Publié par Eduardo Mackenzie le 23 février 2017

Les FARC veulent pérenniser leur contrôle sur les enfants-soldats recrutés et des enfants enlevés qui arriveront à sortir de leurs rangs dans les prochains mois.

Ils veulent les contrôler étroitement afin qu’ils ne racontent pas aux journalistes la vie misérable qu’ils ont eue au sein de cette organisation criminelle et pour empêcher qu’ils ne passent, avec le temps et la réflexion, au camp politique opposé.

Pour cela, les Farc ont inventé une ruse. Elles ont concocté un « programme » nommé «Chemin différentiel de vie », destiné à «consolider» les «projets de vie» des enfants qui déposeront les armes. Ils promettent que, grâce à ce programme, ces enfants pourront «réintégrer la société». Mais, à vrai dire, il n’y aura pas de «réintégration»: ces enfants passeront directement de la guérilla, ou des camps de «normalisation» à ce « programme » pour que les FARC puissent continuer à les endoctriner. Pour quoi? Pour les envoyer rejoindre les rangs de l’organisation politique que les FARC veulent lancer sous la couverture du faux processus de paix.

Il ne suffit pas, donc, de demander que le narco-terrorisme libère les enfants. Car une fois les enfants « libérés » ils tomberont dans une nouvelle nasse de contrôle qui va les «éduquer» de façon douteuse, puis les utiliser dans d’autres services. La Colombie doit ouvrir les yeux sur les «programmes » que les FARC sont en train de créer pour annuler l’effort de la société pour faire libérer les enfants soldats et les enfants kidnappés.

C’est Rodrigo Londoño, alias Timoshenko, le leader des FARC, qui a donné la clé de cette nouvelle opération en disant, le 8 février dernier, que ces enfants seront « transférés par la Croix-Rouge internationale et par deux délégués d’organisations sociales » (lire des FARC) dans des lieux inconnus « une fois que tous les guérilleros arriveront dans les cantonnements de transition et normalisation ». Dans ces lieux mystérieux, et en dehors de tout contrôle de la société civile, les enfants « vont passer par les phases de rétablissement des droits, de réparation, de réinsertion et d’intégration sociale par l’État colombien ». Impossible de deviner ce qui se cache derrière ces mots si bien choisis, comme par exemple «phases de réparation», «inclusion sociale», etc.

Ce fameux projet, qui permettra aux Farc de réduire en poussière les espoirs de la société quant à des retrouvailles normales de ces enfants victimes avec leurs familles et avec le pays, aura cinq pilotes, tous idéologiquement homogènes: Sergio Jaramillo, commissaire pour la paix; Clara Lopez, ministre (communiste) du Travail; Joshua Mitrotti, directeur de l’Agence pour la réintégration, et deux dirigeants des FARC: Pastor Alape et Jairo Quintero.

Peut-on espérer que ce programme traitera ces enfants avec dignité et respect? Ce programme ne va-t-il pas leur réinculquer les valeurs de haine des FARC? Va-t-il leur enseigner les valeurs démocratiques, les seules qui permettront à ces enfants de réintégrer véritablement une société libérale? Permettez-moi d’en douter. Le programme a été conçu pour fonctionner en vase clos, sans aucun contrôle, loin des yeux de la société civile colombienne.

Paula Gaviria, conseillère présidentielle pour les Droits de l’homme, et petite-fille de l’ancien président Belisario Betancur, dirigera le programme «Chemin différentiel de vie ». A–t-elle remarqué que ce programme a un agenda caché et que le respect des droits fondamentaux des enfants sera uniquement une phrase sur le papier? Elle n’a même pas été en mesure d’établir la liste des enfants détenus par les FARC, car Timoshenko freine toutes ces informations. En fait, les FARC ont semé la confusion la plus complète pour que nul n’ait une idée précise de combien d’enfants sont dans leurs rangs et où ils sont. Elles ne donnent pas les détails exacts de leurs captifs et nient toute possibilité que des organismes reconnus fassent des inspections in situ pour établir un rapport réaliste sur la question. Des chiffres non confirmés font mention de filles de la guérilla enceintes qui pourraient, dans les semaines ou mois à venir, donner naissance à 300 bébés dans les camps, selon le calcul fait par le Major Général (r) de l’Armée, Carlos Fernando Quiroga, qui considère également que les FARC ont dans leurs rangs près de 2.500 mineurs.

