux. La Terre sainte n’est pas le centre du monde. Elle n’est même pas le centre de la région.

Les Damascènes et les Cairotes savent qu’Israël n’est pas la cause des problèmes du Moyen-Orient. Les dictatures, la corruption, les gouvernements qui ne tiennent pas compte de ce que veulent les populations, appelez cela comme vous voulez, détruisent des vies et rien de tout ça n’est causé par Israël ou la Palestine (sic).

Les voix entendues lors des manifestations du Printemps arabe demandaient beaucoup de choses : des emplois, la liberté, mais rien concernant la Palestine. Les Frères musulmans, les étudiants et même les salafistes qui se sont rencontrés sur la place Tahrir exigeaient la chute du régime de Moubarak. Pour ceux qui luttaient contre le chômage et la kleptocratie, Israël n’était pas en cause.

Aujourd’hui en Syrie, les rebelles réclament plusieurs choses allant de la mort d’Assad au début d’un califat islamique. Encore là, Israël et la Palestine ne font pas partie de la revue.

Cela n’a rien de surprenant. Un demi-million de Syriens sont morts dans une guerre civile et des millions ont été déplacés, et Israël n’est pas impliqué.

C’est pourquoi la résolution de l’ONU est une erreur.

En mettant l’accent sur cette seule question dans la région en ce moment, le Conseil de sécurité de l’ONU a perdu la perspective nécessaire pour aider à régler les problèmes auxquels le monde arabe est confronté.

Bien sûr, il est vrai que le Processus d’Oslo est mort depuis de nombreuses années et que la solution à deux États est mise en doute, en partie à cause de l’expansion des colonies (sic). Mais il est également vrai que les politiciens israéliens et les médias sont en plein débat au sujet des colonies et du processus de paix. Tout cela fait partie de la dynamique démocratie israélienne.

En se servant des derniers jours de l’administration Obama pour adopter cette résolution, l’ONU n’a rien fait qui servira à régler des questions plus importantes ni ne fera progresser le processus de paix israélo-palestinien.

Au lieu de cela, l’ONU a permis à ceux qui veulent détourner l’attention des vrais problèmes (dans leurs propres sociétés) de réussir exactement cela et de faire en sorte qu’Israël et la Palestine soient une fois de plus considérés comme le problème principal dans la région.

La résolution nuira à nos alliés et affaiblira ceux qui ont déjà pris des risques pour faire la paix.

Après tout ce qui s’est passé l’an dernier, pourquoi cette résolution maintenant dans les derniers jours de 2016 ?

Pourquoi était-ce plus pressant que de s’occuper d’autres territoires contestés comme le Sahara occidental, le Cachemire ou le Tibet ?

Ce n’était pas plus pressant.

Il fallait simplement détourner l’attention au bénéfice de ceux qui ont le plus besoin d’une diversion.

Nulle part n’est-ce plus clair qu’à Damas où un drapeau israélien a été peint sur une des rues. De cette façon, chaque personne qui le piétine est censée se joindre aux Assad et à leur « position courageuse » contre l’agresseur sioniste. En théorie, cela doit servir à réunir les dirigeants et les gouvernés. En réalité, c’est de la foutaise.

Pour presque tous les Syriens, il est clair qu’Israël ne s’immisce pas dans la vie quotidienne, contrairement à l’oppression brutale du régime de Bashir al Assad.

Mais à l’instar de l’islam politique, l’antisionisme doit fournir aux régimes le ciment qui permettra à l’État de se maintenir et de dissimuler les tensions internes, les contradictions et les violations des droits de l’homme et la torture.

La résolution 2334 renforce cette illusion. Elle ne tient pas compte du débat démocratique au sein d’Israël. Elle ignore la violence régionale et prétend plutôt s’attaquer à la cause première de l’instabilité régionale. Compte tenu de ce qui se passe dans la région, le moment ne pourrait pas être plus mal choisi.

Pour le Royaume-Uni, c’est encore pire.

Non seulement parce qu’Israël est un allié important dont les services secrets et la technologie militaire ont permis de sauver de nombreuses vies à la fois en Grande-Bretagne et lors d’opérations à l’étranger.

Mais parce que suggérer que l’on soutient une stratégie de boycott, de désinvestissement et de sanctions affaiblit nos alliés qui, souvent à cause de nos pressions, ont pris d’énormes risques pour promouvoir la paix.

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Des pays comme la Jordanie, le Bahreïn et les Émirats arabes unis ont fait preuve de courage face aux oppositions internes et aux menaces régionales pour faire la paix avec Israël et pour aborder des questions régionales plus vastes.

En soutenant le mythe selon lequel tout est la faute d’Israël, nous sapons leurs efforts et nous risquons d’alimenter les troubles internes auxquels ils font face.

Depuis le vote du Brexit en faveur de la sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni a besoin d’une nouvelle stratégie, qui favoriserait nos intérêts et nous permettrait de tracer notre propre avenir.

La Résolution 2334 montre que notre politique étrangère n’a pas rattrapé son retard.

Le fait de soutenir l’administration américaine sortante, le mythe antisioniste et le message de propagande de nombreux dictateurs ne nuit pas seulement à Israël.

Nous avons ignoré les mouvements tectoniques récents, nous avons lésé nos alliés régionaux et nous nous sommes affaiblis.

Afin de tracer notre propre avenir, nous devons réfléchir davantage à ce que signifient réellement nos votes à l’ONU et nous devons être prêts à nous opposer au consensus.

Cette fois, nous nous sommes trompés. »

 

Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

* Thomas Georg John Tugendhat est un politicien du Parti conservateur britannique, ancien officier de l’armée britannique. Il est député de Tonbridge et Malling depuis mai 2015.

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