Les gens qui dans la presse française et ailleurs disent que Donald Trump a échoué à réformer le système de santé américain et à se débarrasser de l’Obamacare me font penser aux imbéciles qui, selon un proverbe chinois, lorsqu’on leur montre la lune, regardent le doigt.
Donald Trump sait, depuis le départ, qu’il a contre lui dans ce domaine non seulement les démocrates, mais aussi l’establishment républicain, qui veut une réforme qui n’est pas celle souhaitée par lui, Donald Trump. Il sait aussi que la réforme qu’il souhaite est celle voulue par les conservateurs, qui, quand bien même les Républicains ont la majorité dans les deux chambres du Congrès, ne sont pas majoritaires à eux seuls. Il sait, en outre, qu’au sein des conservateurs, certains s’obstineront à demander bien davantage que ce qui est acceptable par la population américaine aujourd’hui.
Plutôt que d’avoir proposé un texte de loi rédigé par ses services et ses conseillers, et approuvé par Tom Price, le Ministre de la santé et par l’aile conservatrice des Républicains, Trump a laissé Paul Ryan, qui incarne l’establishment, présenter un texte conçu par l’establishment.
Il a laissé les conservateurs tenter d’amender ce texte. Il a fixé une date limite de vote, le vendredi 24 mars, et constaté l’impossibilité que ce texte soit adopté par l’ensemble des Républicains.
Il a déclaré que l’Obamacare dès lors restait en l’état, et allait exploser, ce qui est effectivement inéluctable (l’explosion, en fait, a déjà commencé).
Il a constaté et fait constater ainsi, en réalité, l’échec de l’establishment républicain, et il laisse les Démocrates face à la machine infernale qu’ils ont conçu. Il peut attendre un peu. Il place aussi l’aile conservatrice des Républicains face au fait qu’ils ne pourront obtenir pleinement le texte qu’ils souhaiteraient.
Quand l’Obamacare sera en ruines (cela ne saurait tarder: les prix des cotisations et des franchises augmentent sans cesse, des assureurs se retirent du système), Trump pourra proposer un texte qui ne sera pas pleinement celui que les conservateurs auraient souhaité, mais s’en rapprochera. L’establishment républicain pourra difficilement ne pas accepter le texte après s’être, ces derniers jours, placé en situation d’échec, et il saura faire comprendre à l’establishment républicain que s’il veut éviter la catastrophe lors des élections de mi-mandat (novembre 2018), son intérêt est d’accepter le texte proposé par lui, Trump.
Les démocrates seront face aux ruines de l’Obamacare et seront dans une position où l’obstructionnisme systématique signifiera pour eux très clairement un suicide politique.
Dans l’intervalle,Trump va s’occuper de la réforme fiscale, et il sait que l’establishment républicain, vu ce qui vient d’arriver, ne pourra qu’être plus flexible. Il va aussi s’occuper du projet d’investissement dans les infrastructures.
La mort de l’Obamacare est prévisible au plus tard à l’automne prochain, à un an des élections de mi-mandat, ce sera sans doute le moment propice pour remplacer effectivement l’Obamacare, et avant les élections de mi mandat, Trump aura affaibli l’establishment républicain (Ryan, de facto au coeur de l’échec qui vient d’avoir lieu, sera-t-il encore Speaker of the House ?), affaibli les démocrates, et fait ce qu’il a promis en matière d’assurance santé : abolir et remplacer l’Obamacare.
La population est présentement mécontente, mais sa colère est tournée contre les Républicains du Congrès, pas contre Trump.
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Les gens qui dans la presse française et ailleurs disent que Donald Trump a échoué à réformer le système de santé américain devraient savoir que Donald Trump a écrit un livre appelé The Art of the Deal, L’art de négocier un contrat. Cela les instruirait et leur éviterait de se comporter en imbéciles.
Ils devraient savoir aussi que le Président est détenteur du pouvoir exécutif, pas du pouvoir législatif, qui est entre les mains du Congrès (connaître le sujet dont on parle est parfois utile si on veut éviter de dire n’importe quoi).
Ils pourront aussi, s’ils veulent devenir un peu plus intelligents, lire mon prochain livre où cela est expliqué, ainsi que beaucoup d’autres choses.