Les journaux européens rapportent que la libération des enfants détenus par les FARC est la «priorité » d’Eamon Gilmore, un ancien syndicaliste et ancien ministre de l’Irlande, qui est, à présent, l’envoyé spécial de l’UE pour observer le processus de paix en Colombie. Cependant, Gilmore est aussi dans les nuages. Il semble ignorer ce qui se passe avec les enfants des FARC. Il n’a pas dénoncé l’attitude négative des FARC à cet égard. Il emploie toute son énergie à répéter les slogans et les explications produits par l’équipe du président Santos. Le but de Gilmore, qui était lié au Sinn Fein, le bras politique de l’IRA, est de donner au monde, par le biais des agences de presse, une image positive du «processus de paix».

Par exemple, Gilmore, n’a pas indiqué qu’il y a peu de choses au clair sur la question du «Chemin différentiel de vie ». Il n’a pas voulu non plus critiquer le chiffre dérisoire donné par les FARC sur les enfants qu’elles admettent détenir (seulement 50), alors qu’en fait elles en auraient plus de 3.600, selon le journaliste Herbin Hoyos. Gilmore ne veut pas enquêter sur la révélation de Radio Caracol selon laquelle beaucoup d’enfants recrutés ont été livrés directement à leurs familles pour les faire sortir des statistiques et pour empêcher qu’ils parlent aux journalistes. Pas un seul mot non plus sur les enfants qui ont été abandonnés en vrac dans la nature sans orientation ni protection.

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L’envoyé spécial de l’UE n’a pas réagi contre ce que les FARC ont fait ces derniers jours à Ibagué, où la directrice d’une école a fait sortir, sans l’autorisation des parents, un groupe d’élèves (entre 9 et 12 ans) sur une route nationale pour qu’ils jouent la comédie de recevoir joyeusement une colonne armée des FARC qui passait par cet endroit. Jaime Romero, le professeur qui a donné l’alerte, a été expulsé de l’école sans que le ministère de l’Education nationale n’ait rien fait pour le réinstaller dans son poste. La directrice a admis qu’elle mène un programme connu sous le nom de « Planton pour la paix » en faveur des FARC. Ce qui inclut, entre autres, des classes d’athéisme et d’autres sujets sulfureux. Le professeur Romero a dit que personne ne sait d’où vient ce programme et qui l’a financé.

Cet épisode suggère que les FARC, en plus des programmes déjà connus pour traiter les enfants qui sortiraient de la guérilla, ont d’autres plans cachés pour les enfants qui sont dans les collèges et les écoles, lesquels sont déjà en train d’être manipulés, comme révèle ce qui est arrivé à l’école de Ibagué. Cela permet de voir jusqu’où il peut y avoir des miliciens ou des sympathisants infiltrés dans certaines écoles de province, déterminés à utiliser les enfants dans des actions de propagande et de recrutement des FARC. Cependant, tout le monde dort paisiblement. Ni la presse grand public ni les organismes publics ne se sont intéressés à enquêter sur ce qui se passe à Ibagué. Plus que jamais les enfants Colombiens sont vulnérables.

Ni l’ONU, ni l’UE, ni l’Institut de Bien-être familial (ICBF), ni le gouvernement Santos ne semblent vouloir ouvrir les yeux sur le dossier des enfants captifs des FARC, et sur les dangers posés à l’école en général. Tous ces acteurs semblent hypnotisés par la propagande officielle de Bogota. Après que certaines personnalités ont fait entendre leurs voix sur la question, l’UNICEF a fait une déclaration, en janvier, pour inviter les FARC à « accélérer » le départ des mineurs. L’UNICEF a reçu seulement 13 enfants depuis septembre dernier, au moment où Santos et les FARC annonçaient qu’ils avaient accepté de rendre les enfants retenus dans leurs rangs.

Dans tous les cas, ils gardent le silence sur le «Chemin différentiel de vie », lequel devrait être examiné de près par les vrais défenseurs des Droits de l’homme. La forme actuelle de ce programme est inacceptable. Les accords de paix disent que les enfants-soldats et les enfants kidnappés seront rendus à leurs familles, et non pas, comme le veulent les FARC, confiés à un obscur programme qui travaillera on ne sait pas où. Le ministère public, le parquet général et même le Parlement sont en droit d’enquêter. Nous ne pouvons pas accepter que ces enfants victimes quittent la guérilla narco-communiste pour tomber ensuite dans de sinistres structures qui échappent au contrôle des pouvoirs publics.

© Eduardo Mackenzie pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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