Publié par Gaia - Dreuz le 15 février 2017

Il vient de passer une nouvelle nuit, littéralement plié en deux à même le sol. « C’est difficile de dormir ici », explique Marwan en s’étirant avant de récupérer son sac de couchage coincé entre deux rochers. Comme quelques autres migrants qui attendent d’obtenir une place dans le centre d’hébergement humanitaire de la porte de la Chapelle, le jeune Soudanais a trouvé refuge sur le terre-plein central du boulevard Ney (XVIIIe) sous un pont ferroviaire qui fait office de toit.

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Un refuge plus qu’inconfortable puisque ce petit terre-plein vient d’être « équipé » de dizaines d’énormes blocs de calcaire. Les grosses pierres, acheminées par des engins municipaux à la veille du week-end dernier et posées à touche-touche, occupent quasiment toute la surface du terre-plein. Le dispositif est clairement destiné à empêcher l’apparition de campements sauvages à proximité du centre de pré-accueil de la Chapelle qui compte 400 places d’hébergement provisoire… et qui fonctionne à flux tendu depuis son ouverture en novembre 2016.

Il scandalise les nombreux militants des comités de soutien aux migrants qui se déchaînent depuis 3 jours sur les réseaux sociaux. « Écœurant », lâche un internaute. « Indigne », enchaîne un autre. « C’est triste de constater que la mairie dépense de l’argent juste pour empêcher des gens à la rue de s’abriter sous un pont », ajoute Marin, un étudiant parisien qui a participé à un rassemblement spontané de protestation lundi soir autour du « champ de pierres ». « Ça peut paraître choquant », confirme Jean-claude, un riverain du quartier de la porte de la Chapelle. « Mais il faut bien trouver des moyens pour éviter la formation de nouveau campements autour du centre humanitaire qui attire énormément de monde », ajoute-t-il aussitôt.

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A la mairie de Paris, on assume en tout cas pleinement la pose des rochers. « Ces blocs étaient auparavant installés sur un trottoir du boulevard Ney à 200 m de là, en bordure du chantier de prolongation du tramway des maréchaux. Nous les avons déplacés pour permettre l’extension prochaine du chantier. 145 migrants qui dormaient dans ce secteur ont fait l’objet d’une opération de mise à l’abri la semaine dernière », indique un proche du dossier. « Le pont ferroviaire de la ligne de petite ceinture sous lequel les blocs ont été réinstallés va lui aussi faire l’objet d’un chantier de démolition-reconstruction dans un avenir proche. Il ne faudrait pas qu’un campement se réinstalle à cet endroit. Ce n’est pas un dispositif anti-migrant. C’est une question de sécurité », conclut-il.

L’extension du centre de la Chapelle toujours à l’étude

Pas question de voir dans l’apparition de petits campements sauvages autour du centre d’accueil humanitaire de la Chapelle, le signe d’une saturation de l’équipement. Selon Bruno Morel, le directeur général d’Emmaüs-solidarité, gestionnaire du site, le centre a déjà hébergé 3740 hommes (essentiellement Afghans, Soudanais et Erythréens) depuis son ouverture il y a un peu plus de 3 mois. Les migrants y sont accueillis pour une durée de 10 jours maximum avant d’être réorientés vers des centres d’hébergement plus pérennes en province.
Les problèmes de fluidité entre les entrées et les sorties (de 50 à 60 par jour) qui avaient été constatés en décembre auraient été réglés grâce à la mise en place d’un système d’admission sur rendez-vous. Le projet d’agrandissement du centre de la Chapelle — qui pourrait passer de 400 à 600 places — est cependant toujours d’actualité. « Les discussions entre Emmaüs-solidarité, la Ville et l’Etat sont en cours », indique la préfecture de Région.
La capacité du centre d’hébergement d’Ivry (ouvert en janvier sur un terrain appartenant à la ville de Paris et réservé aux femmes, enfants et mineurs isolés) va, elle, passer de 90 à 200 places dès cette semaine.

© Gaïa pour www.Dreuz.info

Source : Leparisien

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