Je doute qu’ils veuillent devenir plus intelligents puisqu’ils sont payés très précisément pour dire n’importe quoi (ils n’ont même pas dit que l’Obamacare est en train d’exploser et ils ne savent apparemment pas que Donald Trump est un grand entrepreneur : sans doute pensent-ils qu’il a trouvé son entreprise dans une pochette surprise), mais je ne doute pas que ceux qui me lisent déjà et qui sont intelligents, voudront devenir plus intelligents encore.
C’est pour eux que j’écris.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
PS Quatre analystes au moins ont compris aux Etats-Unis ce que fait Trump, Joel Pollak, de breitbart.com, Michael Walsh, de PJmedia.com, Thomas Lifson d’americanthinker.com, et Rush Limbaugh.
Je salue ici leur clairvoyance.
Je traiterai dans un prochain article de l’Obamagate, qui commence à se dessiner.
Pour commander mon prochain livre : kickstarter.com
Merci pour cette analyse, très claire comme d’habitude.
J’ai hâte d’en savoir plus sur l’obamagate.
JLC
Effectivement, Trump a montré là ses qualités de fin stratège, et il va obliger ses deux adversaires (les Démocrates et l’appareil du parti républicain) à coopérer.
Il y a deux grands perdants dans cette histoire d’American Care Act. Dans l’immédiat, l’appareil du parti républicain, représenté par Paul Ryan, a essuyé un échec cuisant, puisque le congrès n’est même pas passé au vote. Sa proposition, faite à la va-vite, n’est en fait qu’une resucée de l’Obamacare. L’aile conservatrice du parti l’a rejetée, et de toute façon, elle n’est pas conforme à la plateforme sur laquelle Trump a été élu, à savoir la création d’un marché libre et national.
L’appareil du parti va mal, et maintenant ils vont être obligés de coopérer plus avec Trump.
A (un peu) plus long terme, les Démocrates aussi vont être perdants : l’Obamacare reste en place, les Américains sont de plus en plus en colère, et il va imploser d’ici la fin de l’année. L’Obamacare étant une oeuvre démocrate, ils vont devoir en subir les conséquences. Résultats : eux aussi vont être obligés de coopérer avec Trump.
J’espère que le résultat sera un retrait du gouvernement fédéral du marché de la santé.
Je ne sais pas ce que Trump arrivera à faire pour le système de santé.
En tout cas, il s’y est attelé, et en attendant la bonne volonté des Républicains, qui ne se montrent vraiment pas beaux en la circonstance…Il ne laisse pas tomber…
Pour ne pas perdre de temps, il s’attelle à un autre dossier, et reviendra sur l’Obamacare, quand les caprices de ceux qui devraient le soutenir (au moins le Parti, à travers Trump)
Et s’il échoue…Je demande que l’on me cite un seul Président à travers le monde, qui aurait réalisé toutes ses promesses – même l’essentielle qui l’aurait soi-disant amenée au pouvoir.
Réforme du système de Santé américain : l’art de la négociation selon Trump
Le Président des USA Monsieur TRUMP est d’une intelligence subtile, il fait endosser à la classe politique l’impossibilité d’appliquer ses promesses électorales. Le parti Républicain en subira seul les conséquences électorales. Bien joué !
“Obamacare”… Quel égocentrisme, quelle arrogance d’y coller son nom dessus.
Obama, take care !
Soyons juste, “Obamacare” n’est pas et n’a jamais été le nom de cette loi, juste son surnom que la presse cire godasses lui avait donné pour encenser son messie.
Le vrai nom de cette catastrophe, c’est Patient Protection and Affordable Care Act. C’est quelque part plus savoureux, parce que les Américains peuvent constater tous les jours à quel point la santé est devenue “Affordable”.
Bien dit. Merci
Super obamatakecare!
Comme toujours excellente analyse !
La meilleure ruse qui soit est de faire croire à ses adversaires qu’on est un niais , ainsi ils ne se méfient pas et ne voient pas venir la manœuvre. Les adversaires du président Trump sont trop surs d’eux et arrogants, ça finira par se retourner contre eux.